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Critique de Colchik


Chantal Thomas, connue pour sa fine connaissance du dix-huitième siècle et ses essais sur Sade, Casanova ou encore Marie-Antoinette, a consacré une partie de son oeuvre à un genre particulier, le roman historique ou, plus exactement, la mise en situation fictionnelle de personnages et/ou d'évènements historiques. L'échange des princesses relève de cette catégorie en retraçant les alliances matrimoniales croisées conclues entre l'Espagne et la France en 1722. le jeune roi Louis XV épouse l'infante d'Espagne Anna Maria Victoria de Bourbon, et le prince des Asturies – futur Louis 1er – se marie à Mlle de Montpensier, l'une des filles du régent Philippe d'Orléans. Cet arrangement qui ramène la paix entre les deux pays est l'occasion pour la romancière de narrer d'un côté les tours et détours du destin d'une enfant de quatre ans commandé par la raison d'État et, de l'autre, la trajectoire catastrophique d'une adolescente peu préparée à vivre dans une cour étrangère austère et étouffante.
Pourquoi l'histoire ne m'a-t-elle pas captivée ? Peut-être parce que la psychologie qui sous-tend le comportement de l'infante-reine m'a paru parfois assez éloignée de la vraisemblance. La plume de Chantal Thomas est froide, sèche, et son style ne porte pas quand il s'agit de créer chez le lecteur une empathie pour la petite fille arrachée à son entourage familial pour être mariée à un roi de douze ans. Elle transforme Anna Maria en singe savant et, pour restituer son univers d'enfant, elle fait parler ses poupées, ce qui rend encore plus artificielle son approche de l'enfance. Quant à Louise-Élisabeth d'Orléans, elle lui dessine dans un premier temps un portrait à charge pour ensuite nous horrifier par sa déchéance. Certes, le Régent avait fort négligé l'éducation de ses enfants, mais le roi Philippe V qui avait lui-même épousé une reine-enfant, Marie-Louise Gabrielle de Savoie, devait quand même trouver de temps à autre quelque charme à sa belle-fille. Nul doute que l'auteure a apporté beaucoup de soin à la recherche documentaire, mais son roman manque de chair en se refusant à créer de vrais personnages dans la crainte de trahir la vérité historique pour la fiction romanesque.
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