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Sophie Benech (Traducteur)
EAN : 9782909589145
133 pages
Interférences (01/03/2007)
4.4/5   24 notes
Résumé :

Sophia Pétrovna est une femme sans histoires. Elle élève seule son fils unique, un garçon sérieux et travailleur, et ne s'intéresse absolument pas à la politique. Mais en Russie, dans les années trente du XXe siècle, personne n'est à l'abri de l'arbitraire de l'Etat, même ceux qui n'ont rien à se reprocher... A côté des récits sur les camps soviétiques comme ceux de Chalamov, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre écrit durant l'hiver 1939 à Leningrad, un témoignage direct, de première main de l'époque stalinienne, qui ne verra le jour qu'après la mort du tyran.

Les faux espoirs du stalinisme soulevés dans les coeurs de Sophia Petrovna, veuve d'un médecin, reconvertie en dactylo chez un éditeur et engagée comme militante, et de Nicolai son fils, komsomol et futur ingénieur, débutent l'histoire. Nous sommes en 1936, alors que "les grandes purges staliniennes"sont déjà en route depuis le 1er décembre 1934 avec l'assassinat de Kirov, secrétaire de l'organisation du parti à Leningrad qui servira de prétexte à Staline pour arrêter ses rivaux, avec le simple principe , que “ tout élément "douteux" doit être éliminé, sans jugement, sans procès *”. Sophia Petrovna y est encore étrangère, et incrédule elle glisse des petits mots, "Merci au camarade Staline pour notre enfance heureuse” dans les sachets de bonbons à distribuer aux enfants au sapin du Nouvel An et rassure la femme d'une connaissance qui a été arrêtée, “Dans notre pays il ne peut rien arriver à un homme honnête “, jusqu'à ce que........D'une vie normale à l'enfer il n'y a qu'un pas.

Ce livre se réfère largement à la vie même de l'écrivaine, dont le second mari, Matvei Bronstein physicien de renom (cube des théories physiques – mécanique classique, quantique, relativité, gravitation) est arrêté en 1937 sans motif apparent et fusillé , “« dix ans sans droit de correspondance » en langage officiel, une balle dans la nuque “. Ici elle décrit le mensonge officiel, à travers l'histoire de Sophia Petrovna et son fils Nicolai. Dans un second livre, que je n'ai pas encore lu, mais que je lirais très prochainement, « La plongée », elle revient sur le mensonge et laisse apparaitre la vérité.

C'est un livre court, très fort et terriblement poignant, qui vous fera encore une fois révolter face à l'injustice et à la violence de la dictature de gens minables sans aucune conscience, dont le seul but est pouvoir et argent afin d'assouvir leurs frustrations et impuissances. Inutile de vous dire que c'est bien écrit, bien traduit, et publié chez une maison d'édition (Interférences) dont j'adore les publications et les couvertures.

*”La plupart des gens condamnés pendant les purges, que ce doit au camp ou à la peine de mort, étaient par décision administrative d'une commission spéciale (l'OSSO) et non par le jugement d'un tribunal.”
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Lydia Tchoukovskaia etait une jeune femme de lettres tres prometteuse quand son mari, le physicien Matvei Bronstein, est arrete en 1937. Elle ne sait pourquoi, ne comprend pas pourquoi, et cherche a avoir de ses nouvelles. On lui dit qu'il a ete condamne a dix ans de travaux forces sans droit a recevoir de la correspondance, alors qu'en realite il a ete promptement asassassine. Autour d'elle les arrestations et les disparition se multiplient. C'est “la grande purge" Stalinienne. La premiere des grandes purges. Tchoukovskaia saisit vite la monstruosite de ces accusations en masse, de cet essai de baillonner le peuple, de cet auto-genocide, mais, elle aussi mise au ban de la societe comme proche d'un accuse, elle ne peut rien faire, elle ne peut rien dire, toute parole ou action se seraient retournees contre elle. Alors elle ecrit, en cachette, dans un cahier d'ecolier, une histoire romancee, le calvaire, non des victimes directes de la purge, mais de leurs proches, qui sont restes sans comprendre et ont subi le harcelement des autorites. L'histoire, le devenir d'une femme dont le fils, un jeune ingenieur doue, ancien komsomol exemplaire, est arrete, deporte, sans qu'elle ne puisse jamais savoir s'il est encore vivant ou a ete tue.


Le roman est significatif parce que l'heroine, Sophia Petrovna, est une sovietique convaincue. Elle est fidele au systeme, qu'elle a toujours considere le plus juste au monde. Quand elle voit des arrestations autour d'elle, bien qu'elle soit surprise, elle se dit que les arretes devaient etre vraiment des saboteurs caches, des terroristes, et que c'est elle qui etait naïve. Quand son fils Kolia est apprehende elle sait qu'il n'est coupable de rien, qu'il est detenu sans raison, et elle est convaincue que c'est une erreur qui sera bientot eclaircie et qu'il sera libere. Elle fait la queue, avec des centaines d'autres femmes, des journees entieres, devant des administrations judiciaires et policieres, durant des mois, sans obtenir aucune information sur le sort de son fils. Elle ne veut, ne peut pas croire, a l'ignominie regnante. Elle ne comprend pas que les autres femmes autour d'elle sont meres, epouses, filles, de prisonniers politiques qui sont aussi innocents que son Kolia. Elle est incapable d'assumer que son cas n'est pas particulier mais endemique.
Mais bientot ses collegues, ses voisins, la regardent differemment: elle est la mere d'un reprouve. Bientot elle est licenciee. Seule et esseulee, face a une realite qui l'a depouillee et de celui qu'elle aimait et de ses convictions les plus profondes, face a un corps social qui la rejette, qui la refuse, qui lui refuse toute question et toute reponse, qui lui refuse la parole et l'existence, elle sombre dans un univers mental hallucine, miroir de sa desesperance.


Tchoukovskaia a ecrit, en cachette, un roman “vehement”. Elle savait bien qu'il n'etait pas publiable, pas en son pays, pas quand elle l'ecrivit. Des amis valeureux ont reussi a faire passer le cahier de main en main pendant de longues annees, meme pendant la grande guerre, meme pendant le siege de Leningrad, jusqu'a ce que le livre voie le jour, en France en 1965 et en URSS seulement dans les annees 80. Sa vehemence tient d'apres moi a la simplicite du style et surtout au fait qu'il est compose de deux parties aisement differenciables: la premiere expose la pacifique vie de Sophia Petrovna, sa reussite au travail, son optimiste et sa ferme foi dans le Parti et l'Union Sovietique. La deuxieme, en contrepoint, sa lente descente aux enfers. Une descente imprevisible et surtout incomprehensible, pour elle comme pour tout bon citoyen sovietique.
Sa vehemence tient a ce qu'il a ete ecrit aux moments memes des purges, et qu'inspire de la vie, de l'experience de l'auteure, il tient autant du temoignage que de la fiction romanesque.
Sa vehemence, sa force, a ete peut-etre le mieux expliquees, beaucoup plus tard, par Tchoukovskaia elle-meme: “Les raisons pour lesquelles on a poursuivi et prive de travail dans notre patrie a des dizaines, centaines et milliers de personnes – mineurs, litterateurs, physiciens, instituteurs, ingenieurs, geologues, ouvriers – sont toujours, dans tous les cas, les memes: la parole.” Et encore: “La parole veritable est invincible, et si elle est vaincue ce n'est que pour peu de temps.”


Tchoukovskaia savait ce qu'elle disait: elle a ecrit un livre ou son heroine est rompue par un systeme infame, vaincue. Mais le livre est passe a la posterite. Son heroine est devenue immortelle et sa parole s'est averee, a la longue, invincible. Elle aurait pu reciter fierement, comme siens, les vers du celebre “Invictus” de William Ernest Henley:
[…]
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds, and shall find, me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.
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Commande Lundi 21 mars 2022 / Librairie Caractères (Issy)

Un défi personnel modeste de longue date : lire toutes les publications traduites du russe,éditées par Interférences, après un premier choc de lecture dû à cet éditeur :"Mes Bibliothèques" de Chalamov...

Une autre pépite avec la découverte de cette auteure,Lydia TCHOUKOVSKAÏA (1907-1996),ayant publié de nombreux essais sur la littérature ainsi que des "Entretiens avec Anna Akhmatova "

Ce roman a été publié pour la première fois à Paris, en russe,en1965;en français, en 1975, et ne paraîtra en Russie qu'en 1988....

Une histoire tragique qui débute tout ordinairement: une femme sans histoire,Sophia, ayant perdu son mari,trouve un travail de responsable d'une équipe
de dactylographes au sein d'une maison d'édition ,elle est fière de cet emploi,lui permettant d'élever son fils unique,Kolia...Elle ne s'intéresse aucunement à la politique...
Elle apprécie son travail, elle aime son fils...elle s'adapte au logement collectif qu'elle habite...elle sympathise avec une des dactylographes à son travail, Natacha.Cette dernière est excellente dans sa profession...une tristesse,cependant, pour elle,pleine de bonne volonté :Elle est refusée par les Jeunesses Communistes,car elle a eu la mauvaise idée de naître d'un père Colonel et propriétaire. Son amie, Sophia la réconforte mais n'ai pas plus choquée que cela.
Elle ne réalise pas la montée des "arbitraires"! Il faudra des arrestations brusques dans son travail,dont son Directeur,qu'elle appréciait ,puis d'autres pour que ses yeux commencent à se déciller...très timidement...
Et puis le début du drame survient violemment: Son fils,Kolia,brillant étudiant en mécanique, mis à l'honneur dans le journal ,la "Pravda" pour avoir mis au point une machine,vit studieusement et dans la ligne du Parti,avec son ami,Alik ,se retrouve brutalement arrêté...

Cela sera le début d'un cauchemar inhumain pour sa mère, Sophia Pétrovna,qui fera des heures et des heures de queues,de démarches pour savoir où est son unique fils,ce qui s'est passé, ce qu'il a fait ou pas fait...s'il est mort ou vivant.Le drame monte inexorablement dans un pays devenu le pays de la Peur et de l'Arbitraire
absolus !!!

Un roman-coup de poing,laissant le lecteur chaviré, bouleversé ,constatant l'évolution kafkaïenne d'un régime ayant débuté dans l'Espoir, l'euphorie,et se révélant barbare,dictatorial,broyant les individus ,même ceux qui n'ont rien à se reprocher !

Un Etat paranoïaque, persécuteur...assassin de son propre peuple....

"Natacha était de tout coeur avec le pouvoir soviétique, mais quand elle avait voulu s'inscrire aux komosols (** Union des Jeunesses Communistes),on ne l'avait pas acceptée. "Mon père était un colonel et un propriétaire, alors vous comprenez, ils ne croient pas que je puisse sincèrement être de leur côté, disait Natacha en fronçant les yeux.Du point de vue marxiste,c'est peut-être juste..."(p.20)

Un grand MERCI aux éditions Interférences d'avoir réédité ce texte précieux et magnifiquement écrit. Rappelons combien son auteure devait être fort dérangeante pour la censure de son pays...puisque ce texte écrit entre novembre 1939 et février 1940,à Leningrad,ne sera édité en Russie,qu'en 1988 ; 20 années plus tard que l'édition en russe, à Paris !!!?


P.S : Texte largement inspiré de la vie de l'auteure ainsi que "La Plongée " ( le Bruit du temps,2015) que je vais m'empresser de rechercher et de lire : "La narratrice en séjour dans une maison de repos pour écrivains tente secrètement d'écrire le récit de la disparition de son mari pendant les purges des années 1930-mais la pureté du paysage enneigé de l'hiver russe et le lien qu'elle noue avec un rescapé des camps ne suffiront pas à la préserver de l'atmosphère empoisonnée par les mensonges et le retour de la terreur, en cette année 1949 où le pouvoir stalinien déchaîne une nouvelle campagne contre le "Cosmopolitisme ""(éditeur)
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A la fin des années 30, Sophia Petrovna, devenue veuve, doit trouver un travail. Elle est engagée comme dactylographe dans une maison d'édition et apprécie beaucoup ses nouvelles fonctions, ne ménage pas sa peine en tant que citoyenne qui se veut exemplaire. Elle élève seule son fils Kolia qui part faire des études dans une ville éloignée. Pendant ce temps, Sophia se lie d'amitié avec une de ses collègues de bureau, et accède au poste de chef des dactylos. Mais des arrestations se succèdent. Sophia Petrovna accepte avec quelque étonnement les accusations de traîtrise prononcées contre ses collègues emprisonnés, jusqu'au jour où c'est son fils qui est arrêté.
On peut grosso modo séparer le livre en deux parties, avant l'arrestation de Kolia et après. Sophia n'avait rien vu venir, reste persuadée qu'il s'agit d'une erreur, et que son fils va recouvrer la liberté très rapidement. Elle ne comprend pas comment fonctionne la bureaucratie, les files d'attente, elle se heurte à des murs sans cesse… La dénonciation est claire, et il est bien évident que la diffusion de ce texte était impossible lors de la période stalinienne. Heureusement, il a été conservé et publié plus tard, car ce témoignage très fort mais romancé, qui colle aux petits faits quotidiens, montre plus que de longs discours et malgré sa sobriété, provoque l'émotion.
Je ne connaissais pas ce livre et l'ai trouvé tout à fait par hasard, au mois d'août, lors du grand « Lâcher de livres » qui a eu lieu à Lyon, dans les parcs, les gares, les hôpitaux, les paniers des « Vélo'vs » ! Butin : trois livres, j'ai été raisonnable, et je relâcherai celui-ci dès ce billet paru ! Je ne saurais trop dire pourquoi il m'a attiré, sans doute son interdiction durant de longues années en URSS, en tout cas, il ne m'a pas déçue.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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L'héroïne malheureuse de ce roman est une femme russe sans histoires, banale secrétaire, pas spécialement politisée quoiqu'avec une légère affection pour LÉNINE, MARX ou STALINE, dans le désordre. Nous sommes aux débuts des années 1930, STALINE est au pouvoir en U.R.S.S. le mari de Sophia, Fiodor Ivanovitch, est mort quelque temps plus tôt, vraisemblablement assassiné par une femme, mais nous n'en saurons pas plus. Leur fils, Kolia, s'engage dans les komsomols, les jeunesses communistes, avec son ami Alik. Natacha, une proche de Sophia, s'intéresse de près à Kolia, amoureusement. Avec une telle trame, nous tenons là une petite bluette loin des tragédies soviétiques. Sauf que…

Rapidement, pourtant bon stakhanoviste et ingénieur talentueux, Kolia va être inquiété par les autorités. Pire : il va être emprisonné, accusé de sabotage et terrorisme. Bien sûr, ce ne peut être qu'une erreur, une homonymie, l'État ne peut garder bien longtemps un innocent en détention. le problème est que les arrestations deviennent massives au sein du pays, parfois arbitraires. Des proches de Sophia ou de ses amies sont déjà sous les verrous ou portés disparus.

Tout semble avoir commencé très exactement le 1er décembre 1934 avec l'arrestation puis l'assassinat de KIROV par le gouvernement stalinien. « … après l'assassinat de Kirov, il y avait eu beaucoup d'arrestations, mais à ce moment-là, on avait commencé par embarquer les opposants, et ensuite les ci-devants, toutes sortes de von, de barons… Et maintenant, voilà que c'était les médecins ! ». Ce fut le début des sinistres purges staliniennes qui s'étendirent ensuite sur plusieurs années. Les arrestations, les morts, les déportations, les disparitions, les exécutions sommaires vont se succéder à une vitesse vertigineuse, entraînant une psychose collective, une méfiance sans nom, sans bornes.

Kolia est détenu dans une prison devant laquelle Sophia Pétrovna va faire le pied de grue. Les autorités ne communiquent pas, se contentent de recevoir les familles d'incarcérés quelques minutes, omerta générale. Les files d'attente sont interminables, dans le froid et la neige. Puis Kolia s'avère introuvable, où a-t-il bien pu être amené ? C'est Natacha qui va vivre le plus mal ce silence de plomb.

« Sophia Pétrovna » est à première vue un livre léger et candide sur la forme, en tout cas dans ses premiers chapitres. Mais ne nous y trompons pas : il est rapidement violent, lucide, politique et très sombre sur le fond, halluciné même en fin d'ouvrage. S'il est quelquefois question d'amours, c'est pour mieux mettre en avant leur impossibilité en partie par la surveillance effrénée de l'appareil stalinien. le climat est kafkaïen, les disparus introuvables et la bureaucratie muette et manipulatrice, chaque erreur de n'importe quel individu servant de prétexte à une arrestation (petite pensée au « Procès » de KAFKA, même si là, justement, les procès n'existent quasiment pas). L'humain est mis au pilori, seul le peuple compte, s'il participe au développement de l'État soviétique.

La grande originalité de ce roman est qu'il est temporellement en direct (il fut rédigé à Leningrad entre novembre 1939 et février 1940). Lydia TCHOUKOVSKAÏA, grande amie d'Anna AKHMATOVA, dénonce ce qu'elle voit à la fin des années 30. La plupart des livres russes écrits à cette époque, si tant est qu'ils attaquent le pouvoir en place, sont détruits, leurs auteurs déportés ou assassinés. C'est donc un petit miracle que ce « Sophia Pétrovna » ait pu voir le jour. Et comme c'est un roman russe du temps du stalinisme, ce ne sera pas sans grandes difficultés : écrit sur un cahier d'écolier, il fut dissimulé dans un simple tiroir et des proches de Lydia TCHOUKOVSKAÏA veillèrent sur le manuscrit. Or tous moururent. Après la guerre, Lydia a retrouvé ce manuscrit à sa place. Sa première publication eut lieu en France mais dans sa langue d'origine en 1965, première traduction en 1975. Il ne sera disponible en U.R.S.S. qu'à partir de 1988. Cette nouvelle traduction ici présentée est l'oeuvre de l'excellente Sophie BENECH, maîtresse étalon des traductions de textes russes.

Ce roman est sorti en 2007 chez la maison d'édition à laquelle Sophie BENECH participe et qui fait la part belle aux textes russes oubliés (avec une préférence à ceux sauvés du stalinisme), j'ai nommé les éditions Interférences, l'une de ces petites maisons indépendantes que je bichonne particulièrement tant elles sont belles, sur le fond comme sur la forme, avec à chaque fois des couvertures impeccables en noir et blanc, on aurait presque envie de les manger en faisant chauffer le samovar. Foncez voir leur catalogue, il est aussi impressionnant qu'il est restreint. Merci pour ce travail admirable de tous les instants. Et si vous outrepassez votre timidité, demandez-leur la petite brochure explicative en forme de catalogue sur l'histoire d'Interférences, elle est remarquable, tellement remarquable que j'aurais presque voulu entamer une chronique sur elle. Ce sera en lieu et place pour très bientôt de nouvelles notes de lecture sur des livres de l'éditeur. Restez donc fidèles. Interférences existe depuis 1992, et à raison d'en moyenne deux parutions par an, elle atteint aujourd'hui la barre d'une quarantaine de publications, que l'on aimerait toutes voir rejoindre notre bibliothèque personnelle. Merci encore pour ce travail passionné.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Natacha était de tout coeur avec le pouvoir soviétique, mais quand elle avait voulu s'inscrire aux komosols (** Union des Jeunesses Communistes),on ne l'avait pas acceptée. "Mon père était un colonel et un propriétaire, alors vous comprenez, ils ne croient pas que je puisse sincèrement être de leur côté, disait Natacha en fronçant les yeux.Du point de vue marxiste,c'est peut-être juste..."(p.20)
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Dans sa jeunesse, lorsqu’il lui arrivait de s’ennuyer, les jours où Fiodor Ivanovitch s’absentait longtemps pour ses visites, elle s’imaginait qu’elle avait un atelier de couture à elle. Dans une grande pièce claire, de charmantes jeunes filles se penchaient sur des cascades de soie, elle leur montrait des modèles et, pendant les essayages, distrayait les dames élégantes en leur faisant la conversation. Eh bien, un bureau de dactylographie, c’était même encore mieux, cela avait quelque chose de plus sérieux. A présent, il lui arrivait souvent d’être la première à lire, à l’état de manuscrit, une nouvelle œuvre de la littérature soviétique, un récit ou un roman, et même si elle trouvait les récits et les romans soviétiques ennuyeux car il y était beaucoup question de batailles, de tracteurs, d’ateliers d’usine, et très peu d’amour, elle était quand même flattée.
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La porte du procureur était encore loin. Sonia Pétrovna fit un calcul : une quarantaine de personnes. On entrait deux par deux, car dans le bureau numéro 7, il y avait non un, mais deux procureurs qui recevaient en même temps, et pourtant la queue avançait quand même lentement. Elle examinait les visages : elle avait l'impression d'avoir déjà vu la plupart de ces femmes, rue Chpalernaïa ou rue Tchaïkovski, ou encore ici même, au Parquet, devant le guichet. C'étaient peut-être les mêmes, ou c'en était peut-être d'autres. Toutes les femmes qui faisaient la queue devant les prisons avaient quelque chose d'identique sur leurs visages ; de la lassitude, de la résignation, et même une certaine dissimulation. Beaucoup tenaient à la main un papier blanc. Sophia Pétrovna savait déjà que c'étaient "les feuilles de route" qui les envoyait en relégation. Trois questions revenaient sans arrêt dans cette queue : "On vous envoie où ?" "Vous partez quand ?" et "On vous a confisqué vos biens ?
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Eh bien,un bureau de dactylographie,c'était encore mieux,cela avait quelque chose de plus sérieux. A présent, il lui arrivait souvent d'être la première à lire,à l'état de manuscrit,une nouvelle œuvre de la littérature soviétique, un récit où un roman, et même si elle trouvait les récits et les romans soviétiques ennuyeux car il y était beaucoup question de batailles, de tracteurs, d'ateliers d'usine,et très peu d'amour, elle était quand même flattée. (p.13)
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Le lendemain elle ne se leva pas.Elle n'avait plus de raison de se lever.elle n'avait pas envie de s'habiller,d'enfiler ses bas de poser les pieds par terre. Le désordre et la poussière ne la dérangeaient pas. Quelle importance ? Elle ne ressentait pas la faim.Elle resta allongée sur son lit sans penser à rien, sans lire. Les romans ne l'intéressaient plus depuis longtemps.: elle était incapable de cesser de penser une seule seconde à sa propre vie et de se concentrer sur celle de quelqu'un d'autre. Les journaux lui inspiraient une vague épouvante (...)(p.115)
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Vidéo de Lydia Tchoukovskaïa
Lecture de la Plongée, de Lydia Tchoukovskaïa, par Anne Alvaro La 23e édition du Printemps des poètes, du 13 au 29 mars, est placée sous le signe du Désir. À cette occasion, la bibliothèque de l'Arsenal donne carte blanche à l'actrice Anne Alvaro pour une lecture de la Plongée de Lydia Tchoukovskaïa, récit initialement publié en 1967 et réédité en 2015 par les éditions le Bruit du temps.
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