Je n'attendais pas grand chose de ce roman, c'est peut-être pour ça que je suis agréablement surprise par ma lecture! Quand je dis que je n'attendais pas grand chose, c'est simplement parce que ces derniers temps, je ne suis plus trop intéressée par les dystopies, je crois que j'en ai trop lu et que je trouve que les univers proposés finissent finalement par tous se ressembler. Mais ici, on joue avec la mémoire, et la mémoire est quelque chose qui me tient particulièrement à coeur.
Dans cet univers, les jeunes de moins de 16 ans qui ont commis des délits et des crimes sont effacés, c'est à dire que leur mémoire est complétement détruite, ils doivent tout apprendre à nouveau de zéro, comme un enfant qui vient de naître. Ainsi la société espère donner une seconde chance à ces jeunes et éradiquer la violence. Nous suivons ici Kyla, une jeune
effacée qui va "refaire" son entrée dans la société. Adoptée par une famille, elle va devoir réapprendre les règles de la vie en société, de la vie de famille...Mais rapidement, elle se rend compte qu'elle n'a pas vraiment l'attitude des autres effacés et quand elle comprend que ses cauchemars récurrents sont en fait des réminiscences de sa vie d'avant, elle comprend que le danger la guète...
J'ai vraiment apprécié Kyla. C'est une jeune fille très intelligente qui écoute son instinct même s'il va à l'encontre de ce qu'on lui inculque. Craintive au départ, ce que l'on peut aisément comprendre quand on se retrouve sans souvenir, elle s'affirme peu à peu et comprend rapidement que quelque chose ne tourne pas rond. Ses souvenirs, contrairement aux autres, refont peu à peu surface et ce n'est pas "normal". On se demande alors pourquoi, comment elle peut avoir ses souvenirs alors qu'ils sont sensés être oubliés et, comme elle, on veut comprendre et savoir malgré les risques encourus. J'ai apprécié le Nivo, ce capteur qui doit aider les effacés à se contrôler mais qui est en fait un outil pour les contrôler et les surveiller impunément, c'est un élément bien pensé.
Les autres personnages apportent tous quelque chose au récit. Plus on va en profondeur, plus on comprend les parti-pris de chacun. Amy et Ben, effacés eux aussi, sont là pour nous montrer à quel point Kyla est différente, et quelle est l'attitude qu'elle devrait avoir. On sent aussi, même si au départ c'est très infime, la scission entre les parents de Kyla. Sa mère, fille d'un dirigeant reconnu mort pour la lutte, semble beaucoup plus mystérieuse qu'il n'y parait et va très certainement s'avérer être un soutien pour Kyla dans la suite. Quant au père de Kyla, il représente une menace, peu présent, les seuls moments qu'ils passent ensemble ressemblent à un interrogatoire et cela me laisse penser qu'ils ne forment en fait pas un couple classique, peut-être un couple fictif ? Je ne sais pas trop mais en tout cas, je ne trouve pas cette famille très naturelle.
Grâce au professeur d'art de Kyla, nous comprenons que la société est encore en plein remaniement et que tout le monde est suspecté et risque d'être effacé, définitivement. Et quand Aiden apparaît, on devine facilement que l'avenir, et le passé de Kyla, ne sont pas si clairs que cela et annonce une suite haletant et angoissante...Avec les attaques terroristes, on comprend de toute façon que des opposants résistent tant bien que mal à cette société, que tout le monde n'adhère pas aux décisions, aux procédés et c'est un point qui, je l'espère, sera bien exploité dans la suite de la trilogie. Cet état totalitaire m'intéresse vraiment, je le trouve, du moins pour l'instant, un peu plus fouillé que ceux que nous proposent les dystopies actuelles.
Donc voilà, une agréable surprise dont j'attends beaucoup pour la suite.
Teri Terry a un style tout simple et léger qui permet de lire très rapidement ce roman a l'univers intéressant et vraiment plus complexe que les autres dystopies, il semble beaucoup plus travaillé et mystérieux que le simple état totalitaire que peut nous présenter Hunger Games par exemple... J'ai donc hâte de découvrir le second tome !
Challenge ABC 2016/2017