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Critique de JeanLouisBOIS


Le sous-titre de la peur des barbares de Tzvetan Todorov montre que ce livre est en partie écrit en réaction aux thèses défendues par Samuel P. Huntington dans son célèbre essai : le Choc des civilisations. Pour l'auteur français d'origine bulgare, les civilisations n'existent pas en tant que blocs homogènes, elles sont plutôt le fruit d'emprunts, d'échanges, de rejets concernant les idées, les cultures, les individus et leurs contenus varient dans la durée.
Todorov, descendant des philosophes des Lumières insiste sur une vision universaliste des valeurs de la Révolution Française (droits de l'homme, liberté, égalité, laïcité,...) parfois tempéré par le relativisme des situations. Il se révèle ainsi un humaniste européen contemporain pour lequel civilisation et barbarie constituent deux pôles extrêmes de la mentalité humaine, les oeuvres vraiment littéraires nous rapprochant davantage d'un état civilisé. Cependant, personne ne saurait être qualifié que de barbare ou que de civilisé.Muni de cette grille d'analyse, il décortique par exemple l'aspect inédit de la guerre contre le terrorisme: multiforme, sans fin prévisible et pouvant justifier tous les abus. Il met en lumière les risques d'islamophobie des sociétés occidentales qui renferme les musulmans dans leur seule identité de croyant potentiellement terroriste en oubliant cultures, solidarités et autres valeurs. Il prône un dialogue avec l'autre, l'étranger, le différent ou celui que l'on considère comme tel, un vrai dialogue où chacun ne doit pas craindre de mettre à distance ses convictions et si besoin à changer d'opinions.
Que de belles et bonnes pensées! que de généreuses idées! Malheureusement, on sent très vite qu'on se situe dans le monde politiquement et culturellement correct de la "bien-pensance", on se sent confortable dans ses opinions où tout est lisse, le papier n'offre pas de résistance et l'angélisme n'est jamais très loin. Ce qui nous manque dns ce genre d'ouvrage, ce n'est pas le pronostic, c'est l'étape suivante: comment fait-on fonctionner le plus harmonieusement possible des sociétés nationales ou européennes forcément et de plus en plus multiculturelles? Où met-on concrètement le curseur entre identité et pluralité?
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