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Critique de Bazart


Un livre provenant du Népal, c'est suffisamment rare pour que je ne le signale pas. Tel est en effet le pays d'origine des Saisons de l'envol, sorti le 7 février dernier aux éditions Albin Michel, dont le catalogue étranger notamment est constamment, et de plus en plus, intéressant.

L'auteur de ce roman est Manjushree Thapa, romancière donc népalaise, et qui a vécu au États-Unis et vit actuellement au Canada.

L'histoire qu'elle nous raconte , celle de Prema, semble donc être largement autobiographique : Munie d'une « green card » gagnée à la loterie, Prema, jeune femme de 23 ans, quitte son pays natal, le Népal, pour Los Angeles. C'est pour elle le grand saut dont elle devine qu'elle ne reviendra pas. Oubliée sa vie d'avant, sa famille, ses amis nepalais. L'adaptation est rude, le déracinement terrible. La réalité américaine, d'une rudesse autre qu'au Népal, ne la satisfait pas vraiment. Par atavisme sans doute, elle mènera d'abord une vie d'immigrée solitaire et travailleuse, ne connaissant de sa ville d'adoption que son lieu de travail dans un quartier minable et son lit.

Malgré sa réserve, les rencontres lui permettront de s'acclimater tant bien que mal à ce nouveau pays. Petit à petit, elle va s'ouvrir doucement au monde qui l'entoure, se bousculer un peu, rencontrer des gens, entamer une vie amoureuse qui va lui révéler les plaisirs du corps et abandonner petit à petit son identité népalaise pour s'américaniser.

Roman sur le déracinement et la difficulté de s'intégrer aux us et coutumes d'un pays différent du sien, Les saisons de l'envol proposent au lecteur de suivre avec un vrai intéret cette héroïne qui découvre les Etats-Unis et ses codes avec une vraie candeur et parfois de la naïveté.



Manjushree Thapa aborde les thèmes de la différence, du monde spirituel en opposition au monde matérialiste, de l'immigration et de la liberté.

Par rapport au Népal, les USA sont tellement un monde à part où tout peut lui sembler étrange : l'intérêt porté à la carrière professionnelle, l'importance de l'argent, les relations amoureuses, les manifestations amicales ... Son regard de candide ne fait que stigmatiser les travers de nos sociétés occidentales, et le regard, plein de représentations et d'a priori que peut porter l'indigène sur la personne étrangère.

Mais le livre n'est pas pour autant pamphlet à charge contre les Etats-Unis. Au contraire, les saisons de l'envol est un roman qui fait l'éloge de la mixité culturelle : tous ces étrangers ont construit le pays et par leur arrivée continuent à le bâtir. Lorsqu'ils arrivent dans un pays étrange, ils ont certes, tendance à se regrouper, mais les générations futures s'émancipent de la communauté et se mêlent aux autres.

L'écriture, modeste, sans fioriture, est en parfait accord avec le personnage principal. L'auteur ne semble pas avoir voulu faire oeuvre essentiellement littéraire, voulant que son texte soit lisible par le plus grand nombre et ainsi délivrer plus universellement son message..

Certes, le roman est parfois prévisible dans le sens où certains passages obligés du roman d'immersion dans une culture étrangère sont présents, mais le livre est suffisament plaisant à lire pour laisser une belle impression, plus sur le fond que sur la forme, un peu trop classique pour toucher durablement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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