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Critique de frandeseine


Amelia et Rebecca quittent le même jour, et ensemble, l'institution où elles ont fait leurs études. Leurs destins respectifs semblent tout tracés : à la première, bien née, tout paraît devoir naturellement réussir alors que la seconde, d'un milieu beaucoup moins favorisé, semble devoir se contenter de jouer les rôles d'appoint. Mais pas si simple ! Peu armée pour faire face aux vicissitudes de l'existence, Amelia a tendance à se comporter de façon passive devant les coups du sort qui l'accablent alors que Rebecca, elle, est bien décidée à utiliser, sans s'encombrer de considérations morales, tous les moyens possibles et imaginables pour faire sa place au soleil. Pour parvenir à ses fins, elle dispose de nombreux atouts : sa beauté, son magnétisme, son intelligence, son absence totale de scrupules. Un vaste champ d'action s'ouvre à elle : le monde dans lequel elle fait son entrée est en effet peuplé de toutes sortes d'êtres faibles, veules, superficiels, qui n'accordent d'importance qu'à l'argent, qu'au statut social et à l'impression qu'ils font sur autrui. La fameuse vanité.

Pendant plus de mille pages, William Thackeray va nous dresser un tableau saisissant et plein d'humour de toutes les bassesses, mesquineries et prétentions humaines et, par la même occasion, de la société anglaise de son temps. On ne s'ennuie pas un seul instant. Sa verve, son ironie, sa façon de s'adresser directement au lecteur ont des accents résolument modernes. Les portraits qu'il nous brosse de la multitude de personnages qu'il met en scène également. Il y a des agissements et des « types » humains qui sont universels.
À cet égard la description des comportements à l'arrière, lors de la bataille de Waterloo, est particulièrement savoureuse. Suite à de fausses informations, Napoléon est donné vainqueur. On assiste alors à un sauve-qui-peut général d'anthologie dont Rebecca va, quant à elle, savoir tirer judicieusement profit. Ce personnage de Rebecca est, à mon sens, extrêmement complexe. William Thackeray ne peut pas ne pas donner l'impression qu'il réprouve ses agissements, mais, en même temps, on sent bien qu'il ressent une certaine tendresse pour cette femme qui s'efforce de tirer parti, du mieux qu'elle peut, des failles d'une société injuste.

Encore un écrivain qui n'a malheureusement pas, en France, la reconnaissance qu'il mérite.
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