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Critique de Singlandes


« Il faut que tout change pour que rien ne change « c'est la célèbre phrase du Guépard annonçant la fin de la noblesse séculaire au profit d'une aristocratie d'argent où les privilèges et les inégalités demeureront.
Dans cette étude magistrale basée sur des archives des trois états à la veille de la Révolution ,Alexis de Tocqueville démontre que la Révolution était inéluctable tant les conflits d'intérêts entre classes sociales étaient manifestes.
La monarchie d'Ancien Régime avait, au fil des siècles ,de plus en plus centralisé les pouvoirs à Paris et administré de la capitale toutes les provinces françaises ( le Languedoc et la Bretagne. dans une moindre mesure)
Des intendants et des fonctionnaires d'état propriétaires de leur charge étaient exemptés de l'impôt mais chargés de parcourir les « généralités « afin de prélever la taille , impôt direct sur les revenus de la production agricole( récoltes, bétail) ce qui eut pour conséquence de développer les villes au détriment des campagnes et de faire payer l'impôt par une seule classe: la paysannerie riche ou moyenne
Cependant l'analyse de Tocqueville est complexe et nuancée.
Si le peuple s'en est pris au clergé c'est avant tout parce que les ecclésiastiques étaient de gros propriétaires terriens exemptés de la taille et de «  ses accessoires » et non contre la religion catholique.. Dans le même temps les salons littéraires distillaient des idées irrévérencieuses qui atteignaient le peuple et dont il se servit pour détruire la noblesse et pourchasser voire massacrer les prêtres.
Toutes ces conclusions concernant la Révolution sont connues mais Tocqueville ouvre de nouvelles perspectives:
La centralisation de l'Etat ( le jacobinisme) n'est pas une conquête de la Révolution mais existait depuis des siècles et ne fit que se renforcer .
Le servage avait certes été aboli bien plus tôt en France qu'ailleurs mais « les corvées » obligèrent les paysans les plus pauvres à faire des travaux d'intérêt général sans percevoir de rémunération ( ou en remplacement du paiement de la taille)

Plus surprenant encore: contrairement aux idées reçues ,les manufactures se développant dans la 2 ème partie du XVIIIème siècle, la France était prospère et c'est précisément ce qui a déclenché la Révolution ,les paysans riches et la bourgeoisie laborieuse ne pouvant plus supporter les exonérations d'impôts octroyées indûment à la noblesse qui n'était plus qu'une caste de privilégiés .

J'ai lu ce texte à dose homéopathique, la lecture est à la fois facile car la langue est simple mais aussi difficile par le raisonnement subtil de l'auteur.
Tout lecteur de ce livre ne pourra s'empêcher de songer aux gouvernements de la France contemporaine où on retrouve les mêmes «  fondamentaux « : Centralisation, administration tentaculaire, privilèges de castes, imposition des classes moyennes de moins en moins consentie…
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