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EAN : 9782752911520
Phébus (03/01/2019)
4.14/5   42 notes
Résumé :
À Shanghai, pendant la Révolution culturelle, deux familles d’artistes nouent des liens que rien ne viendra briser. Des décennies plus tard, à Vancouver, une jeune femme entreprend de reconstituer leur histoire à l’aide du Livre des traces, un roman sans début ni fin, à la fois fictif et véridique, qui semble renfermer toutes les vies possibles. Ainsi débute une étourdissante quête des origines entre les mailles de l’histoire, la vraie, et l’inventée.

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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Madeleine Thien, écrivaine canadienne d'origine chinoise, nous déploie à travers l'histoire d'une petite fille chinoise immigrée au Canada dans les années 80, un vertigineux roman épique qui englobe plus de quarante ans d'Histoire de la Chine communiste. Des carnets (« The Book of Records ») trouvés à la mort du père et déchiffrés par une jeune exilée chinoise accueillie par la mère sera le fil rouge et la source de cette histoire, qui est aussi celle de deux soeurs, deux familles de musiciens, et du père disparu, pianiste de renommé en Chine.....des histoires individuelles encastrées les unes dans les autres, sur fond de la grande Histoire.
La narratrice est la petite fille devenue une jeune femme de trente-cinq ans, mathématicienne. Un livre qui regorge de musique et de poésie mais aussi beaucoup d'amertume, de tristesse, d'injustice et de cruauté dû à l'avènement d'un nouveau régime, qui au nom de reconstruire une "nouvelle" société décima tout sur son chemin, y compris le riche patrimoine culturel et ses enseignants. Des milliers de gens furent enfermés dans "des camps de ré-éducation ", pour crimes contre-révolutionnaires, des crimes que même leurs bourreaux eux-mêmes peineront à définir, comme la possession de livres de musique ou de poésie.

Un livre, symbol d'immortalité, dont les trente et uns carnets symboliques copies d'originaux voyageront dans le temps et l'espace jusqu'à nos jours, comme gardiens de la mémoire pour l'éternité.
Un livre sur l'importance de nos racines, dont ce monde où la mondialisation
et les flux migratoires ont brouillé les pistes de nos appartenances aussi bien en bien qu'en mal.
Un livre dont j'ai adoré tous les personnages féminins, sans exception, dont Big Mother Knife et Old Cat !
Un livre dont je n'ai juste pas compris le sens du titre français, tout autre que l'original, "Do not say we have nothing", "Ne dit pas que nous n'avons rien", qui n'a rien à voir avec "Nous qui étions rien", dont je n'ai pas bien compris le sens dans le contexte du livre. Une des protagonistes, aprés que les Gardes rouges eurent tout décimé dit " Toutes ces choses que nous n'avons plus sont rien comparés à toutes les choses que nous avons eu" ,("All these things that we don't have are nothing compared to the things we did have.")....., d'où je pense vient le titre original, très touchant et profond.
Un livre intéressant, une magnifique prose ( v.o.) aux envolées lyriques, mais très frustrant. Frustrant, la dualité du caractère humain, la description de la stupidité des masses ( les lynchage m'ont particulièrement révoltée et dégoûtée ), d'un peuple soumis, crevant de faim, qui ne perd pas foi en son bourreau, et docile continue à faire son autocritique ( pour se faire encore plus humilier ? ) , allant jusqu'à dénoncer sa propre famille, comme lui impose le Parti, creusant de ses propres mains son propre tombeau....bien que l'auteur finalement en arrive à l'abrutissement de l'individu par ces régimes autoritaires qui éradique toute volonté et tout désir de lutter chez l'homme, la peur étant devenu la constante de base, si bien qu'il n'est même plus perçue comme Peur. L'absurdité de cette violence et soumission qui achève le propre de l'individu, a finit par me donner la nausée, malgré la beauté du texte et des passages terriblement émouvants ( “J'ai choisi ma vie, Ai-ming” dit-il, “J'ai choisi la vie que j'étais capable de vivre”).
C'était un tout petit peu long et émotionnellement fatigant pour moi......



“The stupidity we went through, a whole generation slapping its own head … how come we keep arriving at the same point?”
( Notre propre imbécilité , toute une génération à cogner notre propre tête.......comment fait-on pour en arriver toujours au même point ? )


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Avec Nous qui n'étions rien, Madeleine Thien plonge son lecteur dans cette Chine populaire qui nous a inquiétés, choqués, scandalisés, fait rêver parfois, affolés aussi au cours du XXe siècle, tout cela sur un fond musical d'une richesse et d'une érudition extrêmes.
Le livre, comme l'auteure, base son point de départ au Canada, à Vancouver, où des familles chinoises ont trouvé refuge, fuyant un régime niant toute initiative individuelle et qui embrigadait son peuple. Jiang Kai, le père de Marie Jiang ou Jian Li-ling, la narratrice, était un pianiste célèbre mais on apprend qu'il s'est suicidé à Hong-Kong, en 1989. Déjà, sont évoquées les manifestations tristement célèbres de la place Tian'anmen, à Pékin, la même année.
Marie Jiang part ainsi à la recherche des membres de sa famille, compare les caractères, signale qu'on ne parle pas tout à fait la même langue d'un lieu à un autre de cet immense pays et remarque : « Sur la table, les papiers de mon père ressemblaient à de l'écume surgissant à la crête d'une vague prête à exploser sur le tapis. »
C'est l'arrivée d'Ai-ming, le 16 décembre 1990, une Chinoise qui a fui son pays par le Kirghizistan, sans passeport, qui va précipiter les choses mais la quête sera très longue et passera pas des allers-retours pénibles entre le présent et un passé d'une densité folle et compliquée entre de nombreux personnages. Certains ont gardé leur nom chinois mais pour d'autres on a francisé et c'est ainsi que l'on fait connaissance avec Pinson, Grand-mère Couteau, Vrille sa soeur, Wen le rêveur son mari, Ours volant… la liste serait trop longue. D'ailleurs, il a été nécessaire de mettre un petit arbre généalogique au début du livre et je m'y suis reporté de temps à autre.
Ce roman est une gigantesque fresque durant laquelle, je l'ai dit, la musique revient sans cesse. Si Jiang Kai était pianiste, Pinson était compositeur, Zhuli une formidable violoniste et le conservatoire de Shanghai où ils habitent, est le centre de nombreux événements jusqu'à ce que la Révolution culturelle de sinistre mémoire ravage tout.
J'ai trouvé lassant cette analyse constante de la musique ou alors, j'aurais bien aimé pouvoir entendre en même temps les oeuvres signées Bach, Prokofiev, Beethoven, etc… même comme c'est si bien écrit : « La musique accompagnait les naissances, les rituels, le travail, les défilés, l'ennui, les affrontements et la mort ; la musique et les histoires, même en des temps comme ceux-là, étaient des refuges, des passeports, partout. »
Dans ce beau livre des éditions Phébus découvert grâce à Babelio, le Livre des traces sert de trame romanesque. Il suffit de remplacer les noms imaginaires par leurs noms réels pour connaître l'histoire de la famille.
Enfin, c'est lorsque débutent les manifestations des étudiants rejoints par les ouvriers dans Pékin et sur la place Tian'anmen comme dans d'autres villes du pays, que le roman prend toute son envergure. Ai-ming, la fille de Pinson, raconte. Elle est au coeur de ce qui se passe avec Yiwen, son amie, et c'est passionnant, bouleversant et tellement important pour ne pas oublier ce qu'ont vécu tous ces gens qui ont démontré un courage extraordinaire

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Puissant et très émouvant ! Musique et persécutions rythment la vie d'une famille chinoise, de la guerre sino-japonaise à la répression de Tian'anmen. Ils aiment et jouent (très bien) Bach, Beethoven, Prokofiev et Ah Bing (que je viens de découvrir avec beaucoup de plaisir grâce à ce roman). Une famille de musiciens que nous suivons sur trois générations. Trois générations sacrifiées sur l'autel d'une idéologie qui voulait créer un Homme Nouveau et qui n'aura réussi qu'à en massacrer cruellement plusieurs dizaines de millions.
Le titre anglais (ne pas dire que nous n'avons rien) en dit plus que sa version française. Les personnages sont dans l'impossibilité de se plaindre des misères et de l'injustice qui leur sont faites. Non seulement, ils doivent souffrir en silence, sans pouvoir clamer leur innocence, mais on les force à avouer des fautes qu'ils n'ont jamais commises. Ceux qui refusent sont exécutés ou poussés au suicide. Au fil des pages, à travers le destin tragique de ces modestes et attachants personnages, qui ne souhaitaient qu'aimer leur famille et travailler le don dont ils avaient hérité, mais qui seront tous brisés par cette effroyable mécanique, l'auteure règle le compte du Maoïsme, effroyable usine à malheur et à cruauté, tapie derrière des grands mots poétiques dont la Chine a le secret : Grand Bond en Avant, Cent Fleurs, Révolution Culturelle. C'est fort !
Commençons par la musique, à la fin des années 40 : « C'était une époque de chaos, de bombes et d'inondations, où les chansons d'amour coulaient des radios et sourdaient dans les rues. La musique accompagnait les mariages, les naissances, les rituels, le travail, les défilés, l'ennui, les affrontements et la mort ; la musique et les histoires, même en des temps comme ceux-là, étaient des refuges, des passeports, partout. »
« A l'époque, un village pouvait changer de mains toutes les deux ou trois semaines, un jour dans celles des communistes, l'autre dans celles des nationalistes, et le lendemain, des Japonais… Mais dans les salons de thé, tout le monde pouvait partager quelques chansons. Les gens savaient que la famille et les liens du sang étaient réels, racontait Mère Couteau. Ils savaient que la vie ordinaire avait déjà existé. Mais personne ne pouvait leur dire pourquoi, du jour au lendemain et sans raison valable, tout ce qui leur était cher avait été réduit en poussière. »
Vous avez raté l'évolution politique de la Chine sur les soixante-dix dernières années ? Ce roman vous remettra à jour d'une façon que vous n'oublierez pas.
Ils n'ont que la solidarité familiale et la musique pour affronter les cataclysmes qui vont s'abattre sur eux pendant soixante-dix ans. Grand Bond en Avant, Cent Fleurs, Révolution culturelle. Jusqu'à l'espoir noyé dans le sang de la place Tian'anmen (Paix Céleste !). En guise de fleurs ou de bonds en avant, il n'y a que dénonciations, spoliations, séances d'autocritiques, seuls face à la foule haineuse et violente, défilés en ville pour subir insultes, crachats, coups pendant de longues heures, déportations, camps de travail et de « rééducation », exil à l'autre bout du pays sans espoir de revoir ses proches, famines effroyables, obligation de dénoncer les propres membres de sa famille.
« (Zhuli) allait apercevoir les pancartes qui séchaient sur la table de la cuisine. Da Shan et Ours Volant avaient été forcés de critiquer Zhuli, Vrille et Wen le Rêveur. Ces dénonciations seraient affichées au matin. Traitez-la de fille de sale droitiste, leur avait ordonné Ba Luth. Il le faut. Allez écrivez. Ne me regardez pas comme ça. Ce n'est rien, seulement des mots. Da Shan, si tu ne dénonce pas Zhuli, ce sera encore pire pour elle. Ils reviendront en disant qu'elle est un démon, qu'elle s'est infiltrée dans nos vies. Laissons-les nous humilier, si c'est ce qu'ils veulent. Mieux vaut être humble, tu ne crois pas ? Tu ne voudrais pas que ton pauvre père, que tes frères perdent la vie ? L'adolescent trempa son pinceau en tremblant. Avec soin, il traça le nom de Zhuli.»
La fin du roman est d'une telle intensité, les personnages tellement émouvants qu'on finit par tourner les pages à la vitesse d'un bon polar. Que peut-on accepter de faire pour continuer à vivre lorsqu'on est déjà un survivant ? Jusqu'où peut-on s'oublier et tendre la main à celui qui est en danger?
A lire absolument, si possible en écoutant de la musique traditionnelle chinoise qui, avec erhu, dizi et pipa, accompagne tellement bien ce voyage aussi éprouvant que poétique.
Mes remerciements à Babelio et aux éditions Phebus qui m'ont permis de découvrir en avant-première ce magnifique roman.
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Une jeune femme, Marie, née au Canada de parents chinois, essaie de reconstituer son passé, ses racines chinoises. Elle est en quelque sorte guidée par une jeune fille, Ai-Ming, qui passe quelques temps chez eux. Ai-Ming fuit la Chine en 1989, après les événements de la place Tian'anmen, son père Pinson ayant été très proche du père de Marie, Kai. Ai-Ming raconte à la petite fille qu'est Marie, la vie de sa famille, de sa grand-mère Couteau, son grand-père Ba, de Vrille sa grand-tante...Après le départ de Ai-Ming, Marie voudra et ne pourra la retrouver, mais à travers des lettres, des témoignages, des objets, des rencontres et voyages, elle va reconstituer la vie de la famille de Ai-Ming et aussi un peu de celle de son père, mort jeune. Une histoire soumise aux vicissitudes de l'Histoire de la Chine du XXe siècle, guerre civile, les Cent fleurs, le Grand bond en avant, la Révolution culturelle, Tian'anmen … Une histoire cruelle, dans laquelle personne n'a été épargné, tout le monde devient victime à un moment ou un autre.

Nous suivons successivement les vies mouvementées des personnages, avec en contrepoint le regard de Marie. La famille d'Ai-Ming est une famille de musiciens, qui vivent passionement leur rapport à cet art, pour qui elle est source de bonheur, qui pourrait être une consolation. Mais même l'art peut devenir suspect et dangereux dans un régime qui veut tour régenter, y compris les pensées. Tous les personnages auront à faire à un moment des choix, même si au final, il en n'en existe pas de bons.

Madeleine Thien tisse petit à petit une vaste fresque polyphonique, donnant voix à des multiples personnages, en brossant sans doute à travers eux un tableau du peuple chinois dans son ensemble, pendant ces années difficiles, dans cette histoire tourmentée. Comme un musicien, elle construit plusieurs mouvements, des motifs qui reviennent, des leitmotivs, des sonorités disparates qui se rejoignent. Des moments de violence sont précédés de moments joyeux ou tendres, la tristesse cède la place à la sérénité. Ce n'est pas un résumé d'événements historiques précis et détaillé on y croise pas vraiment de personnages célèbres, il s'agit plutôt d'évoquer les résonances de ces événements sur des gens ordinaires, qui y ont participé bien malgré eux, qui ont été entraînés, parfois détruits par l'onde de choc. L'humain, le sensible, sont ici au premier plan, plutôt qu'une analyse historique à proprement parlé. C'est émouvant sans trop tirer vers le pathos et l'émotion facile.

L'approche est poétique, il y a des ellipses, des métaphores, des symboles. Comme celui de ce livre, que plusieurs personnages du roman recopient par morceaux tour à tour, en les inventant, en y opérant des changements, en participant à sa création ininterrompue. Un livre qui n'aura pas de fin, comme nous ne connaîtront pas le destin dAi-Ming. La fin demeure ouverte, c'est au lecteur, et à l'histoire future de continuer à raconter la suite.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Phébus (décidément l'un de mes éditeurs préférés) de m'avoir proposé ce merveilleux livre, que je n'aurais peut-être pas lu sans cela, ce qui aurait été dommage, tant j'ai passé un beau moment en sa compagnie.
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Un récit magnifique, puissant, intense, qui nous plonge dans la Chine de la Révolution culturelle, jusqu'aux manifestations de la place Tian'anmen. Il ne s'agit pas d'un livre d'histoire centré sur les faits mais plutôt d'un livre d'ambiance centré sur les gens. On prendrait grand plaisir à le lire, même s'il s'agissait d'une pure fiction. Je vous le recommande très chaudement !

Je suis dépité à l'idée de rédiger un commentaire qui ne sera pas à la hauteur de ce que ce livre mérite. Car je l'ai lu dans de mauvaises conditions: non seulement j'étais fort fatigué et en plus, mon temps de lecture à été morcelé par divers imprévus. Bref, à mon grand regret, je n'ai pas pu donner toute l'attention qu'il m'aurait fallu donner.

Je me suis laissé bercer par le texte, mélangeant parfois les personnages, oubliant parfois certains faits. Mais, c'est remarquable, le livre autorise aussi cette lecture-là. Je veux dire que j'ai pris plaisir à apprécier les portraits de musiciens se retrouvant à travailler en usine, ou des portraits de militants, des portraits de jeunes étudiants, des portraits de personnes plus âgées…

J'ai pris plaisir à me sentir plongé dans une sorte de rêve poétique où la musique a une place prépondérante. Plusieurs personnages du récit sont des artistes passionnés. On les voit chercher à tout prix à poursuivre leur travail de composition, on les voit prendre plaisir à écouter ou à interpréter des compositions européennes, malgré toutes les embûches semées par le régime politique. Voir ces gens guidés par leur passion est pour moi une source d'énergie d'une grande valeur.

L'auteur excelle également à faire ressentir combien la Révolution culturelle a été vécue différemment dans les grandes villes par rapports aux campagnes.

Ma connaissance de cette période de l'histoire de la Chine se réduit à peau de chagrin. Je ne m'aventurerai pas à porter le moindre jugement sur la valeur historique du livre. S'il dépeint fidèlement la réalité de l'époque, tant mieux. Mais si ce n'est pas le cas, peu importe: sa valeur littéraire est une raison suffisante pour en entamer la lecture. Une lecture d'hiver, dirais-je, une lecture pour s'installer bien au chaud et s'évader de longues heures dans un autre monde.

Je remercie les éditions Phébus de m'avoir fait découvrir cet ouvrage et son auteure dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio. Je suis déjà curieux d'entamer d'autres ouvrages de Madeleine Thien.
Commenter  J’apprécie          2012


critiques presse (4)
Actualitte
20 février 2019
Il est des romans-monde où l’on se laisse d’emblée aspirer pour rêver, pleurer, aimer, trembler, penser aussi, page à page [...] Nous qui n’étions rien [...] nous emporte dans le souffle de l’histoire, celle de la Chine depuis les années 1930.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
19 décembre 2018
Un roman comme une partition musicale avec un grand sens du rythme et des harmonies. Madeleine Thien réussit un exploit en liant l'histoire de la Chine, énigmatique et violente, aux récits émouvants de celles et ceux qui « survivent », un temps du moins, grâce à l'art.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
17 décembre 2018
Un roman puissant, complexe et remarquablement sensible, traversé de personnages fascinants et dans lequel la musique joue un rôle de premier plan. Un mélange parfait de l’intime et des secousses de la grande Histoire
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
26 octobre 2018
Roman autant intime qu'épique, sensible et brillant, qui suit le destin de quelques dizaines de personnages, musiciens pour la plupart, des années 30 à aujourd'hui en Chine. Tant dans le fond que dans la forme, il s'agit d'un livre comme il s'en écrit fort peu en une décennie.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
“When the famine began in 1959, the priests showed they were only men after all and had no idea how to multiply fish or loaves. My mother, father and two sisters all died that winter. Even Father Ignatius starved to death......I watched them starve. I was the youngest and the only son, and they did everything to protect me. Our village cadres blocked letters to distant family. Anyone caught trying to leave the village was arrested. The punishment was severe. If you’ve never been hungry, you can’t imagine … When I first came to Shanghai, I saw that it might as well be a different planet. People had not … they knew nothing about the famine or the ruin.

(Quand la famine débuta en 1959, les prêtres durent accepter qu’ils étaient de simples humains dans l’incapacité de multiplier poisson ou pain. Ma mère, mon père et mes deux sœurs moururent cet hiver. Même Père Ignatius creva de faim...Je les ai regardés s’affamer.J’étais le plus jeune et enfant unique, et ils ont tout fait pour me protéger. Les cadres du village ont bloqué tout courrier à la famille éloignée.Qui voulait s’enfuir du village était arrêté. La punition était sévère. Si vous n’avez jamais eu faim, vous ne pouvez pas l’imaginer.....Quand j’arriva la première fois à Shanghai , j’ai vu que j’étais sur une autre planète. Les gens n’avaient....ne savaient absolument rien de la famine ni de la ruine.)
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Was there anyone in this world who could taste something delicious—economic freedom and political reform—a taste that was salty and fattening and sweet and promising, and only be satisfied with one mouthful? Who could wait patiently for nearly a billion other people to also have a taste? No, anyone would try to get a second mouthful, a third, a whole bowl for themselves.
(Existait-il dans ce monde quelqu’un qui puisse goûter quelque chose de délicieux
- liberté économique et réforme politique- au goût salé et riche et sucré et prometteur, et en être satisfait qu’avec une seule bouchée? Qui attendrait patiemment que presque un milliard d’autres personnes puissent le goûter aussi ? Non, qui que ce soit essaierait d’avoir une seconde bouchée, une troisième, et finalement le tout pour lui-même )
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....C'est ainsi qu'elle partit examiner l'endroit où était apparu le vieil homme. Tapie dans l'ombre d'un arbre noueux, elle trouva une pierre nue, sombre, et en dessous, de l'herbe aplatie et une branche patinée par l'usure : une poignée. Elle souleva la trappe. Il y avait une corde avec des nœuds. Zhuli était mince et, malgré son encombrant manteau matelassé, elle parvint à descendre sans mal.
A certains égards, cette cachette était plus confortable que la pièce dépouillée qu'elle habitait avec ses parents. Elle se situait juste sous la surface du sol, comme si on avait enterré une grande boîte de bois robuste avec un boudoir à l'intérieur, comme un paradis pour Vieux Ouest. Il y avait un fauteuil rembourré assez grand pour accueillir six Zhuli, une lampe à huile importée et une caisse de pétrole lampant, des piles et des piles de livres et un tapis moelleux. Elle alluma la lampe et, après avoir refermé la trappe, elle avisa deux instruments de musique, un qin et un erhu, dont elle ne connaissait toutefois pas les noms à l'époque. Le qin était lourd et froid lorsqu'elle le posa sur ses cuisses, et sa rudesse avait quelque chose de grinçant. Au début, elle se contenta de rester assise avec l'objet, observant la pièce qui lui paraissait moderne et étrange par rapport à sa maison en brique crue. Les livres, qui tombaient en poussière, étaient issus d'un autre âge : ils venaient littéralement d'un autre continent, tandis que le lourd qin avait l'air vivant. Posé sur ses cuisses, il semblait inspirer, expirer, comme l'arrière-grand-père à qui il avait sans doute appartenu....
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En 1958, pendant le Grand Bond en avant, le vrai visage de notre Révolution s'est révélé. Pourquoi diable nos dirigeants voulaient-ils que les fermiers se fassent fabricants d'acier ? Comment ont-ils pu imaginer qu'un garçon qui avait étudié la terre toute sa vie produirait du minerai de fer à partir de rien? Je pense que c'est beaucoup plus qu'une question d'idéologie, de production et de besoins matériels. Il fallait que nous devenions ce qu'ils avaient décrété que nous étions; nous n'existions que pour être forgés et reforgés par le Parti. Ici, dans ce village, la cuisine collective a fermé par manque de vivres. Le sol et les arbres ont été complètement dépouillés. Il n'y avait plus un seul chaudron pour faire de la soupe, et pas de soupe non plus. En six mois, la moitié de la population est morte de faim, d'abord les enfants et les vieux, puis le reste.
C'est une mort misérable, un dépérissement inutile, et la famine a été silencieuse puisque dans les villes peu de gens étaient au courant de ce qui se passait dans les campagnes. Tout ce qu'ils savaient, c'était qu'une quantité suffisante de nourriture continuait d'arriver par les voies habituelles. Tout le grain a été réquisitionné, voyez-vous, ils l'ont pris sans rien laisser pour les campagnes. Dans le Nord-Ouest, la famine a été catastrophique. Il n'y avait pas de cérémonies. Que peut dire le Parti aux funérailles d'un prisonnier droitiste ? A leurs yeux, nous étions morts depuis longtemps.
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zá jì......... “The things we never say aloud and so they end up here, in diaries and notebooks, in private places. By the time we discover them, it’s too late.”
( zà ji......"Les choses qu'on ne peut jamais dire à haute voix et donc qui finissent ici, dans des carnets, des journaux personnels. Quand on les découvre , c'est déjà trop tard."
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