AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jerome012630


Quand on parle de classique, le roman fleuve de Tolstoï fait partie de ceux qui viennent tout de suite à l'esprit.
Cela faisait des années que Guerre et Paix, ou La Guerre et la Paix, était dans ma bibliothèque.
Mais une oeuvre de cette ampleur, on ne la lit qu'au moment où on se sent prêt à plonger dedans.
Par rapport au mythe que ce roman représente dans la littérature mondiale et par sa taille de presque 2000 pages.
Mes précédentes expériences avec Tolstoï avaient été diverses. J'ai adoré Anna Karenine mais ai eu plus de mal avec Résurrection, son dernier roman de 1899, représentatif si j'ai bien compris d'un moment de la vie de l'auteur où celui-ci reniait ses oeuvres romanesques.
Quant au livre de poche regroupant "la mort d'Ivan Illitch", "maître et serviteur" et "trois morts", j'avoue être passé un peu à côté. Je le relirai.
Voilà posé le "contexte" dans lequel j'ai entrepris cette lecture.

Guerre et Paix commence en juillet 1805, au sein de la noblesse petersbourgeoise et moscovite. Dans la première partie, on découvre, au travers de salons mondains et de dîners, les personnages que nous suivrons tout au long de l'oeuvre.
(Attention, je vous conseille de noter dans votre smartphone ou sur un papier quelques éléments sur les personnages : qui est le fils ou la fille de qui, le cousin ou la cousine de qui, etc. En effet on fait la connaissance d'énormément de personnages en même temps, et il peut parfois être difficile de s'y retrouver).

A cette époque, on discute de Bonaparte, de la menace qu'il fait peser sur l'Europe et la Russie et de la nécessité de partir en guerre. Ainsi, certains s'engageront tels le prince André Bolkonski ou le jeune comte Nicolas Rostov.

Place plus tard à la vie au sein des régiments alors que la guerre fait rage, ce qui nous amènera dans un premier temps à la fameuse bataille d'Austerlitz, défaite amère pour l'alliance austro-russe. Et source de désillusions pour beaucoup, pour ceux qui ne voyaient dans l'affrontement que l'aspect héroïque, superbe, propice à l'avancement et à la gloire.

Le roman va ainsi alterner entre périodes sur le front et périodes de vie "normale", que ce soit à travers les soldats en permission ou les personnages qui ne participent pas à cette croisade contre Napoléon, que les russes appellent "l'ennemi du genre humain".
Nous suivrons le prince André Bolkonski et sa soeur Maria, Natacha Rostov et sa famille dont le jeune Nicolas, et ce fameux Pierre Bezoukhov.

Tous liés les uns aux autres, et comme toujours chez Tolstoï, ces personnages, au gré de leurs expériences, de leurs rencontres, vont être amenés à évoluer. Dans leurs positions, dans leurs sentiments, notamment ceux qu'ils éprouvent les uns envers les autres.

Cette alternance mentionnée ci-dessus permet de donner de l'air au récit, récit dont la fluidité m'a d'ailleurs étonné, moi qui m'attendais à quelque chose de plus ardu.

Le 2ème tome est lui entièrement consacré à cette fameuse campagne de Russie en 1812, au coeur même de Moscou, là où certains parlaient de la guerre avec parfois un peu trop de légèreté.
Comment en effet ne pas parler de cet événement, célèbre dans les livres d'histoire et une des plus cuisantes défaites de l'empereur Napoléon.

De Borodino, à Kraskoie, en passant par Moscou évidemment, des dizaines de milliers d'hommes meurent, plus par les conditions de vie, le pillage, la retraite précipitée, que par les affrontements à proprement parler.

Tolstoi se sert aussi de son roman pour développer sa thèse sur L Histoire et les Grands Hommes. le génie militaire n'existe pas. C'est à posteriori qu'on qualifie untel ou untel de héros. Car la victoire ne dépend jamais des consignes données et souvent déjà dépassées quand elles arrivent aux soldats. La force est égal à une équation dans laquelle, outre la quantité d'hommes à disposition, rentre un multiplicateur : le moral.
Celui qui fait que 10 hommes en renverseront 15.
Et que c'est un ensemble de paramètres qui ne peuvent être prévus qui vont définir le succès, plus que le pouvoir de quelques-uns.

Se dresse lors de cette campagne russe une opposition entre Napoléon, que Tolstoï fait plus qu'égratigner, et (non pas l'empereur Alexandre relégué au second plan) Koutouzov le commandant de l'armée russe, que Tolstoï réhabilite. Il réhabilite l'homme et ses choix, parvenant à en faire un portrait non dénué de tendresse, un incompris.

Il serait passionnant d'échanger sur ce livre et sur cette guerre avec un historien. Afin de confronter le point de vue de l'auteur, dont on sent l'immense travail historique sur ces événements vieux d'une cinquantaine d'années, et les études postérieures.

Guerre et Paix est bel et bien un chef-d'oeuvre, dont la longueur ne doit pas décourager le lecteur. Elle est indispensable à la quantité de choses que Tolstoï veut nous raconter, à la masse d'informations qu'il veut mettre à notre disposition.

Pourtant, nous ne sommes jamais noyés. Tout le monde trouvera quelques longueurs, c'est évident, surtout dans cette dernière partie d'une cinquantaine de pages qui n'est qu'une analyse du pouvoir, de l'histoire et des notions de liberté et nécessité (le "vrai" roman s'arrêtant à la fin de la première partie de l'épilogue).

A bientôt et bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}