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Critique de Desmotsetdesimages


« Le danger n'est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d'hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. » Georges Bernanos, La France contre les robots, 1947.

Pour son anniversaire, Lilibellule reçoit une poupée savante, dernière génération d'humain cybernétique, double d'elle-même, pour l'aider à améliorer ses résultats scolaires. Mais bientôt victime d'un accident et convalescente, c'est son double androïde qui va devoir la remplacer en classe. Dès lors, s'affrontent deux camps au sein du collège : les cyber-progressistes et les humaniloves. Entre vraie vie et cyber-mort, vraie mort et cyber-vie, réalité et science-fiction s'entremêlent.

Un roman au thème essentiel et intelligent qui s'inscrit dans une collection qui l'est tout autant et permet au jeune lecteur de s'interroger sur ce que la technologie procure, « entre désir de profiter de ce que le monde moderne lui offre […], et un vague sentiment d'inquiétude sur ce que les IA réservent ». Un soupçon de romance ajoute au caractère humoristique, nécessaire, et plaisant pour le jeune lecteur qui peut s'identifier aisément à nos jeunes héros. Les interventions sarcastiques voire ironiques du narrateur omniscient nous laissent entendre dans quel camp l'auteur se situe et je lui en suis fort aise. D'ailleurs ne démarre t-il pas son roman par « Au début, il n'y avait que l'homme et la nature…. […] et ne le clôt-il pas ainsi « … à la fin, l'homme pourrait avoir perdu sa nature. » ?

Depuis ma découverte de l'université de la Singularité en 2010, le transhumanisme et ses enjeux ne cessent de me questionner. Fascinée, c'est pourtant davantage sceptique voire horrifiée que je suis les avancées dans le domaine des technosciences. Aussi, à l'heure où je m'interroge encore sur ma capacité à vivre en autarcie loin de toute technologie, je suis heureuse et soulagée que la littérature destinée aux adolescents s'empare du sujet pour les inviter a réfléchir quant à leur avenir.

Et de conclure sur les mots de Günther Anders extraits de « L'obsolescence de l'homme », oeuvre essentielle, «  Qui ne saute pas en marche pour détruire le manège n'en sortira pas vivant. », et ceux d'Éric Sadin « L'ontologie technolibertarienne consiste à disqualifier l'action humaine au profit d'un « être computationnel » jugé supérieur. » in « La silicolonisation du monde ». Ainsi, le processus de désubjectivation est abouti avec le paradigme cybernétique… Je vous laisse méditer là-dessus.
Une oeuvre qui m'aura également rappelé, dans une certaine mesure, « Klara et le soleil » de Kazuo Ishiguro.
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