Citations sur Vingt-quatre heures d'une femme sensible (50)
N’as-tu donc jamais éprouvé que le dernier mot que l’on se dit en se quittant laisse dans l’âme une impression qui dure jusqu’à ce qu’on l’a revoie ?
Dès lors, plus d’autres plaisirs ; mon bonheur, mon orgueil, ma vie, tout s’est confondu, anéanti dans le désir de te plaire et le besoin de t’aimer ; mais aussi quelle source inépuisable de félicité, et comme elle rend froids et insipides, tous les plaisirs que l’on goûtait sans elle !
"L'amour au désespoir fait désirer la mort: il peut la donner sans doute, mais l'honneur !.....
Ah! L'honneur est encore autre chose! Il n'est pas seulement dans l'âme , il est dans le sang, il est avec nous, il doit nous survivre......"
Il semble qu'il y ait entre deux êtres qui doivent s'aimer une sorte d'appel involontaire et réciproque de toutes les facultés [...].
La jalousie est un mal si commun chez les femmes, elle influe tellement sur leur bonheur, elle les compromet si souvent et de tant de manières, qu'il est impossible qu'une suite de développements qui leur montrent à chaque mot jusqu'à quel point cette passion peut les égarer ne leur offre pas une utile et grande leçon. J'ai eu même un instant l'idée de rendre cette leçon plus forte, en faisant résulter, des imprudences de mon héroïne, des malheurs plus graves que ceux dont sa vive imagination se tourmente; mais j'ai craint d'altérer par là le caractère simple et idéal de cet ouvrage; il m'a paru que tout devait s'y passer, pour ainsi dire, dans l'âme, et qu'une morale trop sévère, ou plutôt trop positive, ne pouvait s'accorder avec le genre de sensations que j'avais voulu peindre
Adieu...adieu... Le voilà fini ce cruel récit, et mes forces m'abandonnent de nouveau. Il semble que je n'en avais conservé quelques restes que pour pouvoir vous instruire de mon malheur. Adieu donc, adieu pour la dernier fois ! ... Pour la dernière fois !...
Oh ! Mon Dieu !...à ce mot terrible tous mes sens se bouleversent, ma tête s'égare... Une main de fer me semble déchirer mon coeur.
Lettre XXVII - Page 92
Les hommes sont bizarres ; ils ne savent rien refuser à une femme qui leur est étrangère, et celle qui mérite le plus leurs égards semble toujours celle qui en obtient le moins.
P.61-62
Et s'il est vrai (car vous me l'avez dit aussi quelquefois) que ce qui porte la mort dans mon sein ne serait rien pour une autre femme, qu'est-ce que cela me fait? La nature m'a faite ainsi ; je ne puis me changer, vous ne l'ignorez pas. De ce qu'une âme est plus sensible qu'une autre, il ne s'ensuit pas que l'on ne doive pas la ménager davantage.L'instinct seul, l'instinct fait proportionner le coup à la force de celui qui le reçoit, et ce ne peut être sans intention que vous avez chargé mon coeur d'un fardeau de désespoir que vous savez bien qu'il ne peut supporter.
je t'ai vu, et tout a disparu ; je t'ai vu, et ton image seule est restée là, devant mes yeux. Dès lors, plus d'autres plaisirs ; mon bonheur, mon orgueil, ma vie, tout s'est confondu, anéanti dans le désir de te plaire et le besoin de t'aimer ; mais aussi quelle source inépuisable de félicité, et comme elle rend froids et insipides tous les plaisirs que l'on goûte sans elle !
Non, tu ne me trahiras pas, tu ne trahiras pas ces serments tant de fois répétés ; tu ne les profaneras point par des sensations étrangères ; tu ne le pourrais pas. Il y a dans l’amour autre chose que l’amour, une union plus intime encore, des rapports qu’il n’appartient pas aux âmes communes de comprendre ni de sentir, un entraînement d’un être vers l’autre, qui ne tient à rien de ce que la pensée peut définir. C’est par l’accord involontaire de ces sentiments, de ces délices inconnues, que nous sommes unis, chère âme de ma vie ! Que peut une Mme de B*** contre des liens si sacrés ?