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Critique de PatriceG


Re, re, re, relu Hadji Mourat cime de fraicheur et de génie littéraire signée Léon Tolstoï qui a dû reprendre ses notes d'antan pour finaliser en un tour de main en 1902, ce joyau qu'est ce roman, il a alors 74 ans. Ce sera son dernier roman si on met de côté son roman inachevé le Mystère de Fédor Kouzmitch entrepris en 1905. Dominique Fernandez dira de cette oeuvre qu'elle est un polyèdre de cristal ; et Romain Rolland de noter qu'elle correspond à un besoin physique d'écrire, comme un exercice alors que l'auteur est au sommet de son génie narratif. Ce n'est bien sûr pas Romain Rolland qui dirait du mal de son ami, mais lire un épisode de la guerre du Caucase dans les années 1850 semble ne pas être la tasse de thé de cet intellectuel pacifiste qui préfère louanger tout le reste sauf le sujet

Je dédie ma lecture de la pépipe Hadji Mourat de Léon Tolstoï à notre ami écrivain russe Zakhar Prilepine qui a bien failli laisser sa peau dans l'attentat à la voiture piégée de samedi survenu dans ses quartiers à Nijni Novgorod situé à 400 kms à l'est de Moscou, attentat duquel il en sort vivant par miracle. le hasard de la vie si tant est qu'il y a des hasards dans la vie a fait que c'est normalement lui qui devait se trouvait aux commandes de la voiture déchiquetée, qui malheureusement n'a pas épargné son chauffeur et assistant Alexandre Shubin.

Je lui la dédie pourquoi, d'abord parce que j'ai une pensée pour lui en cet instant. C'est en voyant un gros chardon qui pousse devant chez moi qui fait écho à mes artichauds qui sont derrière -c'est de la même famille -, que j'ai pensé à l'entrée en matière de Hadji Mourat qui porta d'ailleurs un laps de temps le titre le Chardon proposé par l'intéressé. Et j'ai lu que c'est l'insigne exemple du jeune officier écrivain Tolstoï qui avait poussé Zakhar Prilepine à prendre les armes de combattant en début de siècle pour aller défendre la patrie dans des guerres protéiformes comme non seulement son illustre aîné l'a fait, mais aussi comme il était de tradition pour tout jeune officier russe de surcroît romantique et artiste d'aller guerroyer par pur patriotisme inhérent à l'époque dans les foyers nombreux déclarés au 18 et 19e siècles. Zakhar Prilepine a écrit dans cet esprit : Officiers et poètes russes (2019)

Alain Bauer nous dit dans son dernier livre : "au Commencement était la guerre" que nous sommes en paix par défaut à travers tous nos armistices et compromis de paix, signés avec nos ennemis, j'ai le sentiment que le romantique et traditionnaliste Zakhar Prilepine est là-dedans et qu'on aurait tort de l'assimiler à ces nationalistes de tout poil qui font la guerre par désoeuvrement et que celle-ci convoque leurs plus bas instints- il y a au fond de chacun d'entre nous un petit dictateur qui sommeille qui convient de circonscrire et ne pas conjuguer avec ce concept dangereux de nationalisme, selon le mot de Mittérrand.

Bon alors l'histoire de ce roman, n'en déplaise à Romain Rolland, est un épisode de guerre du Caucase en 1851 où Tolstoï renoue dans une sorte de paix intérieure avec le roman à travers ce qu'il aime : la rebellion et la nature, ce sentiment de bien-être et de jouissance qui n'est autre que l'altérité. Il se retrouve dans les traits d'un chef rebelle tchetchène : Hadji Mourat qui est pourchassé pour cause de brouille par Chamil grand chef de guerre tchetchène qui résiste et qui se trouve à la merci des russes. Hadji Mourat est donc en cavale, cherche appui dans un premier temps auprès des forces russes qui lui prodiguent tous les honneurs, mais les choses vont se gâter quand les russes vont suspecter sa loyauté envers eux ..
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