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Critique de Garoupe


Voilà un livre qui par son histoire sublimée par l'écriture de l'auteur vous prend de la première à la dernière page, sans vous lâcher un seul instant. Et pourtant, ce n'est ni un polar, ni un thriller, ni un « page turner »,… C'est un peu un livre hybride dans lequel on retrouver à la fois une histoire qui a de forts accents de science-fiction ou de roman d'anticipation (quand bien même il se passe en 2009-2010) et aussi une vraie réflexion sur la mort, l'immortalité, l'âme et la conscience, l'identité, le pouvoir des mots.

L'histoire est somme toute simple : un homme, anglais, professeur d'université, spécialiste de Samuel Johnson, découvre qu'un groupe de personnes ont découvert comment « encoder » la personnalité de n'importe qui, à travers les mots de chaque individu, et surtout comment l'intégrer dans un autre corps. Une sorte d'immortalité intellectuelle et spirituelle.

Ce qui l'est beaucoup moins (simple), c'est la narration de Marcel Theroux, sans toutefois en faire un truc totalement alambiqué et incompréhensible, loin de là. Il part du récit autobiographique que fait Nicholas Slopen, le professeur universitaire mentionné précédemment, lors de son internement dans l'unité des malades dangereux de l'hôpital de Bedlam. S'il est interné, c'est que le professeur Nicholas Slopen qu'il dit être est mort dans un terrible accident de circulation plusieurs mois avant.

A partir de là et à travers le récit de Slopen, le lecteur est invité à découvrir sa personnalité, la manière dont il est entré en contact avec les instigateurs de cette technique d'encodage de la personnalité, les ramifications tentaculaires de l'organisation en charge de l'exploitation de ce procédé, des méthodes coercitives de cette organisation, des efforts et vaines tentatives de Slopen pour contrecarrer les plans de l'organisation, mais aussi des réflexions éthiques sous-jacentes (place du « donneur », place et libre-arbitre du « récepteur », rapport et cohabitation entre les « complexes essentiels » et les « complexes auxiliaires », existence de l'original et de la copie, confrontation de ces entités, interactions,…). Rendons aussi grâce à Marcel Theroux pour ce titre, « Corps variables », qui au final contient toutes les nuances de son histoire, toutes les variations de son propos, et à Stéphane Roques pour l'excellence de sa traduction.

Marcel Theroux construit un récit particulièrement intelligent : brillamment agencé pour dévoiler les éléments de l'histoire petit à petit, savamment agrémenté de nombreuses références littéraires, notamment aux auteurs russes, précurseurs pour Marcel Theroux de cette capacité à refléter l'âme humaine et la personnalité de leurs personnages (ou d'eux-mêmes) dans leurs écrits. Ce roman inclassable tient de tellement de choses disparates et pourtant Marcel Theroux parvient sans fausse note à les relier et à les allier pour un résultat époustouflant de maîtrise et passionnant autant que troublant. D'ailleurs, suis-je moi-même moi-même ou une copie ?

Un gros gros coup de coeur pour ce livre paru en février 2015. Il n'est pas trop tard pour rattraper votre retard !

Lien : http://wp.me/p2X8E2-vH
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