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Critique de Henri-l-oiseleur


A sa mort, Tolkien a laissé une masse énorme de récits ébauchés, inachevés, abandonnés à divers états de leur progression, et j'en venais à me dire que le pieux travail de son fils Christopher n'aboutissait qu'à une décevante collection de brouillons peu cohérents. Avec "Les enfants de Hurin", il y a assez de matière pour faire un véritable roman, avec l'unité d'action et une trame claire, que des interruptions de l'éditeur ne viennent pas brouiller. Il s'agit du déroulement implacable d'un destin tragique, d'une malédiction pesant sur une famille. Comme les personnages sont des elfes et des hommes, le ton et le style sont souvent élevés et soutenus, et conviennent parfaitement à la grandeur tragique de ce roman. Tolkien retient enfin de la tradition épique l'opposition entre le héros protecteur, qui se bat pour sa cité et les siens (c'est le type d'Hector, qui combat pour Troie et pour son peuple), et le héros glorieux, qui ne se bat que pour sa célébrité personnelle, indifférent au bien des autres, poursuivant ses propres buts, souvent irrationnels, et parfois frappé de folie ou d'excès (c'est Achille). Les "Hector" du roman sont les rois elfes, ou les chefs humains des communautés qui accueillent Turin ; et Achille, c'est Turin, dont les victoires font le malheur de tous, vainqueurs comme vaincus. Sa malédiction le rend indifférent au bien des autres et Tolkien, par un trait de génie, fait surgir le mal, la négativité, d'un héros du Bien. Cette complexité ne se trouvait pas dans les autres récits du Premier âge, monotones et manichéens. C'est la grande réussite des "Enfants de Hurin"
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