Citations sur Frôler les murs (42)
Quand un enfant dit qu'il va mal, on l'accuse souvent d'être paresseux ou de mentir, au lieu de l'écouter et de chercher à le comprendre. Il me semble primordial d'en prendre conscience d'en prendre conscience, pour cesser de mépriser les enfants.
Si j'ai voulu devenir chanteuse, c'était en partie pour couper avec l'enfance et le monde académique dont je me suis sentie rejetée. C'était une façon de transcender tous les problèmes de santé mentale que j'ai connu depuis toute petite.
Tessa, il faut que je te parle de quelque chose. C'est très bien que tu te lies avec des gens de ton âge, mais il ne faut pas que tu t'investisses trop dans les relations que tu développes avec les autres jeunes pris en charge ici. Certains ont des pathologies graves et vous pourriez vous faire du mal.
J'étais en colère, une colère froide, nourrie par ces mois de souffrance et d'humiliation, et rien ne pourrait me faire revenir en arrière. Dès que la sonnerie a retenti, j'ai rassemblé mes affaires et j'ai quitté la salle brusquement. J'ai traversé les couloirs que je connaissais si bien, j'ai jeté un dernier coup d'œil à la cour, et j'ai franchi une dernière fois la porte d'entrée. Sans me retourner.
En réalité, ce qui permet de caractériser le harcèlement, ce n'est pas là gravité des attaques que l'on reçoit, comme on l'imagine souvent, mais c'est la régularité, la répétition. C'est le fait de soumettre son corps et son cerveau à un stress permanent, de leur faire penser qu'il n'existe pas d'échappatoire. Et c'est sans doute ce harcèlement qui a fini par faire associer à ton cerveau école et danger.
Je finis par voir tout le monde comme des ennemis, y compris ma propre famille, pour laquelle j'ai le sentiment d'être un fardeau. Je me dis souvent que leur vie à tous serait plus simple sans moi, et je les soupçonne de parfois le penser. Comment leur en vouloir ? Je me dirais la même chose à leur place. Alors parfois je souhaite que tout s'arrête.
Je me rends compte que je partage plus de choses avec des personnes qui ne vivent pas dans la même ville, parfois pas le même pays, qui sont souvent plus âgés que moi, qu'avec les personnes que je connais depuis la maternelle.
On se moque du fait que je ne me maquille pas, on me dit tout le temps que je ressemble à un garçon. Je ne suis pas comme les autres et on me reproche de ne pas faire d'efforts.
Les questions se bousculent mais je ne dis rien et je me contente de sourire. Jamais je n'oserais contredire un adulte.
De mon entrée en maternelle jusqu'au jour où j'ai été déscolarisée, je ne me suis jamais faite à toutes les règles, explicites et implicites, qui s'exercent en milieu scolaire. Je n'étais pas du genre à défier les limites du cadre, au contraire, j'étais terrorisée à l'idée de ne pas réussir à m'y plier totalement et de me faire remarquer.