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Critique de latina


Oh non, il n'allait pas commencer comme ça, à rouspéter sur tout !
Je sais que « l'aménagement du territoire » est quelque chose d'anti naturel, qu'il heurte les paysans, qu'il leur impose l'hyper productivité, qu'il entraine l'abandon de petits villages pittoresques au profit des Belges et des Anglais, « lassés du crachin sur les murs en briques »(grrr….croit-il qu'en Angleterre et en Belgique, la campagne soit moins verte et moins belle qu'en France ? Croit-il que ces peuples vivent dans un perpétuel hiver ? Ah ces stéréotypes que je supporte de moins en moins ! ).
Je sais tout ça. Je sais que la modernité a entrainé bien des désastres.
Et je me disais que cette grogne qui s'étalait sur des pages et des pages allait vite m'exaspérer.


Et puis, tout à coup, il a parlé des chemins noirs. Ces chemins de traverse, loin des sentiers fréquentés, ces passages difficiles hors du monde, traversant « l'hyper-ruralité », mot honni par les politiques, mais tant aimé par ceux qui recherchent l'authenticité et la non-conformité aux dictats de ce monde hyper connecté.
Et là j'ai aimé. Je l'ai suivi, je l'ai compris.


Après sa chute qui lui a coûté plusieurs fractures et une semi-paralysie de la face, Sylvain Tesson a voulu se rattacher à la terre, en marchant depuis le Mercantour jusqu'au Cotentin.
La France en diagonale, une France raccordée à la nature, au bon sens et à la simplicité.
Chemin de poussière, de broussailles, de boue, aussi.
La crête vivifiante des montagnes, la touffeur des forêts, la douceur de vivre des plaines, et enfin la mer, avec le mont Saint-Michel, vigile protecteur.
Quel voyage ! Fuite en avant, hors du monde moderne, cet itinéraire est aussi repli à l'intérieur de soi, à la recherche des racines de son être.
J'ai adhéré à sa réflexion qui me hante encore.


« Ne pas tressaillir aux soubresauts de l'actualité, réserver ses colères, choisir ses levées d'armes, ses goûts, ses écoeurements, demeurer entre les murs de livres, les haies forestières, les tables d'amis, se souvenir des morts chéris, s'entourer des siens, prêter secours à des êtres dont on avait connu le visage et pas uniquement étudié l'existence statistique. En somme, se détourner. « Dissimule ta vie », disait Epicure. » La liberté, quoi !


« Mon domaine est mon royaume. N'ayant pas de domaine, je tentais d'être souverain de moi-même en marchant sur les chemins noirs ».
Tout un programme…que je tenterai de suivre !
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