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Critique de Bookycooky


Un livre écrit durant l'hiver 1939 à Leningrad, un témoignage direct, de première main de l'époque stalinienne, qui ne verra le jour qu'après la mort du tyran.

Les faux espoirs du stalinisme soulevés dans les coeurs de Sophia Petrovna, veuve d'un médecin, reconvertie en dactylo chez un éditeur et engagée comme militante, et de Nicolai son fils, komsomol et futur ingénieur, débutent l'histoire. Nous sommes en 1936, alors que "les grandes purges staliniennes"sont déjà en route depuis le 1er décembre 1934 avec l'assassinat de Kirov, secrétaire de l'organisation du parti à Leningrad qui servira de prétexte à Staline pour arrêter ses rivaux, avec le simple principe , que “ tout élément "douteux" doit être éliminé, sans jugement, sans procès *”. Sophia Petrovna y est encore étrangère, et incrédule elle glisse des petits mots, "Merci au camarade Staline pour notre enfance heureuse” dans les sachets de bonbons à distribuer aux enfants au sapin du Nouvel An et rassure la femme d'une connaissance qui a été arrêtée, “Dans notre pays il ne peut rien arriver à un homme honnête “, jusqu'à ce que........D'une vie normale à l'enfer il n'y a qu'un pas.

Ce livre se réfère largement à la vie même de l'écrivaine, dont le second mari, Matvei Bronstein physicien de renom (cube des théories physiques – mécanique classique, quantique, relativité, gravitation) est arrêté en 1937 sans motif apparent et fusillé , “« dix ans sans droit de correspondance » en langage officiel, une balle dans la nuque “. Ici elle décrit le mensonge officiel, à travers l'histoire de Sophia Petrovna et son fils Nicolai. Dans un second livre, que je n'ai pas encore lu, mais que je lirais très prochainement, « La plongée », elle revient sur le mensonge et laisse apparaitre la vérité.

C'est un livre court, très fort et terriblement poignant, qui vous fera encore une fois révolter face à l'injustice et à la violence de la dictature de gens minables sans aucune conscience, dont le seul but est pouvoir et argent afin d'assouvir leurs frustrations et impuissances. Inutile de vous dire que c'est bien écrit, bien traduit, et publié chez une maison d'édition (Interférences) dont j'adore les publications et les couvertures.

*”La plupart des gens condamnés pendant les purges, que ce doit au camp ou à la peine de mort, étaient par décision administrative d'une commission spéciale (l'OSSO) et non par le jugement d'un tribunal.”
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