Pour finir, Ben Gourion résuma la situation avec son franc-parler habituel: "Vous remettrez au Mossad votre liste de commissions, et il se chargera d’aller faire les courses. Vous n’aurez pas à vous soucier de savoir où il sera fourni et combien il aura payé."
La connaissance est la première ligne de défense d’un pays. Nul part cette vérité n’est mieux confirmée que dans la relation qui unit l’Etat d’Israël au Mossad.
La première leçon qu'il m'ait été donné d'apprendre en un quart de siècle d'étude des services secrets, c'est que la supercherie et la désinformation sont leur fonds de commerce, au même titre que la subversion, la corruption, le chantage et, quelquefois, l'assassinat. Leurs agents sont formés à mentir, et à trahir leurs plus proches amis.
Il n'y a jamais pénurie de volontaires pour suivre les traces de Wafa'a Ali Idris.
Un peu après midi, ce dimanche de mars 2002, elle s'est faite exploser dans une rue très fréquentée de Jérusalem. Elle a tué un homme de quatre-vingt-un ans et blessé plus de cent personnes - hommes, femmes et enfants. L'explosion lui a arraché la tête, un bras, et lui a laissé un trou béant dans l'abdomen. Une heure plus tard, les radios de Ramallah parlaient d'une "vraie héroïne de notre peuple."
Vous passez des heures - voire des jours - avec lui ; vous lui apprenez tout ce qu'il a besoin de savoir, vous suivez ses progrès pas à pas, vous l'aidez, vous l'assistez dans toutes ses démarches, vous regardez ses photos de famille, vous connaissez les prénoms et l'âge de ses enfants. Et pourtant, l'informateur n'est pas un être humain ; il ne faudra jamais le considérer comme tel. L'informateur n'est qu'une arme, le moyen d'atteindre une cible, un peu comme une Kalachnikov - point à la ligne. S'il faut l'envoyer à l'abattoir, n'y réfléchissez pas à deux fois. L'informateur n'est pas une personne. C'est un numéro.
Pendant trois ans, le Mossad livra une guerre d'usure sans répit contre les Chinois aux quatre coins de l'Afrique. Dans un camp comme dans l'autre, une seule règle prévalait : pas de quartier. Après avoir capturé un katsa [agent du Mossad] au Congo, des agents du CSIS [services secrets Chinois] le jetèrent dans un bassin grouillant de crocodiles, filmèrent son agonie dans l'eau boueuse et envoyèrent les images au chef local du Mossad. Celui-ci riposta en lançant lui-même une roquette contre l'immeuble qui abritait le siège du CSIS. Trois Chinois furent tués.
Mais il arrivait aussi au Mossad de tuer quelqu'un suite à son refus de mettre ses compétences au service d'Israël. Dans ce cas, plutôt que de risquer que les compétences en question tombent un jour aux mains de l'ennemi, leur détenteur était impitoyablement éliminé.
et Rabin, peu après s'être vu remettre le prix Nobel de la paix, décida d'ordonner l'exécution de Shkaki.
Quand on ne fait pas partie de la solution, c'est qu'on fait partie du problème.
Son physique était tellement banal que certains disaient de lui qu'il serait passé inaperçu dans une rue déserte.