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Critique de kaerlyon


Un de mes anciens professeurs classait les humains en deux catégories : les géographes, ceux qui pour expliquer un sujet vont du point À au point B en ligne directe et les historiens, ceux qui vont également de À à B mais en passant par toutes les autres lettres. Il avait oublié de citer l'espèce Tesson, le géographe sinistrement prolixe.

Sylvain Tesson, écrivain baroudeur a un grave accident qui laisse son corps en miettes. Après un séjour de plusieurs mois à l'hôpital, les médecins lui préconisent un centre de rééducation. Sylvain Tesson a une autre vision des tapis roulants : lui, il marchera sur les chemins de France. Muni de cartes à 25000e, il parcourt ce qu'il appelle les chemins noirs, ces chemins perdus, non goudronnés, oubliés par la civilisation et par conséquent, non entretenus. Sylvain Tesson espère se régénérer dans le silence de cette France délaissée.

Quelle déception !!! Souvent, autour de moi cet auteur avait été vanté. C'est vrai qu'il s'agissait de son séjour en Sibérie. Ne connaissant absolument pas ce pays mais ayant habité en Provence, Corrèze et Touraine, je me faisais un plaisir de partager ses impressions sur ces régions. J'aurais peut-être dû choisir la Sibérie, elle m'aurait paru plus familière ! Certes, un grave accident lui a certainement changé sa vision de la vie. Mais que c'est sinistre ! Les chemins sont rarement noirs. Son esprit l'est profondément. Je m'attendais à une description des lieux traversés, des personnes rencontrées. Mais absolument pas à ce discours pseudo philosophique avec citations à l'appui. Que c'est pompeux ! Que c'est sentencieux ! Que je me suis ennuyée ! le pire, ce sont les idées toutes prêtes. Comment un voyageur mondial peut-il avoir autant d'aprioris : les dinosaures ont eu la belle vie parce qu'ils ne connaissaient pas les puces électroniques ; les gitans vivent de ce que leur offre la nature ; la Touraine n'a pas subie de bombardements !!! Non mais rassurez moi ? Ce livre est bien du second voire du troisième degré ??? J'avoue avoir craqué : un fou rire m'a pris lorsqu'il dit que la vie est un escalier et là, à mettre en parallèle un gardien de phare et une danseuse de cabaret. Ce déploiement de phrases lourdes, les références littéraires, sa description de son sombre esprit, m'incite à penser qu'il faut prendre ce livre au premier degré. Mais j'avoue, j'hésite. Comme la description quasi comique de cette rencontre en Provence avec une habitante d'un village abandonné : cela commence par l'enthousiasme d'une physionomie de quelqu'un qu'il veut rencontrer. Quelques mots plus loin, elle est devenue une sorcière dont il faut craindre le mauvais sort.
Et ce refus de la modernité ! Tout y passe : la politique agricole, la mondialisation, les écrans, les voitures, etc... Mais lorsqu'il a une crise d'épilepsie, perdue dans les montagnes de l'Auvergne et que les pompiers sont venus pour le transporter aux urgences, comment ont-ils été prévenus ? Par des signaux de fumée ???
Au début, j'ai essayé de rentrer dans son texte, de décrypter ses métaphores, d'essayer, dans tout ce verbiage de retrouver un peu des campagnes que je connais. Mais rien ! Lurs, Ussel, Vouvray me parlent bien sûr mais je ne comprends pas lorsqu'il dit qu'il se fait klaxonner sur les petites routes de Corrèze parce qu'il est à pied. Pour avoir marché et pour marcher encore dans cette région, et loin de toutes grandes villes, où les vaches sont plus nombreuses que les habitants, je ne me suis jamais fait klaxonner. Après, je me gare lorsque j'entends une voiture. C'est sûr que s'il reste au milieu de la route, il n'y a pas qu'en Corrèze qu'il se fera rappeler à l'ordre. Je suis sûr que dans sa cher Russie, il en serait de même !
En attaquant ce livre, je pensais trouver l'espoir, la nature. Je n'ai trouvé que de la rancoeur et le dégoût. Dommage, mais nos chemins se séparent ici....
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