Jean Thiry avait de la polémographie une vision assez classique, et sa présentation de la bataille de
Marengo (en Italie du nord, non loin de Gênes et de Turin, et plus près encore d'Alessandria [Alexandrie]) rentre tout à fait dans ce type de description, de sorte que l'ouvrage est maintenant un peu daté.
La bataille, livrée le 14 juin 1800, était lourde d'enjeux :
Napoléon Bonaparte venait d'accéder au Consulat à la fin de 1799, et son maintien au pouvoir dépendait en partie de son succès sur le terrain militaire, d'autant qu'il voulait, comme à son habitude, assurer le commandement sur le champ de bataille.
Il n'engagea pas très bien son affaire ce jour-là, et le feld-maréchal autrichien Melas avait bon espoir d'avoir le dessus sur lui. L'affaire semblait entendue dès le début de l'après-midi, et Melas, assez fatigué, pensait pouvoir tranquillement transmettre la direction des opérations au général von Zach avec la certitude d'avoir bataille gagnée.
Cependant, deux éléments allaient bouleverser le cours des choses et permettre aux Français de renverser la situation : le premier est le fait qu'au bruit du canon, le général Desaix, dont l'armée était alors assez éloignée de
Marengo, comprit que
Bonaparte était alors en plein engagement et pouvait avoir besoin de son aide, et sa décision de revenir vers
Marengo avec sa cavalerie allait être déterminante, même si lui-même, sacrifice héroïque, perdit la vie au cours de la charge qui devait aider en partie au retournement de la situation ; le deuxième élément qui détermina le sort des armes ce jour-là fut l'action personnelle du général François Étienne Kellermann qui entraîna ses hommes à sa suite à un moment où l'infanterie ennemie menaçait nos positions.
Sans eux, le succès n'aurait pas été au rendez-vous, et c'est leur action personnelle qui a finalement permis à
Napoléon Bonaparte de sortir victorieux de cette affaire. Il ne reconnut pas ouvertement sa dette à l'égard de ces deux hommes, même si la disparition de Desaix, qui lui avait toujours été fidèle, lui causa du chagrin. Napoléon était toujours tenté, quelle que soit l'aide reçue des autres, de tirer à lui la couverture et de se coiffer des lauriers de la victoire. C'est ce qu'il ne manqua pas de faire une fois de plus en la circonstance.
François Sarindar, auteur de :
Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)