Citations sur Art nègre (16)
Sur le mode exubérant qu'il affectionnait, il lui adressait de vibrantes déclarations d'amour dont l'espérance de vie ne dépassait guère de trois mois. "La durée de vie moyenne d'un livre sur la table des libraires, m'avait-il un jour confié sur un ton fataliste. Qui sait si le jour où je publierai un chef-d'oeuvre immortel, je ne rencontrerai pas le grand amour ? Nous sommes des êtres bizarres. Nous espérons travailler pour l'éternité et notre existence ne connaît que les saccades trimestrielles des mises en place et des retours", avait-il ajouté, soudain morose. (p. 189)
Le mécanisme de l'écriture l'intriguait. Il se demandait comment on peut se tenir tout le jour devant une feuille de papier à inventer des choses. Comme je le comprenais.
- On n'invente rien, Jean [Rochefort] . On interprète ce qu'on sent au fond de soi. On joue son rôle comme vous.
- Oui, mais nous on a un texte, un metteur en scène, des gens partout autour ! Vous, c'est la solitude. Comment vous vous arrangez sans rien d'autre que vous même ?
- Je ne saurais vous dire. On regarde vivre ses personnages. Et surtout on perd son temps. Au total il y a beaucoup de vides dans l'écriture, le rendement est d'une faiblesse inimaginable. (p. 93-94)
L'art est beaucoup mieux que la vie ! Sa revanche, son double positif, sa lumière, ses guirlandes, sa musique...Vous allez crever, si vous ne jouez plus ! " Moment pathétique et merveilleux. C'est pourquoi je vous le répète, Louis: laissez les trucs alimentaires, retournez à votre écritoire et ne vous occupez plus du reste. (...)
En somme , la journée n'aura pas été inutile. Je vous aurai fait visiter mes moulins à vent à moi. Et, j'espère, convaincu de reprendre votre plume. La vôtre, pas celle des autres. Raison pour laquelle nous ne ferons pas ce livre ensemble. J'ai mieux à faire que de raconter ma vie, et vous, de l'écrire. Vous avez vos romans, j'ai mes rôles. (p; 237)
De manière confuse, j'étais persuadé que les livres ne découlaient pas du réel, mais qu'ils le commandaient, l'inspiraient, lui insufflaient une vie qu'il n'aurait jamais connue sans eux. L'origine des pensées comme des sentiments gisaient au cœur des textes. Le monde tentait de les imiter, en général assez platement. C'est la raison pour laquelle, même si un jour je ne parvenais plus à écrire, je ne pourrais jamais quitter les livres et leurs auteurs. (p.60)
Ecris à cette altitude -là, avec cette ampleur- là. Embrasse à la fois l'étable et la planète entière. Car tout est dans tout, je le répète assez. (p. 148)
De manière confuse, j'étais persuadé que les livres ne découlaient pas du réel, mais qu'ils le commandaient, l'inspiraient, lui insufflaient une vie qu'il n'aurait jamais connue sans eux. l'origine des pensées comme des sentiments gisaient au cœur des textes. Le monde tentait de les imiter, en général assez platement. C'est la raison pour laquelle , même si un jour je ne parvenais plus à écrire, je ne pourrais jamais quitter les livres et leurs auteurs. (p. 60)
Lacan, c'était tout bonnement génial. Une force de la nature, un type qui avait d'autant plus exprimé l'essentiel qu'on n'y comprenait rien- mais Dieu n'était-il pas invisible et le sens des choses caché ? (p. 113)
Question inutile. Pour lui, les gens, c'était tout le monde, la foule des anonymes qui allait lui permettre de devenir plus que du vent et de la poussière. Entre l'achèvement du livre et sa livraison au public, les mots portaient en eux un rêve d'éternité. (p. 172)
Le mécanisme de l'écriture l'intriguait. Il se demandait comment on peut se tenir tout le jour devant une feuille de papier à inventer des choses. Comme je le comprenais.
-On n'invente rien, Jean. On interprète ce qu'on sent au fond de soi. ON joue son rôle, comme vous.
- Oui mais nous on a un texte, un metteur en scène, des gens partout autour ! Vous, c'est la solitude. Comment vous vous arrangez sans rien d'autre que vous-même ?
-Je ne saurai vous dire. On regarde vivre ses personnages. Et surtout on perd son temps. Au total il y a beaucoup de vides dans l'écriture, le rendement est d'une faiblesse inimaginable. (p.93-94)
Les autobiographies n'avaient droit qu'au prêt-à-porter, parce que rien ne ressemble plus à une vie qu'une autre. Seule la fiction permettait le sur-mesure, l'unique. (p. 122)