Un homme qui fuit sa peur peut bien découvrir qu'il n'a fait qu'emprunter un raccourci pour la retrouver.
Demeure donc là assis, dit Morgoth, et contemple les terres où le Mal et le désespoir vont visiter ceux que tu m'as livrés. Car tu as osé me tourner en dérision et douter de la puissance de Melkor, Maître des destinées d'Arda. Dès lors, avec mes yeux, tu verras, et avec mes oreilles, tu entendras, et rien ne te sera caché.
Hador Tête d'Or était un seigneur des Edain, et très aimé des Eldar. Il vécu les jours qui lui furent alloués sous la suzeraineté de Fingolfin qui lui donna de vastes domaines dans cette région du Hithlum qu'on nomme Dor-Lomin.
Tu dis vrai, répondit Morgoth, mais c'est moi l'Ancien Roi : Melkor, le premier et le plus puissant des Valar, qui fut avant que le monde ne fût, et qui fit le monde. L'ombre de mon dessein se projette sur Arda, et tout ce qui s'y trouve se soumet lentement et sûrement à mon vouloir. Mais sur tous ceux qui te sont chers, ma pensée pèsera comme un nuage fatal, et elle les plongera dans les ténèbres et le désespoir. Partout où ils iront, le Mal régnera. Dès qu'ils parleront, leurs paroles seront de mauvais conseil. Tout ce qu'ils feront se retournera contre eux. Ils mourront sans espoir, maudissant et la vie et la mort.
Les Elfes chantent encore bien des complaintes et font encore bien des récits à propos des Nirnaeth Arnoediad, la Bataille des Larmes Innombrables, où tomba Fingon et où fut fauchée la fleur des Eldar. Une vie d'homme ne suffirait pas pour nous en raconter toutes les péripéties.
« Belle comme une enfant elfe est Lalaith », dit Húrin à Morwen. « Mais plus éphémère, hélas ! Et peut-être plus belle et plus chérie encore ! »
Peut-être ne vaut-il mieux pas dire ce que l'on souhaite si l'on ne peut pas l'obtenir.
« C'est en toi que ta destinée repose, non en ton nom. »
Alors, quand Fingon entendit au loin la forte trompette de Turgon, l'ombre passa et son cœur fut transporté, et il cria d'une voix forte : « Utúlie’n aurë ! Aiya Eldalië ar Atanatarni, utúlie’n aurë ! Voici venu le jour ! Regardez, peuple des Eldar et Pères des Homme, voici venu le jour ! » Et tous ceux qui entendirent sa formidable voix retentir a travers les collines, répondirent en criant : « Auta i lómë ! La nuit arrive à son terme ! »
"Au matin, elle s’éveilla et se réjouit de la lumière, comme qui s’ouvre à la vie ; et toutes les choses alentour lui parurent neuves et singulières, et elle n’avait pas de nom à leur donner. Car derrière elle, il n’y avait qu’un néant obscur d’où n’émergeait aucun souvenir de ce qu’elle avait su autrefois, ni l’écho du moindre mot. Seule l’ombre d’une peur l’habitait, l’incitant à aller, furtive, cherchant toujours à se cacher ; et elle grimpait dans les arbres ou se blottissait dans les fourrés, aussi prompte que l’écureuil ou le renard, si quelque bruit ou forme l’effrayait ; et de sa cachette, elle épiait longtemps à travers les branchages, l’air effarouché, avant de repartir."