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Critique de EManzoni


« Pour pénétrer dans le monde de l'esprit, une carte est indispensable. » Olga Tokarczuk, Dieu, le temps, les hommes et les anges.
https://courrierdeuropecentrale.fr/olga-tokarczuk-de.../
Chaque chapitre est comme une nouvelle et tous ces récits composent la grande narration de ce roman. C'est absolument magnifique. C'est presque toute l'histoire de la Pologne du 20ème siècle qui se déroule dans ce village fictif nommé Antan. Olga Tokarczuck raconte le temps des paysans et des châtelains, des femmes amoureuses et des sorcières, des animaux et des arbres, des guerriers sanguinaires et des anges compassionnels, des âmes errantes et des rabbins farceurs, et ce village reculé de Pologne, traversé par les rivières de l'Histoire, où vivent Misia Céleste et Paul Divin, La Glaneuse et le Mordoré, Perroquette et Ruth, Florentine et le Comte Popielski, et tellement d'autres encore, devient le coeur même du monde. Simplicité de l'écriture, fluidité des récits, envoutement absolu, un roman qui nous emporte très loin dans les splendeurs et les abimes du monde, qui nous relève pour longtemps après l'avoir lu.
« Il n'empêche que les anges sont changeants, de même que toute chose créée par Dieu. Cette circonstance explique pourquoi l'ange gardien de Misia fut si souvent absent quand Misia eut besoin de lui. L'ange de Misia, lorsqu'il n'était pas là, détournait son regard des choses terrestres pour contempler d'autres anges, d'autres mondes -supérieurs et inférieurs- qui s'étagent au-dessus et au-dessous de toute chose, de tout animal, de toute plante. L'ange voyait l'immense échelle des êtres, l'époustouflant édifice et les huit cosmos qu'il englobe ; il voyait le Créateur empêtré dans l'oeuvre de la création. (...)L'ange voyait davantage qu'un homme, certes, mais il ne voyait pas tout. Ramenant ses pensées d'autres mondes, l'ange concentrait avec peine son attention sur le monde de Misia, lequel, de même que celui des autres êtres humains et des animaux était un monde obscur, rempli de souffrance, à l'image d'un étang trouble, couvert de lentille d'eau. »
« Or, c'était un temps où les femmes mouraient plus vite que les hommes. Elles étaient ce récipient d'où l'humanité sourd goutte à goutte. Les enfants sortaient d'elles comme les oisillons des oeufs. Chaque femme-oeuf devait ensuite se recoller d'elle-même, reconstituer sa coquille. Plus la femme était robuste, plus elle mettait d'enfants au monde et plus elle s'étiolait. Dans la quarante-cinquième année de sa vie, le corps de Florentine, libéré du cycle de l'éternelle parturition, atteignit enfin le nirvana de la stérilité. »
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