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Critique de Thrinecis


C'est par la série télévisée d'Arte diffusée fin 2019 que j'ai découvert La foire aux vanités : la série était si réussie que j'ai voulu lire le chef d'oeuvre de Thackeray. Disons-le tout de suite, cette lecture a été un régal de bout en bout.

La foire aux vanités met en scène l'ascension sociale de Rebecca Sharp, jolie rousse aux yeux verts, qui a le malheur d'être mal née. Mais cette jeune intrigante possède le charme, l'intelligence et la rouerie nécessaires pour tracer son chemin au milieu d'une société qui tout en étant moralisatrice et prude se montre vaine et âpre au gain.
Rebecca, aussi odieuse que délicieuse, cherche par tous les moyens à s'élever parmi la bourgeoisie et la noblesse qu'elle fréquente. A l'instar de Thackeray, à qui semble-t-il ses lecteurs contemporains ont reproché sa complaisance envers Rebecca, je n'ai pu m'empêcher de l'admirer. A quel trésor de ruse, de séduction et d'artifice ne recoure-t-elle pas pour arriver à ses fins, bluffant toujours son entourage, à commencer par sa douce et timide amie, la jeune Amélia ! Peut-on lui en vouloir de ne pas se contenter d'une petite place de gouvernante et de prétendre à une position plus élevée qui lui apporterait l'argent et le luxe dont elle rêve ? Pourquoi sa naissance devrait-elle la condamner à rester à sa place quand la noblesse qui gravite autour d'elle ne se montre pas forcément généreuse et d'une haute moralité ? En effet, à l'exception de la tendre Amélia et du fidèle et émouvant Dobbin, les personnages de Thackeray sont pour la plupart méprisables et terriblement égoïstes.

J'ai parcouru ce roman victorien avec un immense plaisir, appréciant l'ironie mordante que l'auteur distille tout au long de ces mille pages. J'ai aussi beaucoup aimé les procédés d'écriture de Thackeray qui ose bousculer la chronologie, laissant le lecteur dans l'ignorance de certains faits, afin de le surprendre un peu plus loin par une annonce parfois théâtrale qui ne rate pas son effet ! En narrateur omniscient, Thackeray prend plaisir à baptiser ses personnages de noms très significatifs, à interpeller le lecteur, à jouer avec lui, en lui faisant écouter ce qui se dit derrière une porte fermée, ou en lisant un billet secret par-dessus l'épaule d'un de ses personnages. Sans aucune indulgence pour ses marionnettes comme il les appelle, il se moque souvent d'eux, même des plus pitoyables comme cette pauvre Amélia.

Quelques longueurs et digressions fastidieuses vers la fin du roman, à moins que ce ne soit une petite lassitude et l'envie que cela se termine puisqu'ayant déjà vu la série, je connaissais la fin... Mais cette satire sociale est jusqu'au bout savoureuse et pleine d'humour.

Pour finir, à ceux que la longueur ou le style du roman rebuteraient, je recommande la série télévisée de 7 ou 8 épisodes, que j'ai trouvée d'une grande fidélité à l'oeuvre et aussi d'une grande modernité dans la mise en scène. Mais si vous en avez le courage, lisez ce chef d'oeuvre !

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