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Critique de Fandol


Avec Nous qui n'étions rien, Madeleine Thien plonge son lecteur dans cette Chine populaire qui nous a inquiétés, choqués, scandalisés, fait rêver parfois, affolés aussi au cours du XXe siècle, tout cela sur un fond musical d'une richesse et d'une érudition extrêmes.
Le livre, comme l'auteure, base son point de départ au Canada, à Vancouver, où des familles chinoises ont trouvé refuge, fuyant un régime niant toute initiative individuelle et qui embrigadait son peuple. Jiang Kai, le père de Marie Jiang ou Jian Li-ling, la narratrice, était un pianiste célèbre mais on apprend qu'il s'est suicidé à Hong-Kong, en 1989. Déjà, sont évoquées les manifestations tristement célèbres de la place Tian'anmen, à Pékin, la même année.
Marie Jiang part ainsi à la recherche des membres de sa famille, compare les caractères, signale qu'on ne parle pas tout à fait la même langue d'un lieu à un autre de cet immense pays et remarque : « Sur la table, les papiers de mon père ressemblaient à de l'écume surgissant à la crête d'une vague prête à exploser sur le tapis. »
C'est l'arrivée d'Ai-ming, le 16 décembre 1990, une Chinoise qui a fui son pays par le Kirghizistan, sans passeport, qui va précipiter les choses mais la quête sera très longue et passera pas des allers-retours pénibles entre le présent et un passé d'une densité folle et compliquée entre de nombreux personnages. Certains ont gardé leur nom chinois mais pour d'autres on a francisé et c'est ainsi que l'on fait connaissance avec Pinson, Grand-mère Couteau, Vrille sa soeur, Wen le rêveur son mari, Ours volant… la liste serait trop longue. D'ailleurs, il a été nécessaire de mettre un petit arbre généalogique au début du livre et je m'y suis reporté de temps à autre.
Ce roman est une gigantesque fresque durant laquelle, je l'ai dit, la musique revient sans cesse. Si Jiang Kai était pianiste, Pinson était compositeur, Zhuli une formidable violoniste et le conservatoire de Shanghai où ils habitent, est le centre de nombreux événements jusqu'à ce que la Révolution culturelle de sinistre mémoire ravage tout.
J'ai trouvé lassant cette analyse constante de la musique ou alors, j'aurais bien aimé pouvoir entendre en même temps les oeuvres signées Bach, Prokofiev, Beethoven, etc… même comme c'est si bien écrit : « La musique accompagnait les naissances, les rituels, le travail, les défilés, l'ennui, les affrontements et la mort ; la musique et les histoires, même en des temps comme ceux-là, étaient des refuges, des passeports, partout. »
Dans ce beau livre des éditions Phébus découvert grâce à Babelio, le Livre des traces sert de trame romanesque. Il suffit de remplacer les noms imaginaires par leurs noms réels pour connaître l'histoire de la famille.
Enfin, c'est lorsque débutent les manifestations des étudiants rejoints par les ouvriers dans Pékin et sur la place Tian'anmen comme dans d'autres villes du pays, que le roman prend toute son envergure. Ai-ming, la fille de Pinson, raconte. Elle est au coeur de ce qui se passe avec Yiwen, son amie, et c'est passionnant, bouleversant et tellement important pour ne pas oublier ce qu'ont vécu tous ces gens qui ont démontré un courage extraordinaire

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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