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3,3

sur 179 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Ce qu'elles disent" est un roman ayant fait l'objet d'une adaptation au ciné, et j'avoue avoir découvert le livre à travers la bande annonce. Comment, dans une société qui prône le strict respect des règles religieuses, de la Bible, la quasi totalité des femmes, de 3 à plus de 60 ans a-t-elle pu être violée à plusieurs reprises?
Basée sur des faits réels, le livre explore la réponse faite par ces femmes, pieuses, dévouées, profondément humaines à leur condition, car 8 violeurs ont été arrêtés et emprisonnés pour les protéger de la vengeance des femmes, et il est demandé à ces mêmes femmes de leur accorder leur pardon, faute de quoi elles seront excommuniées et banies de la communauté. Elles décident donc de se regrouper pour décider ensemble de leur réponse (ne rien faire et accepter de pardonner, rester et se battre ou encore fuir). L'instituteur est le seul personnage masculin participant à cette assemblée pour en consigner les décisions sans un compte-rendu.
Mon coeur s'est serré à plusieurs reprises pendant cette lecture (que de compassion pour la petite Miep, Ona ou encore August). le style du roman, entre compte-rendu et dialogue est parfois un peu difficile à lire, car les conversations se chevauchent parfois, et partent dans tous les sens. Les échanges, loin d'être prosaïques, interrogent aussi sur le sens de la religion, du pardon... c'est presque philosophique par moment, et d'autant plus surprenant que ces pensées proviennent de femmes non instruites et qui ne sont pas autorisées à penser. le roman souligne également la haute hypocrisie de certains hommes.
En résumé, une lecture intéressante, avec de très beaux passages mais parfois un peu compliquée à lire (j'avoue m'être accrochée)
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En 2009, une tragédie se déroule au sein d'une communauté sectaire mennonite quelque part en Bolivie. Un groupe d'hommes, utilisant des somnifères en spray, abusent sexuellement des femmes et des fillettes de leur communauté durant la nuit. Ils seront finalement arrêtés et incarcérés.

Le roman de Miriam Toews écrit en 2018, imagine une réunion en huis-clos des femmes victimes se posant la question de partir ou de rester. le narrateur, l'instituteur de la communauté, est celui qui prendra les notes car les femmes sont toutes analphabètes. Un long dialogue s'ensuit entrecoupé de larmes, de doutes, de prises de bec et d'humour aussi. Si elles restent, les femmes devront pardonner à leurs agresseurs. Si elles partent pour mettre à l'abri leurs enfants, leur Dieu leur pardonnera peut-être cette désobéissance.

La vie de ces femmes est terriblement frustre et pathétique : analphabètes, battues par des maris qui boivent, travaillant du matin jusqu'au soir pour faire tourner la ferme à l'ancienne, obéissant aux maris, aux chefs et à leurs fils dès qu'ils ont 15 ans. Leur foi fondamentaliste les emprisonne. C'est le viol de leurs fillettes qui les forcent à s'interroger et à prendre leurs destinées en mains.

C'est un livre très bien écrit (presque une pièce de théâtre) qui ne met pas l'accent sur les faits sordides mais sur la résilience des femmes. A travers le dialogue admirablement bien maîtrisé par l'auteur, nous découvrons la psychologie de ces femmes et ce qui les fait vivre.

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Au coeur d'une secte (les Ménnonites) un homme recueille la parole d'un petit groupe de femmes qui se demandent si elles doivent rester dans une communauté où les hommes violent femmes et enfants après les avoir endormis, ou si elles doivent pardonner à ces mêmes hommes qui les considère à peine mieux qu'une chaise !
L'autrice connaît bien le sujet pour être issue de cette communauté et en être partie.
Les dialogues sont profonds et bien menés et sans le savoir ces femmes soulèvent des questions féministes qui font écho à nos sociétés pourtant moins fermées sur elles-mêmes.
La lecture est un peu difficile au début mais on fini par se laisser séduire par ce huis clos riche en réflexion.
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Ce qu'elles disent est un roman à mi-chemin entre fiction et réalité puisque Miriam Toews s'inspire d'un odieux fait divers récent, le viol, la nuit, de femmes mennonites droguées par huit hommes dans une colonie bolivienne entre 2005 et 2009.
Après avoir cru, sous l'influence de l'évêque Peters qui règne en maître absolu sur cette colonie, qu'il s'agissait de punitions divines en réponse à leurs prétendus péchés, les femmes découvrent la vérité et huit d'entre elles décident de se réunir pour prendre leur destin en mains : doivent- elles ne rien faire, rester et se battre ou bien partir?
Ce qu'elles disent est la retranscription par August Epp, un homme qui avait été excommunié lui-même de la colonie, du procès-verbal de leurs débats , elles-mêmes étant totalement analphabètes. Ces débats se tiennent secrètement et urgemment alors que les hommes de la colonie sont partis payer la caution qui permettra de libérer et ramener les violeurs sous quarante-huit heures.
Au fil des pages, le lecteur est témoin de leurs interrogations, de leur rage, de leur révolte, de leurs désirs, de leurs doutes qui se révèlent avoir une dimension universelle.
Roman coup de poing sur fond de féminisme et de foi religieuse, Ce qu'elles disent interroge sur la possibilité pour les femmes de s'affranchir toutes ensemble de ce qui les entrave, et notamment de l'autorité patriarcale.
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2009 au sein d'une colonie mennonite en Ukraine, de nombreuses femmes ainsi que des enfants ont été anesthésiés puis agressés sexuellement la nuit par huit hommes de cette communauté religieuse vivant en quasi autarcie.

Inspiré d'un fait réel qui s'est déroulé en Bolivie, l'autrice va mêler réalité et fiction pour nous permettre de découvrir cette histoire abominable.

Nous allons assister à la réunion secrète organisée par certaines femmes qui vont devoir décider que faire.
▪️Rester et pardonner ?
▪️Rester et se battre ?
▪️Quitter la communauté ?

Mais ces différentes possibilités induisent de nombreuses réflexions car, de chacune, va résulter son lot de conséquences et difficultés.

C'est sous la forme d'un procès-verbal de cette réunion, écrit par un jeune instituteur excommunié puis réintégré dans la communauté, que nous allons suivre les pourparlers de ces femmes.

Il est très intéressant d'assister à leur questionnement sur divers sujets tels que leur place au sein de cette communauté, le rapport à leur foi, la protection de leurs enfants, leur place de mère, d'épouse et de croyante.
La question du pardon est bien évidemment abordée sans oublier la question de la domination des hommes.
En effet, les femmes mennonites sont illettrées cela permet aux hommes une emprise bien plus importante rien que concernant l'interprétation des Saintes Écritures.

C'est l'ensemble de ces réflexions qui m'ont beaucoup intéressé ainsi que la mise en lumière de cet événement tragique.
Cependant j'ai ressenti une redondance dans les dialogues et parfois un manque d'intérêt selon certaines situations évoquées mais cela n'enlève en rien la force du texte de Miriam Toews.
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Les femmes mennonites sont isolées, illettrées, sans aucun droits dans leur communauté.
Mais, après avoir été gravement violentées, elles vont pour la première fois prendre leur destin en main.
Partir, se battre, faire comme s'il ne s'était rien passé ? Ona, ses soeurs et ses voisines, tapies dans une grange, ont quelques heures pour trancher.
Les dialogues qui s'engagent sont passionnants. Les femmes passent en revue les options et leurs conséquences ; elles posent ainsi des questions fondamentales sur la condition féminine, de la plus téméraire à la plus terre-à-terre.
Malgré quelques difficultés en début de lecture, j'ai adoré suivre leurs hésitations, leurs raisonnements et leur colère. Impossible de ne pas s'attacher à ces femmes dans ce puissant débat d'une vie, entre évasion, résistance et acceptation, à la recherche d'une vie meilleure - qu'elle soit ailleurs ou auprès des leurs.
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Chronique de Diana :

En commençant ce roman je ne savais pas trop comment le sujet allait être traité et surtout comment j'allais gérer les émotions qui découlent de cette lecture. Il m'a d'ailleurs fallu un peu de temps pour poser les mots sur ce récit et faire la différence entre mon ressenti et l'oeuvre proposé par l'auteure.

J'ai ressenti beaucoup de malaise mais aussi d'interrogations sur le choix de la thématique de ce récit et puis j'ai cherché et compris que Toews, issu d'un milieu mennonite a probablement voulu donné voix à ces femmes qui n'en ont pas le choix ou ne savent pas qu'elles peuvent le faire. Peut-être une manière de les rendre visible alors qu'elles sont dans une communauté qui les brime, qui les violentes.

C'est extrêmement particulier à lire et difficile de supporter ce qu'elles ont à dire. On parle de viols commis pendant des années sur plus de 100 femmes dont la plus jeune à 3 ans. Ce groupe se réunit dans le but de savoir si elles vont quitter ou pas la communauté et c'est à travers leurs discussions et les échanges qu'elles ont avec August qu'on découvre leur façon de penser et réagir.

Ces discussions donnent de nombreuses réflexions sur la religion, la philosophie et même si ce récit n'est pas écrit dans l'émotion, impossible de rester de marbre.

Je ne sais pas s'il on peut dire que ce récit est féministe mais il pose sur la table le sujet de la condition des femmes dans la société et il pousse à réfléchir. J'en ressors en me disant qu'il y a encore énormément à faire pour que ce genre de choses n'arrivent plus mais est-ce possible, ça c'est un autre sujet.

L'auteure écrit bien mais la construction m'a un peu surprise dans ma lecture. En tout cas je recommande vivement cette lecture.
Lien : https://followthereader2016...
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1. Ne rien faire.
2. Rester et se battre.
3. Partir.
Trois possibilités évoquées par huit femmes de la colonie mennonite Molotschna en Bolivie; elles sont mères, soeurs, tantes et nièces réunies en secret dans le fenil d'Earnest Thiessen, un vieil homme inoffensif, pour décider de leur avenir au sein de la communauté. Entre 2005 et 2009, elles, et d'autres femmes et fillettes, ont été violées dans leur sommeil par certains hommes de la colonie qui les endormaient au moyen d'un pulvérisateur de belladone destiné aux animaux. C'est l'instituteur August Epp qui est chargé de produire un procès-verbal de la réunion et c'est lui le narrateur du roman.
Miriam Toews a tiré de ce fait vécu un récit puissant qui donne la parole à des femmes longtemps bafouées par un régime patriarcal et qui osent secouer, tout en douceur et en réflexions, le carcan des dogmes édictés par leur évêque et les règles religieuses.
J'avais auparavant, heureux hasard, visionné un documentaire sur une colonie mennonite installée au Bélize. Contrairement à celle de Molotschna, on y alphabétisait autant les filles que les garçons, jusqu'à l'âge de quinze ans. Mais tout le reste se résume à une existence de labeur et d'austérité à travailler la terre, sans machinerie agricole, sans électricité et pour les femmes, du poulinage à outrance dès l'âge de la puberté, possiblement associé de violence conjugale, un enfermement de tous les instants, sans contacts avec le monde extérieur.
« Nous sommes des femmes sans voix, répond Ona avec calme. Nous sommes des femmes en dehors du temps et de l'espace, privées de la langue du pays dans lequel nous vivons. Nous sommes des mennonites apatrides. »
À la fin, ce qu'elles disent et ce qu'elles souhaitent : une société démocratique, communautaire et alphabétisée.
Un roman porteur d'espoir, enfin, j'aime le croire...
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Lu en anglais sous le titre "Women talking" : ce titre tout simple est justement ce qui m'a attiré l'oeil, au milieu d'un présentoir de la bibliothèque consacré au féminisme. Quelques phrases parcourues en diagonale m'ont convaincue de me lancer dans cette lecture, sans avoir étudié plus avant l'histoire des Mennonites et du fait divers qui a inspiré ce livre.

Pour bien comprendre de quoi il s'agit, je conseille quand même un minimum de lecture sur les Mennonites avant de plonger, ne serait-ce que l'article de Wikipédia sur les mennonites de Bolivie. Sinon un très bel article de la journaliste Jean Friedman-Rudovsky paru dans Vice rapporte de façon précise l'affaire, particulièrement horrible, des viols de centaines de femmes de cette communauté marquée par le traditionalisme religieux, par des hommes qui étaient leurs pères, leurs frères, leurs oncles, leurs cousins, leurs maris.

Ce roman est avant tout remarquable par son mode de narration. le narrateur, Augustus Epp, est l'instituteur de la colonie. Autrefois excommunié et chassé avec ses parents, il est revenu dans la plus humble des postures pour retrouver Ona, son amie et amour d'enfance.
Ona est l'une des femmes qui ont été violées et se réunissent pour décider si elles doivent rester et se battre, ou partir.
Augustus retranscrit les minutes de leur réunion avec une fidélité relative, peu importe car les femmes ne savent pas lire... Alors il mêle aux débats ses souvenirs, ses émotions, ses observations, ses espoirs. C'est ce qui contribue à rendre le texte si touchant et si réel.

C'est justement un magnifique espoir qui nous est offert là, un espoir teinté d'une douce naïveté, presque une folie, qui est comme l'autre face de la médaille du traditionalisme religieux. Celui-ci a été le ferment dans lequel a prospéré la société patriarcale violente qui a opprimé les femmes, jusqu'à vouloir aujourd'hui les forcer à pardonner leurs agresseurs... et autoriser qu'ils recommencent à violer non seulement les femmes mais leurs enfants.
Pendant deux jours et une nuit, les femmes rient, débattent, se disputent, et surtout elles pensent. Elles s'autorisent à désirer, à exiger, à réfléchir, à reconnaître leur propre existence. Elles pensent et veulent continuer à penser.
Une prise de conscience qui ne peut conduire qu'à une seule issue : elle leur apparaît comme une évidence davantage que comme une décision.

C'est le coeur serré par l'émotion que j'ai tourné les dernières pages, émotion mais aussi tristesse, car je ne suis pas sûre que cette fin romancée aurait été possible, a été possible dans la vraie vie. Ce serait si beau, si simple, si fort... Sans doute trop.
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Un roman beaucoup plus malin qu'il n'en a l'air, inspiré d'un fait divers dramatique.
Dans une communauté mennonite vivant en quasi-autarcie, une assemblée de femmes se réunit pour discuter de la conduite à tenir suite aux faits dont elles ont été les victimes. Comme elles sont illettrées, elles font appel à un homme récemment revenu après qu'avec ses parents, il en ait été exclu des années plus tôt.
L'intérêt du livre tient tout autant aux échanges entre ces femmes de plusieurs générations qu'à la position du narrateur, instituteur des garçons mais en marge de la communauté masculine, commentant parfois (par écrit) les paroles des femmes, les ponctuant de récits d'épisodes de sa vie... et intervenant de temps en temps dans la discussion à la demande des femmes.
Nous découvrons une vie quotidienne très dure, dominée par les hommes, la foi et ses pasteurs.
Les femmes, bien que soumises, ne manquent pas de caractère, et l'expriment.
Au travers du texte qui se présente comme le simple compte-rendu d'une assemblée de femmes, l'auteure, grâce à sa qualité d'écriture et à son choix de narrateur, livre un texte romanesque documenté : ainsi, des mots hérités du bas-allemand et apportés par les ancêtres ayant fui les persécutions, ponctuent les discussions ; la place des vieux et des handicapés interroge notre société... et, bien sûr, le rapport à la foi est central dans la réflexion, puis l'action des femmes.
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