P.326
Tous les hommes étaient les mêmes durant les quelques instants vulnérables qui précédaient leur réveil, comme rappelés à une sorte d'état universel, pour mieux retourner ensuite aux particularités de leur vie.
P.226
Pour ces hommes qui n'avaient pas connu la guerre, citoyens d'une nation encore assez jeune pour se faire éclipser par ses grandes rivales du passé, cette obsession pour les statistiques d'ex-joueurs était une manière de s'insérer dans l'Histoire. La rhétorique du base-ball fleurait les choses anciennes, les confidences, le sérieux, l'élévation du prosaique au sublime.
P.108
Le monde réel n'était que désordre, lumière imparfaite, peinture écaillée; un bonheur partiel, en somme.
P.68
Leur existence même, leur impuissance à se contenter de ce qu'ils avaient la perturbaient, prouvaient que certaines formes de malheur étaient des puits sans fond.
P. 64
Deux possibilités s'offraient à elle : prendre une voiture d'occasion et mettre de côté pour son avenir; ou jouer son va-tout et incarner dés à présent l'image qu'elle voulait renvoyer aux autres, voire appâter son futur mode de vie en en adoptant déjà les codes.
Il montrait souvent ce qui ressemblait à des étincelles de lucidité, mais elle savait qu'il s'agissait plutôt de projections de sa part. Il était moins douloureux de croire qu'il ne pouvait pas se souvenir de tout ce qu'il avait perdu, mais d'un autre côté -et elle était consciente que c'était égoïste- elle voulait qu'il continue de savoir qui elle était. (p.707)
Eileen avait écarté l'idée d'un thérapie. A ses yeux , ces choses-là étaient faites pour les gens qui avaient trop de temps et d'argent , et trop peu d'amis.
Il lui était difficile de se départir de la désagréable impression que, pour elle [Eileen], les règles du jeu étaient différentes, et qu'elle ne les avait jamais examinées comme il se devait.
Elle avait travaillé dur pendant des années, et même si elle n’avait rien d’autre pour le prouver que sa maison et l’éducation de son fils, il y avait toujours ce fait irréfutable : tout cela avait bel et bien existé, et personne ne pouvait l’effacer des archives de la vie.
Jamais Eileen n'avait soupçonné tout ce que son père portait en lui. C'était un homme dans son genre qu'elle désirait trouver, mais sans cette carapace si dure ; un homme mis à l'épreuve par la vie, mais qui aurait conservé un soupçon d'innocence. Un homme capable de surmonter les embûches qui se dresseraient son chemin. Si son père avait un point faible, c'était celui-ci. Il existait plusieurs manières d'être fort, Eileen le voyait parfaitement.
Elle désirait trouver un homme au tronc épais et à l'écorce fine, un homme dont l'éclosion révelerait la beauté, même si elle en était seule spectatrice.