AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric76


Un voyage en solitaire né d'une chute.
Plus de 900 km à pied en France, en empruntant la diagonale, des environs de Nice au nord du Cotentin, là où le dernier sentier se jette dans la mer.
Oublions le Sylvain Tesson qui parcourt, l'air bravache, les plaines immenses de l'Oural ou du Kamtchatka. Oublions l'homme de la vastitude. Celui qui marche sur les sentiers de France a le corps brisé, la gueule cassée, et prend le long chemin de la rédemption. Ses pas sont incertains. Son exploit désespéré est à hauteur d'homme. Il n'en sera que plus grand et plus sublime.
Une marche silencieuse et poussive à travers les chemins oubliés : ces lignes noires, fragiles, tortueuses, que l'on remarque sur les cartes IGN. Elles s'enroulent autour des villes et des monts herbeux, se faufilent à travers les montagnes.
Notre héros cherche éperdument ces chemins noirs qui savent se faire mériter. Ils se cachent derrière des murs de broussailles et de ronces ; ils se devinent au détour d'une route. Parfois, ils rejoignent les sentiers des animaux, parfois ils se perdent aux pieds d'une montagne, parfois ils s'effilochent au milieu d'une zone péri-urbaine…
Une longue marche comme une demande de pardon. Placer le salut de son âme et de son corps dans le mouvement. Rechercher une vie réduite à sa plus simple expression. Fuir le clignotement et le grand tumulte des villes pour vadrouiller dans le silence et retrouver un ciel étoilé.
Un héros de tragédie aux mille vies, aux mille excès qui cherche à se soustraire à l'époque, à se tenir à la marge des courants, à demeurer sur les traces d'un pays presque effacé.
Sylvain Tesson en profite pour regarder l'homme moderne, ce consommateur compulsif, ce ventre à roulettes. Il le regarde sans haine, sans mépris, et préfère lui tourner le dos. le fuir autant que faire se peut en se glissant à travers les interstices, en vagabondant sur les chemins noirs.
Un roman salutaire.
Commenter  J’apprécie          983



Ont apprécié cette critique (95)voir plus




{* *}