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Critique de psambou


Taina Tervonen, franco-finlandaise, a vécu et a été scolarisée au Sénégal jusqu'à l'âge de 15 ans. Journaliste et documentariste en France, elle s'étonne que les noms de Faidherbe, et surtout d'Archinard soient généralement méconnus ici, alors qu'ils sont évoqués dans les programmes d'histoire de l'école au Sénégal.
Dans ce livre, l'autrice suivra la conquête colonialiste française de Saint Louis à Segou, en menant l'enquête pour remonter aux origines des "dons" du général Archinard à différents musées en France à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
En cette période actuelle, où la restitution des objets d'arts ou du quotidien originaires des anciennes colonies est en débat, Taina Tervonen s'intéresse notamment à suivre la trace du butin de Ségou, et du sabre à haute valeur symbolique dit d'El Hadj Oumar Tall, souverain et chef de guerre Toucouleurs, érudit musulman, né au nord du Sénégal.
A travers ses investigations, la violence de la colonisation militaire puis administrative qui s'exerce sur les populations vaincues, et dont les objets dérobés gardent la mémoire, est manifeste. On est aussi ahuri de découvrir l'existence, à Saint Louis, d'une école des otages, rebaptisée plus tard l'école des fils de chefs de guerre, car il s'agissait en effet de scolariser, malgré eux, les fils des vaincus pour en faire des collaborateurs assimilés de la conquête et administration coloniale. Abdoulaye, petit-fils d'El Hadj Oumar Tall, a fréquenté cette école, mais Archinard, dans un souci de l'écarter de toute tentative de rébellion, l'emmène avec lui en France à l'âge de 11 ans, pour le confier à un couple d'amis. L'expérience du jeune Abdoulaye il y a 130 ans, reflète la complexité des relations teintées de paternalisme, bienveillance, condescendance, arrogance, offense ; un passé toujours apparent dans le vécu des discriminations et du racisme aujourd'hui.
On retiendra de cet ouvrage la valeur des enquêtes rigoureuses, la valeur de l'existence d'archives ouvertes à la consultation, la valeur de l'expertise (comme celle du bijoutier Makhtar Niang), la nécessité de questionner, de changer de point de vue pour entrapercevoir la complexité de l'Histoire et comprendre d'où nous venons.
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