AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 24 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai acheté Infernet suite à une rencontre avec Pacôme Thiellement et son éditeur organisée par la librairie Goulard, à Aix-en-Provence. Je ne connaissais pas l'émission qui a précédé le livre et qu'on peut visionner sur Youtube sur la chaîne de Blast.
Infernet présente le côté blackmirror des réseaux sociaux : des moments où la vie de ceux qui les utilisent a dérapé en -grande- partie à cause d'eux.
Pacôme Thiellement est un conteur fabuleux. Je n'ai à priori pas d'appétence pour les histoires sordides et pourtant j'ai dévoré les pages d'Infernet. Chaque chapitre raconte un personnage, issu d'une personne réelle, il sait redonner à chacun son humanité en apparence perdue. Il nous explique comment leur présence en tant qu'avatar sur le Net a servi de catalyseur pour les faire basculer dans la folie.
Mais, ce qui m'a vraiment intéressée c'est la réflexion sur notre société que l'auteur en tire, ce que chaque récit nous apprend de l'animal social si particulier qu'est l'humain.
En refermant se livre, il semble qu'on devrait se dire qu'on a envie de contact, d'interactions réelles avec d'autres humains. C'est sans doute ce que vous inspirera cette lecture.

Comme Pacôme Thiellement, j'ai fait un burnout des réseaux sociaux il y a quelques années. Pour moi, perdue avec mes intérêts spécifiques dans une société qui n'en a rien à faire, coincée dans la vanité des conversations sur le temps qu'il fait, les réseaux sociaux ont été comme un Eldorado… Après mon breakdown j'y suis revenue, à pas feutrés et prudents, en prenant garde de ne pas trop m'y investir.

Et pourtant... Il y a moins d'une semaine j'ai eu la velléité de m'y réinvestir totalement. Car, c'est l'arme de sociabilité massive qui me permettrait de trouver un lectorat pour mes romans m'a expliqué une conseillère en communication. Elle m'a détaillé comment il faudrait que j'utilise les codes propres au réseau social visé pour produire des contenus très régulièrement afin de fidéliser une communauté qui me soutiendrait. Pour cela il faudrait m'y montrer « comme tout le monde » avec des contenus anodins pour créer une impression de proximité sans trop montrer ma véritable intimité. L'objectif qu'elle m'avait proposé était de m'insérer dans le hashtag booktok sur TikTok. Je suis donc allée voir pour y intégrer ces fameux codes : on y présente son livre en montrant la tranche, il faut visiblement que le livre soit très épais, on ne parle pas vraiment du livre mais de l'effet qu'il a eu sur soi, ou de son achat… Non, je ne peux pas faire ça ; je ne trouverai jamais de lectorat ! Être sur les réseaux pleinement comme l'explique Pacôme Thiellement c'est incarner un avatar et je ne peux m'y résoudre.

Au cours de la discussion une participante a évoqué l'idée d'imaginer un futur où l'utilisation des réseaux sociaux serait plus saine. Je n'ai pas osé lever la main pour partager mon expérience ; tout le monde semblait déjà assez plombé par la réalité. Mais, mon fils de 13 ans a déjà trouvé sa « solution » pour ne pas être affecté par les réseaux sociaux : il les utilise comme des réseaux non-sociaux ou méta-sociaux : son compte quasi-anonyme lui sert à faire des records de vues en postant des moments de « vie » de son personnage sur GTA. Il a tout un tas de techniques ésotériques pour parvenir à ses fins et m'annonce fièrement ses performances…

Vers la fin, Pacôme Thiellement a évoqué la nécessité d'imaginer des utopies pour inspirer un futur différent. Mon intérêt spécifique number one a le vent en poupe depuis quelques années et maintenant il surgit de tous les côtés, un véritable ouragan ! J'étais aux anges, peut-être en fera-t-il le sujet d'un prochain essai.

À part un court passage où Pacôme Thiellement surpique du drama concernant Instagram en écrivant « Mais nous savons aussi que, plus nous essayons d'influencer les autres par notre style de vie, plus nous nous mettons en danger de mort. » j'ai adoré ce nouvel essai.

Il décrit les relations qu'on entretient avec les autres sur les réseaux sociaux comme je décrirais les relations qu'entretiennent les gens dans le monde réel. Est-ce dû à mon autisme ou aurais-je la même analyse si je ne l'étais pas ?
Je ne trouve pas le fonctionnement des réseaux sociaux très différents de la vie réelle sauf que tout le monde y est autiste c'est-à-dire sans accès au signifiants non-verbaux qui permettent habituellement aux neurotypiques de juger du degré de sincérité de leur interlocuteur. Les gens dans la vie réelle jugent leurs semblables à l'aune de leur adhésion à la norme ambiante ; ça n'est pas différent. La différence sur les réseaux sociaux c'est qu'on peut plus facilement tricher pour apparaître normé. Les burnout des neurotypiques sur les réseaux sociaux sont des miroirs des burnout des autistes en masking permanent dans le réel.
Les réseaux sociaux sont une caricature du réel où les relations sociales semblent souvent se résumer à une lutte entre égos prosélytes.




Commenter  J’apprécie          50
Pacôme Thiellement navigue dans les travers du net pas très net et nous raconte des faits divers liés à la toile et aux réseaux sociaux tel un Pierre Bellemare 2.0. Entre une influenceuse assassinée par son compagnon, une youtubeuse sur qui ses fans projettent des fantasmes de persécutions, un footballeur amoureux d'une personne qui n'existe pas, un ancien vegan qui devient au péril de sa vie le plus gros mangeur du net, une femme qui "par amour" pousse un homme au suicide, une intelligence artificielle nazie, une mort mystérieuse dans un hôtel maudit, Mother God, une gourou complètement tarée, des femmes si seules et crédules qu'elles sont prêtes à envoyer tout leur argent à l'autre bout du monde pour aider celui qu'elles prennent pour l'amour de leur vie et une charge terrible mais juste contre Mark Zuckerberg, l'ouvrage est riche et passionnant. Angoissant aussi pour ce qu'il raconte de la misère humaine grossie mille fois à travers ce que le net dit de nous et déverse sur nous. L'auteur clôt son livre par un honnête autoportrait en parallèle avec l'évolution de l'informatique depuis trente ans.
Masse Critique Babelio
Commenter  J’apprécie          20
Pacôme Thiellement possède une belle plume et use d'idées bien à lui. Il a une façon de poser un entonnoir sur un fait divers, pour aller du factuel vers la sentence prophétique, qui n'appartient qu'à lui. Ses écrits permettent de prendre quelques distances avec ses vidéos sur YouTube aux effets sonores et visuels souvent (délicieusement) malaisants. J'adore en lui sa manie de précision de noms, de dates voir d'heures, qui installé un climat d'urgence et de traqique. Loin d'être un simple catalogue de faits crapuleux, C'est le regard singulier d'un expert en pop culture sur un fait culturel majeur et ses chemins de traverse philosophiques, sociologiques et artistiques. On en ressort édifié et lessivé. Longue vie à Pacôme Thiellement.
Commenter  J’apprécie          00
Si l'adepte d'Infernet diffusé via Blast et disponible gratuitement sur Youtube cherche du nouveau, il pourra passer son chemin. Les douze enquêtes reprises ici sont des retranscriptions des vidéos. Toutes ces histoires sont des anecdotes glaçantes, qui invitent à réfléchir sur ce qu'est Internet et les réseaux sociaux, et donc les limites et le pire de ceux-ci. On a ainsi une influenceuse assassinée par son petit ami lors d'un road-trip, énième féminicide mais au prisme d'Instagram ; une star de football américain qui tombe amoureux d'une femme n'ayant jamais existé ; un YouTubeur américain mangeant à se faire exploser pour gagner coûte que coûte en popularité… Ces faits divers sont sidérants et angoissants, parfaitement servis par les talents de conteur de Pacôme Thiellement qui sait à la fois raconter des faits, et en tirer des réflexions philosophiques et sociologiques bienvenues. On sera donc en droit de préférer visionner les vidéos préexistantes qui, par leur intelligent montage alliant photos, vidéos, captures internet, etc., permettent de se plonger réellement au coeur de ces true crime stories.

La véritable plus-value du livre tient dans le texte autobiographique intitulé « Internet et moi (une confession) ». Pacôme Thiellement y narre sa découverte du Net, ses premiers échanges de mails et ses premiers pas sur les réseaux sociaux, la tentative de suicide d'un de ses meilleurs amis. Il évoque également son « burn-out » des réseaux sociaux à la suite d'une étrange histoire d'amour.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (65) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
859 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}