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Critique de Nastasia-B


Ce petit ouvrage est en réalité un tronçon, la quatrième partie pour être précise, du chef-d'oeuvre d'Alexis de Tocqueville, de la Démocratie En Amérique.
Le titre original de cette partie est " de l'influence qu'exercent les idées et les sentiments démocratiques sur la société politique " mais que l'éditeur a modifié pour être un peu plus accrocheur sous la version " le despotisme démocratique ".
On peut considérer que cette modification n'est pas fondamentalement scandaleuse car elle reprend bien l'esprit général de cette partie.
Quand est-il ? D'abord, il n'est certainement pas inutile de resituer Alexis de Tocqueville d'un point de vue historique. Né en 1805, ses parents ont connu le tournant de la Révolution Française et lui assiste, sur les ruines de l'empire napoléonien à l'édification d'un mode nouveau de gouvernance.
Il s'est rendu en mission aux États-Unis, jeune nation démocratique d'une vingtaine d'États à l'époque, localisée dans l'est de l'Amérique du Nord.
Pour la première et certainement la seule fois dans l'histoire mondiale, un observateur et un théoricien comme il l'était a eu l'occasion d'utiliser conjointement les deux seules méthodes d'investigation scientifiques possibles et que je résume comme tel : l'expérience et la méthode comparative.
La France est le lieu de l'expérience (avant la révolution vs. après) et les États-Unis permettent d'établir une comparaison entre une démocratie avérée et les nombreuses monarchies en voie de démocratisation que comptaient l'Europe en ce temps-là.
Ce qui m'apparaît vraiment très intéressant aujourd'hui dans l'analyse de Tocqueville, ce n'est pas tant ces observations, ses déductions et ses prévisions justes concernant la démocratie, mais surtout sa connaissance profonde du type social disparu de nos jours qu'était la société aristocratique de l'Ancien Régime.
On nous a toujours présenté la démocratie, en temps démocratiques, comme le meilleur système qui soit, tout comme on nous aurait probablement présenté le système aristocratique, en temps d'aristocratie, comme le plus abouti et désirable de tous.
La connaissance et l'expérience des deux systèmes permet à l'auteur d'avoir un certain recul et de bien mesurer les avantages, les vices et les dérives possibles pour chacun des deux systèmes.
Selon lui, le système démocratique renforce l'égalité entre les différents citoyens mais rogne les libertés individuelles, et réciproquement bien sûr.
Ceci concourant, toujours selon lui et en système démocratique, à un nivellement moyen de faible qualité et à une hégémonie de l'État qui s'immisce jusque dans les plus intimes décisions et faits de la vie quotidienne de l'individu, l'infantilisant, en quelque sorte.
N'ayant plus de référant concret et humain à qui s'adresser en cas de problème (en système aristocratique, l'homme du peuple s'adressait au noble et le noble aux gens du peuple dont il avait la responsabilité), le citoyen se tourne alors vers deux pouvoirs hypertrophiés en systèmes démocratiques, à savoir les tribunaux et la presse.
Je ne vais pas passer en revue tous les éléments si bien et intelligemment développés par Alexis de Tocqueville mais je me cantonnerai à dire que ce petit ouvrage remet beaucoup de dépôts en suspension, il agite bien le crâne et nous fait nous replonger et repenser à des choses qu'on croyait naturelles et qui ne le sont peut-être pas tant que cela.
Un essai social, politique et historique de très grande qualité que je ne saurais que trop vous conseiller tellement il joue un rôle de ferments actif dans les chairs un peu molles et apathiques de nos cerveaux endormis.
En outre, ce n'est bien évidemment que mon avis, celui d'une citoyenne abominablement égale au flot de ses concitoyens et pas libre pour deux sous d'avoir une idée neuve, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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