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Critique de DarkHawk


Ce petit livre retrace la vie de l'auteur, de son enfance au Vietnam à son exil au Canada.
Enfant d'une famille aisée de Saigon, elle a une jeunesse dorée jusqu'à la victoire communiste.
Il faut alors fuir pour survivre. La Malaisie dans un premier temps, avec ses camps de réfugiés, puis le Canada. Sans argent, ne comprenant pas la langue, il va lui falloir se reconstruire et préparer son avenir.

A l'ouverture de ce livre, j'ai été intrigué par le découpage en très courts chapitres. Ils n'excèdent jamais 2 pages et se répondent continuellement. On y suit la pensée de l'auteur, et l'enchaînement est à la fois logique et non chronologique. Un peu déroutante au début, cette structure narrative est pour beaucoup dans la qualité du livre. Elle nous permet de "flotter" au fil des pensés de l'auteur, nous donnant l'impression d'être dans sa tête. Par exemple, quand l'auteur visualise un moment fort de son passé où apparaît un nouveau personnage, elle enchaîne logiquement par un autre moment fort avec cette même personne. Mais ça ne concerne pas que les personnages, un objet ou un endroit peuvent également donner lieu à ce fascinant ping-pong.

Hormis cette structure peu commune, la force de ce livre repose sur son authenticité. On y rentre dans la vie de l'auteur avec beaucoup de pudeur. Son parcours hors du commun, ses parents visionnaires et prévoyants et sa famille y sont tous présentés avec beaucoup de délicatesse et d'humour.

« Chaque tableau noir de classe, chaque bureau, chaque maison devait accrocher au moins une photo de Hô Chi Minh sur les murs. Sa photo remplaçait même celles des ancêtres, que personne n'avait auparavant osé toucher puisqu'elles étaient sacrées. Les ancêtres - qu'ils aient été joueurs, nuls ou violents - devenaient tous respectables et intouchables une fois morts, une fois sur l'autel avec de l'encens, des fruits, du thé. Les autels devaient toujours se trouver à une hauteur assez élevée pour que le regard des ancêtres nous surplombe. »

Il est étonnant de voir autant de recul dans le regard que pose l'auteur sur son pays. Vous ne trouverez aucune colère dans ce récit, l'auteur est apaisé.

« Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la force de l'émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. »


Ce livre permet également de nous montrer un autre regard sur la guerre du Vietnam. Pas celui de la guerre et du sang, mais celle des familles. Une vision qui ne manquera pas de nous faire réfléchir.

« Je me souviens d'élèves à l'école secondaire qui se plaignaient de leurs cours d'histoire obligatoire. Jeunes comme nous l'étions, nous ne savions pas que ce cours était un privilège que seuls les pays en paix peuvent s'offrir. »

Je ne reprocherais à ce livre qu'une chose, en rebondissant de court chapitres en courts chapitres, les protagonistes que l'ont croise n'en restent souvent que des ébauches. Des ombres que l'on ne prend jamais le temps de connaître. J'aurais apprécié qu'elles aient un peu plus d'épaisseur.

Pour conclure, Ru est un témoignage plein de pudeur, émouvant et souvent drôle. A découvrir.


Note : 7,5/10
Lien : http://www.les-mondes-imagin..
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