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Critique de roquentin


Karoo travaille dans l'univers du cinéma, à New York. Il est Script Doctor, il retravaille les scénarios, domaine dans lequel il excelle. Il est reconnu et l'argent a cessé d'être un problème depuis longtemps. A la cinquantaine, il est au stade terminal de son divorce (et de son mariage) avec Dianah. Ensemble, ils ont un fils adoptif, Billy, complètement ignoré par son père adoptif. Saul Karoo n'est capable de ne s'occuper que de sa propre personne et son souci principal est d'être l'homme que sa position mondaine lui dicte d'être. Il va jusqu'à inventer ses propres sentiments et émotions. Hâbleur, menteur, il brode, il brode afin de s'arroger cette vie artificielle et superficielle ...Il est très bon dans cet exercice et vous vous en doutez, cela déclenche un bain se sang relationnel autour de lui. A commencer par ses proches qui, eux, n'aspirent qu'à une vie normale, à un peu de présence et d'attention. Outre cela, il boit trop (et un étrange syndrome le rend insensible à l'ivresse, en plus...), mange trop, fume trop, est en surcharge pondérale inquiétante. Heureusement qu'il est riche.
L'histoire commence vraiment quand Karoo réalise la vanité de cette existence et qu'il recherche le pardon et même la rédemption. Je divulguerai pas la suite évidemment...
C'est l'histoire d'un homme qui se trouve brusquement devant un miroir qui lui reflète ce qu'il est réellement, quand les feux de la rampe sont éteints. Quand il comprend que celle-ci est vide de sens, il commet une seconde erreur : celle de croire que montrer ses regrets et sa sincère volonté de devenir quelqu'un de meilleur et d'attentionné, n'est pas suffisant pour regagner l'estime des autres, de ceux qu'on a blessées pendant tout ce temps... En s'imaginant cela, il franchit un stade supérieur dans la vacuité de son existence. Il restera le troisième volet de ce parcours d'égoïste, celui qui lui fera perdre ces illusions. Au bout, il ne restera que l'amertume, la honte, la déchéance.
C'est un livre tout à fait étonnant à écriture et au ton juste et dans lequel l'humour se pose sur ce récit comme une poussière de particules fines. Cynique, malicieux et sans concession. Dur parfois aussi. Un rythme fluide, mais pas toujours, il y a quelques longueurs aussi. Pas au point qu'on aurait pu jeter des dizaines de pages, mais l'approfondissement de la psychologie du personnage Karoo revient très souvent, il faut le reconnaître.
Mais en même temps, c'est une oeuvre vraiment singulière et hors norme et on n'a pas envie d'en perdre une miette. Suis-je convaincu par cette lecture ? Sans hésitation. Devez-vous le lire ? Bien sûr que vous devez.
En tout cas, n'attendez plus d'autres livres de ce Steve Tesich: il est décédé en 1996, à cinquante quatre ans.
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