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Critique de mamantornade


Claire, le personnage principal, fait une étrange découverte lors qu'un repas de famille. Sa mémé, très discrète habituellement, lance une bombe en plein dessert : elle a été abusée, violée, quand elle était jeune. Enceinte de son violeur, elle n'a eu d'autre choix que de l'épouser. le fruit de ce viol est la tante de Claire. le jeune boulanger qui l'a agressé est son grand-père, Claire est révoltée, et ne comprend pas : comment peut-on aimer un violeur ? Son violeur ? Elle prend conscience alors de l'évolution de la condition féminine : "A mon époque, on ne connaissait rien au sexe, on ne parlait pas de ces choses-là, je ne savais pas que c'était un viol, et ce qu'était un viol" lui dit sa grand-mère ( je glose). Claire confie cette découverte bouleversante à la thérapeute qui l'aide au quotidien dans son évolution personnelle et professionnelle, car la jeune femme a suivi la formation d'une école prestigieuse qui assure " le service après-vente" si j'ose dire. Cette professionnelle invite alors Claire à affronter sa part d'ombre : car ce violeur, c'est son grand-père, c'est une part d'elle-même, de son histoire. Claire refuse totalement ce genre de réflexion et se bute. Quelques semaines plus tard, elle rencontre Fred, qui la confronte encore à cette ombre en elle-même. Fred lui aussi a ses secrets, douloureux, destructeurs. Alors que cet homme et cette femme se plaisent, l'histoire est impossible. Fred part alors gravir l'Everest, en quête de lui-même, "sur le toit du monde". En quête d'un sens à sa vie. Claire empruntera la voie du développement personnel. Chacun va trouver en lui-même ses ressources, ses outils. Mais dans les deux cas, il s'agit de dépassement de soi. Les épreuves rencontrées par les personnages vont faire voler en éclat leurs certitudes, leurs limites, et les amener vers l'amour inconditionnel, de soi avant tout.
Je dis souvent que la société a les monstres qu'elle mérite. Notre société est une fabrication du monstre. le saut de la victime en bourreau se fait sans crier gare, parce qu'on n'a pas accompagné nos victimes. Quand tu méprises la souffrance de quelqu'un, elle te rejaillit à la face. Une personne en souffrance devient vite celui qui fait souffrir. Mais ici, point de sauveur que soi-même. Ce n'est pas un roman feel good où un personnage vient servir de mentor à quelqu'un qui est perdu dans sa propre vie. Non. Ce roman m'a fait penser à Marguerite Yourcenar et Qui n'a pas son minotaure ? Un essai dans lequel la romancière explique que le minotaure est la part monstrueuse en soi, celle que Thésée combat et qui un passage initiatique qui le fera passer du statut d'adolescent tumultueux à celui de roi de la première des démocraties. Seulement chez Yourcenar, il reste petit et veule, parce qu'il n'identifie pas cette part du monstre en lui. C'est un mythe qui m'a toujours tenu à coeur car je pense malheureusement avoir en moi une part d'ombre monstrueuse que je dois à ma famille et à ce que j'ai vécu. Personne n'est venu. Mary Laure Teyssedre me l'a dit en privé : ce livre ne parle pas que de viol, mais des violences familiales, des abus, en amitié, en amour ou dans la vie professionnelle. Il parle de l'abandon aussi, même si l'auteure pense avoir traité cet aspect plus tôt pour elle ( c'est bien une qu'elle conte ici). Je me suis retrouvée confrontée à ce que j'avais vécu sans passer par la case "viol". C'est un saccage que j'ai vécu : celui de mon enfance finalement, de mon innocence, où chaque souvenir heureux est entaché d'une réflexion, d'un abus, d'un abandon, d'une préférence qui n'était jamais pour moi
Ce livre va te secouer, te faire comprendre que celui qui est détestable ne l'est pas toujours entièrement, que l'être le plus beau cache en lui parfois le pire des secrets et la pire des fautes. Que la plus grande des blessures offre aussi un apprentissage et quelque chose qui te fait grandir. Qui est-on pour juger quelqu'un qui peut avoir fauté un jour mais passe sa vie à se racheter ? Qui est le plus à fuir ? Celui qui est lâche et ne fait jamais de mal directement mais en cause en s'évaporant ou celui qui affronte avec courage ses erreurs ?
Ce roman est une lecture à la fois violente et pleine de sérénité. C'est quelque chose d'assez étrange, d'être libérée en ayant été très angoissée par de nombreux points. J'ai apprécié d'en apprendre autant sur les épreuves qu'il faut endurer pour gravir l'Everest ( sans moi, je te le dis !). Il n'y pas de "leçon donnée" dans ce livre, de vade-mecum tout prêt , juste la certitude que nous avons en nous de nombreuses clefs pour ouvrir les bonnes portes de notre âme, et accéder au sens profond des synchronicités.
Lien : https://mamantornade.wordpre..
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