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La Guerre et la Paix tome 0 sur 3

Henri Mongault (Autre)Pierre Pascal (Autre)
EAN : 9782070105632
1657 pages
Gallimard (12/03/1945)
4.53/5   316 notes
Résumé :
1805. L'armée menée par Napoléon se rapproche inexorablement des frontières de l'empire Russe, pendant qu'à Moscou et Saint-Pétersbourg, les Rostow, Bolkonsky ou Besoukhow, aristocrates ou grand bourgeois, mènent une vie mondaine, insouciante et frivole. Au moment où la Russie entre en guerre aux côtés de l'Autriche contre la France, tout bascule. Un chef-d'oeuvre de Tolstoï écrit entre 1865 et 1869, et qui fut un immense succès, dès sa parution.
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle Fresque ! Quelle épopée !
Elle démarre à Pétersbourg en 1805, de raouts en raouts, dans les froufrous des robes, des cancans, des intrigues et les rumeurs d'une guerre Napoléonienne qui semble inévitable, qui est même désirée, qui exacerbe les rêves de gloire.
Nous suivons principalement les membres de quatre familles, les Bolkonski, les Rostov, les Bezoukhov et dans une moindre mesure les Kouraguine jusqu'en 1813, avec une incursion en 1820 dans l'épilogue.
Pas besoin d'en dire plus sur le contexte, ça ne se raconte pas, ça se lit et se vit !

C'est le deuxième livre que je lis de Tolstoï, et les deux fois, ils ont fait un carton plein d'étoiles. J'en suis encore toute éblouie.
Les personnages sont vraiment d'une justesse remarquable. Ils s'empêtrent dans leurs contradictions faisant étalage de toutes les gradations de leurs défauts et de leurs qualités. Bref, des personnages parfaitement imparfaits à l'instar d'un Pierre qui dira qu'il « sentait qu'en lui-même le bon et le mauvais faisaient un mélange et s'atténuaient l'un par l'autre ».

Tolstoï a vraiment un talent admirable pour animer et faire vivre ses personnages, pour les faire rebondir et évoluer au gré des événements et des aléas qui les frappent, les fauchent ou les cajolent.
C'est d'autant plus accentué que l'écriture, à tout le moins dans les deux premiers livres (il y en a quatre), est très visuelle. C'est truffé de détails savoureux, tellement expressifs et humains. On croirait y être. J'y étais. Nous sommes projetés aux cotés des protagonistes et nous interagissons avec eux. Parfois d'ailleurs à leur insu, comme par exemple quand leur perception d'eux même est contredite par les événements. Certaines scènes m'ont beaucoup amusée. D'autres, comme les rituels militaires, notamment au début, m'ont carrément fait halluciner. J'ai parfois eu l'impression d'assister à un spectacle. Mais comme le chantait Freddie Mercury: the show must go on …

Et ce n'est pas tout... Tolstoï introduit graduellement, principalement à partir du troisième livre, la vision des historiens et sa propre vision. Il les fait cohabiter avec celle des protagonistes jusqu'à cet épilogue dans lequel il approfondit et développe ses convictions sur la science de l'histoire, ce qui met les hommes en mouvement, sur le libre arbitre, la responsabilité, le pouvoir. C'est passionnant et bien amené.

En tout cas, en ce qui me concerne, un grand moment de lecture ! Petite et grande histoire s'attirent et se repoussent dans une mazurka entrainante aux multiples variantes, à moins que ce ne soit dans un Danilo Cooper…
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J'ai longtemps repoussé la lecture de ce monument. Mais les vacances arrivant, il n'y avait plus de raison de la reporter encore. Ce roman-pavé narre l'histoire de la Russie à l'époque du règne de Napoléon, et notamment la campagne de Russie, ainsi que la petite histoire de quelques familles d'aristocrates russes. C'est ainsi que j'aime le roman historique, en ce qu'il décrit des existences et des intrigues mineures, des querelles de famille, des morts naturelles et des chagrins d'amour avec, pour contextes majeurs et suprêmes, les grands événements, l'Histoire, la guerre et les décisions politiques. C'est que personne ne choisit réellement sa destinée : une part au moins lui est imposée par un contexte politique et historique. La guerre sépare les fiancés autant qu'elle crée de nouvelles alliances intimes. Elle a cela d'exaltant, en un sens : la guerre ne laisse personne végéter ni suivre un parcours de vie lisse et prévisible. La guerre, c'est aussi une vitalité, un grouillement, du changement constant. Elle défait autant qu'elle fait, détruit autant qu'elle construit. Et le pauvre quidam, et même s'il est un prince ou un comte, et même s'il est empereur, devient une marionnette que l'histoire dirige au hasard. Napoléon lui-même a-t-il tout décidé ou bien était-il, lui aussi, l'instrument d'une machine qu'il avait pourtant initiée mais qu'il ne maîtrisait plus ?
Je ne saurais résumer une si longue et si complexe épopée. C'est inutile au juste, fastidieux pour rien. C'est une immense oeuvre cependant, mettant en scène plusieurs familles et de nombreux personnages, à tel point que l'on peut s'y perdre dès que l'on laisse un peu fatiguer sa vigilance. Non content de seulement narrer les affaires de familles et de mariages nobles au surplus des scènes de guerre, l'auteur ajoute et sème de nombreuses réflexions personnelles, sortes de « prises de recul » relevant plutôt de l'essai. La fiction se mêle ainsi à la philosophie. Ce récit a trois dimensions en somme : la guerre (le front), les intrigues (les temps de paix, la vie à l'arrière du front) et la hauteur prise sur ces deux lieux. le narrateur n'est pas neutre, en ce qu'il suspend le récit à de nombreuses reprises pour donner son point de vue sur l'Histoire, cette science inexacte qui réécrit après coup les événements avec les biais actuels et au gré des penchants des historiens. Et c'est très fin, strictement pertinent non seulement mais illustré d'exemples.
Le roman commence en 1805 par le départ pour la guerre de la troisième coalition et s'articule en trois épisodes historiques et militaires. Ensuite viennent les Traités de Tilsit en 1807 et enfin la campagne de Russie en 1812. Entre deux, et de 1812 jusqu'à 1820, la vie en Russie avec ses moeurs, ses nobles, ses amours, ses intrigues, ses mariages, ses bals et ses opéras. Et c'est avec un grand réalisme que l'auteur décrit longuement et précisément l'aristocratie russe, celle de Moscou ou de Saint-Petersbourg mais également celle de la campagne, lorsque les nobles se retirent sur leurs terres. Ce fonctionnement rappelle celui de l'Angleterre à la même époque, avec les saisons de Londres pour marier les jeunes filles et les hivers à la campagne.
Quant aux personnages, il est extrêmement difficile d'en faire le tour à moins de dresser une liste froide et exhaustive qui n'apporterait rien à une chronique. S'il faut n'en citer qu'un, ce serait sans doute le comte Pierre Bézoukhov, fils illégitime mais aimé d'un comte ayant toujours refusé d'épouser sa mère. Au début jeune homme libre et un peu dévergondé, élevé en Europe, brandissant des idées révolutionnaires et une admiration sans bornes pour Napoléon, sa vie se voit changée à la mort de son père. Légitimé soudain, le batard devient comte et hérite d'une colossale fortune ainsi que de responsabilités qu'il ne soupçonnait même pas. Celui qui clamait son admiration pour l'empereur français est à présent un aristocrate russe en temps de guerre, patriote donc, par la force des choses (il ira même jusqu'à vouloir tenter de tuer Napoléon). Peu acclimaté aux coutumes des aristocrates et à présent vanté, reconnu et respecté, il apprendra seul ou presque. Aidé au commencement par le prince Kouraguine à se familiariser à ses nouvelles responsabilités, il en épousera la fille, la superbe Hélène. Il sait pourtant, en loin, que ce mariage ne lui causera que du malheur, et cependant il va au bout, plus pour satisfaire les attentes de la noblesse que pour lui-même. Voilà là un détail intéressant : pourtant homme et richissime, il ne choisit pas totalement son épouse. Elle lui est imposée implicitement par le poids de toute l'aristocratie, milieu dans lequel il est enfin accepté et qu'il domine même. Il se séparera bien vite de son épouse et reprendra sa vie de célibataire après un fâcheux incident. C'est tout à la fin, à la maturité qu'il doit plus à sa condition de prisonnier de guerre qu'à son âge que, devenu veuf, il épousera Natacha, la femme qu'il aime. Pierre a cela de fascinant qu'il ne perdra jamais le désir sincère de devenir un homme meilleur. Et pour cela il erre, après son mariage, dans les méandres d'une quête spirituelle qui le conduira vers la franc-maçonnerie, voyage qui, comme tous les voyages qui permettent dépaysement et découvertes, ne peut s'achever que par un retour à la réalité et à la vie. Et pour ainsi dire : à soi-même. Passé l'émoi suscité par l'exotisme, par la fascination pour ces nouvelles valeurs morales et cette sorte de fraternité singulière qu'il découvre dans la franc-maçonnerie, Pierre en revient. C'est que l'idéal qu'il recherche est probablement, par effet miroir, l'inverse de ses propres tares et faiblesses. Ce qu'il vise alors n'est pas tant l'amélioration de soi, en cultivant par exemple ses forces, que le fait de s'inventer des idéaux dans ce qu'il n'est pas et ne peut devenir. Et c'est très courant notamment à l'époque de la jeunesse : plutôt que de s'aimer soi, de se respecter en trouvant en soi ses propres valeurs, l'on est tenté de chercher ailleurs un modèle de perfection, d'avoir un autre que soi pour boussole. Pierre, bien décidé à devenir meilleur, part en une sorte de pèlerinage franc-maçonnique qui s'apparente à un rituel initiatique, et s'assimile en quelque sorte, par défaut de personnalité propre. le mystère, l'exaltation de la nouveauté, de la découverte, les nouveaux codes, la confrérie pour lui qui n'a pas eu de famille, sont autant de fascinations exercées sur ce profane qui ne sait se donner une propre direction. Pierre finira par s'éloigner puis quitter totalement cet univers, et c'est heureux : il trouvera lui-même ce pour quoi il doit oeuvrer et bâtira sa propre ligne de conduite, comme un enfant quittant sa famille parce qu'il est enfin prêt à vivre seul.
S'il faut évoquer un autre personnage emblématique et complexe du roman, il y a bien évidemment le grand ami de Pierre, le Prince André Bolkonsky. Homme extrêmement intelligent et pudique, rationnel au plus haut point, le Prince André est cependant un ambitieux. Homme puissant et riche, il est pourtant insatisfait de sa condition. Il est de ces hommes qui ne peuvent se contenter de jouir et d'être heureux. Mal marié, ou plutôt marié trop tôt, dans les moments fiévreux de la passion qui annihile toute réflexion, il se retrouve avec une épouse décorative et enceinte qui l'insupporte et qu'il va laisser chez son père, comme on laisse en garde un enfant, pour partir à la guerre. Qualifié de pessimiste, le Prince André souffre plutôt d'un mal que je nomme : la lucidité des individus supérieurs. Sa femme meurt en lui donnant un fils, et cette perte le laisse non indifférent mais résigné, ou plutôt philosophe : que peut-on pour ce qui est à jamais perdu ? Rien au juste. Les tragédies le fortifient au contraire. C'est avec la puissance de celui qui n'a rien à perdre qu'il retourne à la guerre, qu'il y côtoie Napoléon, Koutouzov, le tsar. le Prince André a une place particulière dans le récit en ce que sa réflexion personnelle vient s'ajouter à la pensée générale de l'auteur sur la guerre. Les deux avis - celui du narrateur et celui du personnage- se complètent et s'entremêlent, l'un étant purement théorique et l'autre très concret au contraire car fondé sur une expérience sérieuse. Tolstoï réussit un tour d'envergure : il crée un personnage qu'il façonne de façon à ce qu'il illustre sa propre pensée. Et il le fait intelligent, homme d'honneur et chercheur de stricte vérité, esprit concret de sorte qu'on ne peut que difficilement réfuter l'alliance fine de la théorie et de l'expérience. le Prince André est peut-être l'exact opposé de son ami Pierre. Serein quand l'autre est tourmenté, puissant et rude quand Pierre se cherche une sorte de rédemption morale, sec et incapable de pardon quand l'autre est sans doute un peu lâche (lâcheté dissimulée sous une apparence de volonté morale de vouloir le bien, de pardonner, de ne point chercher querelle). Il mourra des suites d'une blessure à la bataille de Borodino. Son agonie durera un mois et elle est splendide de réalisme. le condamné n'est déjà plus là, se désintéresse de toute considération terrestre, se prépare, en homme, à la mort, la regardant bien en face et ne versant aucune larme ni plainte.
J'ai plusieurs fois lu que les personnes féminins de Tolstoï étaient frivoles, superficiels, sans intérêt, ne servant que de faire-valoir à ses héros masculins. Je ne partage pas cet avis. Natacha Rostov, le personnage féminin principal du roman, jeune sauvageonne à la beauté espiègle, enfant capricieuse et gâtée, est, il est vrai, bien défaillante par sa désinvolture, et cependant elle progresse, peut-être aussi bien si ce n'est mieux que Pierre. À mesure, et parce qu'elle est confrontée à plusieurs grands malheurs, elle devient profonde et grande. D'ailleurs Pierre ne la reconnaît physiquement pas à son retour. Cette élévation s'accompagne d'une sorte d'affaiblissement de sa beauté, d'une extinction visible de son insouciance. La naïveté juvénile s'accompagnerait d'une sorte de fraîcheur naïve, d'un visage angélique et agréable à l'oeil, quand la valeur morale et intellectuelle d'une femme la rendrait moins belle car plus grave. D'ailleurs, la Princesse Marie, vertueuse et pieuse, est décrite comme laide tandis que la première épouse du Prince André, sorte de poupée de salon immature, est souriante et jolie. Natacha, à l'instar de Pierre qui deviendra son époux, traverse les épreuves comme autant de rites d'apprentissage et de maturation. Rien ne lui sera épargné, mais ses malheurs qui la rendent plus grave, plus frêle et qui ternissent son teint lui donnent aussi cette grandeur, permettent l'éclosion de l'individu et enterrent à jamais la frivolité juvénile. Natacha illustre parfaitement les idées de Tolstoï, en ce qu'elle n'a, à aucun moment, résolu de s'élever de sa condition de jeune fille futile : ce sont les épreuves, les événements extérieurs qui ont fait d'elle quelqu'un de plus profond. de même, à la fin du roman, lorsqu'elle est mariée et mère, Natacha se laisse grossir et enlaidir et ne semble plus s'intéresser à rien à part à ses enfants. Voilà, elle ne souffre plus et devient mère, la vie se charge de la changer en femme inintéressante.
La princesse Marie Bolkonsky, soeur d'André, est environ l'opposé de Natacha. Jeune femme pieuse, discrète, toute dévouée à son père autant qu'à Dieu, elle mène une vie retranchée, une existence solitaire pour ne pas déplaire à un père tyrannique. Résignée et soumise, elle renonce même au mariage pour rester près de lui. La princesse Marie est cependant intelligente et forte, une sorte de version féminine de son frère André. Les épreuves semblent l'abîmer moins qu'une autre, et sans doute parce qu'elle n'a jamais connu l'insouciance et s'est résignée depuis le départ à une abnégation de femme. C'est en quelque sorte comme si la tyrannie de son père avait été un apport plutôt qu'une importunité. Alors que chaque épreuve a enlaidi la belle Natacha, elles ont comme donné une contenance physique à Marie, laide au départ, un charme intrigant, une dignité même dans l'apparence. Sa ferveur religieuse (« La princesse Marie avait deux passions et, par elles, deux joies : son neveu Nikolouchka et la religion ») ne semble pas non plus un choix. Que reste-t-il à une jeune fille seule, retranchée, ayant renoncé au mariage et vivant avec un vieux père tortionnaire ? Marie a trouvé son émoi dans le culte qu'elle voue à Dieu. Devant par obligation renoncer à d'éventuels prétendants, aux joies des salons et des bals, aux douceurs des premiers aveux d'amour, elle n'aura que la religion pour unique source d'agitation fiévreuse. Est-ce cet puissante passion religieuse est encore un choix ou bien un palliatif qui lui a permis de ressentir sans ne rien enfreindre ?
La richesse des détails, ce réalisme de guerre que l'on ne se figure plus (des guerres à cheval !), la justesse psychologique, la finesse de la vraisemblance, font de ce roman un véritable monument, une fresque à la fois historique et psychologique, une étude des moeurs russes de l'époque. Et pourtant, ce roman est parfois impatientant, inutilement long. Mais on pardonne plus aisément quand c'est très bien écrit et lorsque l'idée générale est grande et brillante. N'importe les longueurs, l'expérience reste tout de même captivante. La description de l'incendie de Moscou, l'amoncellement de ruines, la ville superbe qui disparaît dans les flammes, est toute fascinante et brillante d'écriture. de même que l'agonie du Prince André est sublime de finesse psychologique.
Les pauses narratives dans lesquelles Tolstoï expose ses idées, splendides à tel point que l'on vient à se demander s'il y avait nécessité à écrire un millier de pages de fiction pour illustrer les théories énoncées, se suffisent presque à elles-mêmes. Pourquoi ne pas avoir rédigé un essai ? Pourquoi ne pas s'être « contenté » de développer les idées énoncées de manière toute théorique ? Eh bien, c'est qu'aux moments où Tolstoï énonce ses idées bien clairement et de manière fort péremptoire, où l'auteur montre précisément où il voulait en venir au juste, tout à déjà été prouvé et démontré avant par son récit. La fiction a auparavant tout illustré, de sorte que le lecteur ne peut plus objecter et même : en est venu aux mêmes conclusions que lui environ.
La somme de choix personnels peut-elle avoir un réel impact ou une importance majeure sur le déroulement de l'histoire en marche ? Tolstoï, en fataliste lucide, montre que non. Tous les événements majeurs ou presque obéissent à d'autres lois, à un déterminisme historique qui dépasse chaque individu. Personne n'est tout à fait libre, la liberté entière est un leurre. Au mieux, sommes-nous plus ou moins libres. La guerre et la paix décident pour nous, mais est-il quelqu'un qui décide de la guerre ? Pas tant. Napoléon a-t-il décidé tout seul et en homme libre de la guerre ? Non pas. Il est animé par une force mystérieuse qui le dépasse, tout au plus. Les hommes ne dominent pas les événements, ce sont les événements qui commandent les hommes.
La fatalité l'emporte. L'homme est emporté comme une vulgaire planche en mer déchaînée, son destin balloté par l'histoire, voilà. Il pourra au mieux se débattre, aller se battre ou bien fuir, mais il ne décidera de rien d'importance.
Quant à la vérité historique, c'est un leurre également. L'Histoire telle qu'elle existe en tant que discipline n'est point une science : l'historien réécrit l'histoire, la réduisant à la volonté de quelques hommes décideurs et responsables de tout. Napoléon est-il responsable de l'incendie de Moscou, en empereur sauvage et avide de destruction ? Ou était-il au coeur de multiples intrigues et engagements, victime de jeux de pouvoir? Tout cela cumulé ne lui a laissé qu'une marge de manoeuvre extrêmement limitée. L'Empereur ne décide guère plus de la guerre que le simple soldat, au fond.
Toute forme de libre-arbitre est impossible. Chaque homme est un maillon d'une chaîne, plus ou moins important. La chaîne elle-même va dans un sens qu'aucun des maillons ne peut modifier seul. Tolstoï est-il fataliste ? Il n'y a pas plus de génie que de volonté ou de hasard, ce ne sont que des spéculations d'historiens. Est-ce de la faute de Louis XVI s'il fut guillotiné, ou bien celle d'un seul autre homme ?
L'histoire agit presque seule, comme un élément à part entière, grand et puissant comme un volcan qui se réveillerait à tout moment, décimant les hommes (petits, si petits), les figeant ou les faisant fuir selon qu'elle est rapide ou leur laisse le temps. Il n'y a ni héros de guerre ni commandant des armées ni empereur qui ne puisse changer à lui seul le cours des événements. Chacun est enchevêtré et subit à son échelle les caprices de la grande histoire.
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Une fresque éblouissante!
Début du XIXè siècle en Russie, Napoléon est l'ennemi.
Tolstoï nous livre une observation détaillée de l'aristocratie à travers le parcours de nombreux personnages à la psychologie fouillée. Dans le faste de la vie de salon ou sur les champs de bataille, ils accumulent victoires ou défaites, personnelles ou militaires. Tous sont entravés par leur époque et par leur milieu, et cherchent un sens à leur vie. Entre grandeur et mesquinerie, amour et amitié, égoïsme et abnégation… la frénésie de leur recherche fait le tour des passions humaines.
Un chef d'oeuvre tout à la fois romanesque, historique, politique et social, qui engloutit le lecteur dès la première page pour, la dernière page tournée, le laisser abandonné et pantois.
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Mission accomplie. J'ai terminé mon défi du confinement avec l'intégrale de "LA GUERRE ET LA PAIX", tel est le titre retenu pour l'édition de décembre 1944 dans la Pléiade dans une traduction de Henri Mongault.
Ce livre-épopée est un monstre, mais un monstre magnifique. Jamais batailles n'ont été mieux décrites au coeur même de la mêlée, jamais l'âme russe n'a été aussi bien illustrée. Point n'est besoin de s'attarder outre mesure sur ce chef-d'oeuvre sur lequel tout a été dit.
Sauf à ajouter un petit bémol : le prodigieux écrivain qui a passé 5 années à enfanter ce roman-fleuve aurait pu faire l'économie de cette cinquantaine de pages finales qui embrouillent son propos par un trop plein d'explications.
Sur cette édition de la Pléiade de 1607 pages, l'histoire proprement dit se termine à la page 1556, soit au terme de la 1ère partie de l'épilogue. Puis l'écrivain se mue en professeur qui disserte à foison sur le sens de l'Histoire. Si vous n'êtes ni historien, ni philosophe, évitez cet ultime sentier escarpé. Pour le reste, rien que du bonheur !
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Quand on parle de classique, le roman fleuve de Tolstoï fait partie de ceux qui viennent tout de suite à l'esprit.
Cela faisait des années que Guerre et Paix, ou La Guerre et la Paix, était dans ma bibliothèque.
Mais une oeuvre de cette ampleur, on ne la lit qu'au moment où on se sent prêt à plonger dedans.
Par rapport au mythe que ce roman représente dans la littérature mondiale et par sa taille de presque 2000 pages.
Mes précédentes expériences avec Tolstoï avaient été diverses. J'ai adoré Anna Karenine mais ai eu plus de mal avec Résurrection, son dernier roman de 1899, représentatif si j'ai bien compris d'un moment de la vie de l'auteur où celui-ci reniait ses oeuvres romanesques.
Quant au livre de poche regroupant "la mort d'Ivan Illitch", "maître et serviteur" et "trois morts", j'avoue être passé un peu à côté. Je le relirai.
Voilà posé le "contexte" dans lequel j'ai entrepris cette lecture.

Guerre et Paix commence en juillet 1805, au sein de la noblesse petersbourgeoise et moscovite. Dans la première partie, on découvre, au travers de salons mondains et de dîners, les personnages que nous suivrons tout au long de l'oeuvre.
(Attention, je vous conseille de noter dans votre smartphone ou sur un papier quelques éléments sur les personnages : qui est le fils ou la fille de qui, le cousin ou la cousine de qui, etc. En effet on fait la connaissance d'énormément de personnages en même temps, et il peut parfois être difficile de s'y retrouver).

A cette époque, on discute de Bonaparte, de la menace qu'il fait peser sur l'Europe et la Russie et de la nécessité de partir en guerre. Ainsi, certains s'engageront tels le prince André Bolkonski ou le jeune comte Nicolas Rostov.

Place plus tard à la vie au sein des régiments alors que la guerre fait rage, ce qui nous amènera dans un premier temps à la fameuse bataille d'Austerlitz, défaite amère pour l'alliance austro-russe. Et source de désillusions pour beaucoup, pour ceux qui ne voyaient dans l'affrontement que l'aspect héroïque, superbe, propice à l'avancement et à la gloire.

Le roman va ainsi alterner entre périodes sur le front et périodes de vie "normale", que ce soit à travers les soldats en permission ou les personnages qui ne participent pas à cette croisade contre Napoléon, que les russes appellent "l'ennemi du genre humain".
Nous suivrons le prince André Bolkonski et sa soeur Maria, Natacha Rostov et sa famille dont le jeune Nicolas, et ce fameux Pierre Bezoukhov.

Tous liés les uns aux autres, et comme toujours chez Tolstoï, ces personnages, au gré de leurs expériences, de leurs rencontres, vont être amenés à évoluer. Dans leurs positions, dans leurs sentiments, notamment ceux qu'ils éprouvent les uns envers les autres.

Cette alternance mentionnée ci-dessus permet de donner de l'air au récit, récit dont la fluidité m'a d'ailleurs étonné, moi qui m'attendais à quelque chose de plus ardu.

Le 2ème tome est lui entièrement consacré à cette fameuse campagne de Russie en 1812, au coeur même de Moscou, là où certains parlaient de la guerre avec parfois un peu trop de légèreté.
Comment en effet ne pas parler de cet événement, célèbre dans les livres d'histoire et une des plus cuisantes défaites de l'empereur Napoléon.

De Borodino, à Kraskoie, en passant par Moscou évidemment, des dizaines de milliers d'hommes meurent, plus par les conditions de vie, le pillage, la retraite précipitée, que par les affrontements à proprement parler.

Tolstoi se sert aussi de son roman pour développer sa thèse sur L Histoire et les Grands Hommes. le génie militaire n'existe pas. C'est à posteriori qu'on qualifie untel ou untel de héros. Car la victoire ne dépend jamais des consignes données et souvent déjà dépassées quand elles arrivent aux soldats. La force est égal à une équation dans laquelle, outre la quantité d'hommes à disposition, rentre un multiplicateur : le moral.
Celui qui fait que 10 hommes en renverseront 15.
Et que c'est un ensemble de paramètres qui ne peuvent être prévus qui vont définir le succès, plus que le pouvoir de quelques-uns.

Se dresse lors de cette campagne russe une opposition entre Napoléon, que Tolstoï fait plus qu'égratigner, et (non pas l'empereur Alexandre relégué au second plan) Koutouzov le commandant de l'armée russe, que Tolstoï réhabilite. Il réhabilite l'homme et ses choix, parvenant à en faire un portrait non dénué de tendresse, un incompris.

Il serait passionnant d'échanger sur ce livre et sur cette guerre avec un historien. Afin de confronter le point de vue de l'auteur, dont on sent l'immense travail historique sur ces événements vieux d'une cinquantaine d'années, et les études postérieures.

Guerre et Paix est bel et bien un chef-d'oeuvre, dont la longueur ne doit pas décourager le lecteur. Elle est indispensable à la quantité de choses que Tolstoï veut nous raconter, à la masse d'informations qu'il veut mettre à notre disposition.

Pourtant, nous ne sommes jamais noyés. Tout le monde trouvera quelques longueurs, c'est évident, surtout dans cette dernière partie d'une cinquantaine de pages qui n'est qu'une analyse du pouvoir, de l'histoire et des notions de liberté et nécessité (le "vrai" roman s'arrêtant à la fin de la première partie de l'épilogue).

A bientôt et bonne lecture !
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Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
Les parenthèses de bonheur ne sont pas si nombreuses dans La Guerre et la paix pour que l'envie d'y regoûter me prenne parfois souvent à l'approche de Noël (Je me réfère ici pour les citations à l'édition de la Pléiade). L’hiver 1806 par exemple tel que raconté dans le roman est un moment de grâce dans l’épopée somptueuse et tourmentée de Tolstoï, oubliées tout d'un coup les pages dévolues aux stratégies militaires des Koutouzov, Bilibine et autre Bagration...

La bataille d'Austerlitz vient de faire rage et bien qu'une nouvelle guerre avec Napoléon soit déjà envisagée l’écriture de Tolstoï déborde d’une légèreté et d’une gaité communicative innondant encore les pages d’aujourd’hui. Chez les Rostov à Moscou où le temps semble s'être suspendu jeunes gens et jeunes filles se sont retrouvés : Nicolas, son ami Denissov, Dolokhov avec qui il est également lié, Vera, Sonia et Natacha.

« L’automne venu, les Rostov regagnèrent Moscou. Au début de l’hiver, Denissov y revint également et descendit chez eux. Cet hiver de 1806, le premier que Nicolas Rostov passât à Moscou, fut l’un des plus gais, l’un des plus heureux que cette famille eût connus. » (p. 422).

Arrivent les fêtes de noël, occasions pendant plusieurs jours, de bals, de rencontres et de festivités. Extraits :

« La maison des Rostov était imprégnée à ce moment de cette atmosphère amoureuse particulière aux maisons où il y a de très jeunes et très jolies filles. » (p. 423)

Un peu plus loin encore :

« Le troisième jour des fêtes de noël […] Jamais encore chez les Rostov l’air n’avait été à ce point saturé d’amour. » (p. 425)

Enfin, point d’orgue de ces fêtes, le bal chez Iogel :

« A peine entrée dans la salle Natacha céda à son penchant amoureux. Sans distinguer personne en particulier, elle s’éprit de tout le monde à la fois… » (p. 428)

... Et vient sa mazurka endiablée avec Denissov (p. 430) :

« Il sortit de la rangée des chaises, saisit vigoureusement la main de sa danseuse, redressa la tête et tendit la jambe, attendant la mesure. En deux occasions seulement – quand il était à cheval et quand il dansait la mazurka – la médiocrité de sa taille passait inaperçue, et Denissov devenait pleinement le rude et beau gaillard qu’il voulait être. Quand son tour fut venu, il coula vers sa danseuse un regard à la fois plaisant et vainqueur, fit un brusque appel du pied et bondit comme une balle élastique, entraînant Natacha dans la danse. Il parcourut ainsi sur un seul pied la moitié du salon, sans faire le moindre bruit, sans paraître voir les chaises placées devant lui ; il allait, croyait-on, s’y heurter quand soudain, jambes écartées, éperons sonnants, il s’arrêta un instant sur ses talons, en multipliant les appels de pied fit une volte rapide, et rejoignit la chaîne des danseurs le pied droit battant sans cesse contre le gauche. Natacha devinait chacune de ses intentions et s’y abandonnait inconsciemment. Tantôt il la faisait pirouetter par la main droite ou par la main gauche ; tantôt se mettant à genoux, il lui faisait décrire un cercle autour de lui, puis, soudain redressé, il reprenait sa course furieuse comme s’il voulait d’un seul élan parcourir toutes les salles ; tantôt il s’arrêtait inopinément pour exécuter une figure imprévue. Quand, après une magistrale virevolte, il immobilisa sa danseuse juste devant sa place et s’inclina dans un dernier tintement d’éperons, Natacha n’eut même pas la présence d’esprit de lui faire la révérence. Elle fixait sur lui ses yeux souriants, étonnés et paraissait ne pas le reconnaître. »

Pour ce noël délicieux de 1806, sa jeunesse, le plaisir d’une danse : Livre 2, 1ère partie, chapitre 10, 11, 12, p. 422 et suivantes.
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Ne pas faire de prisonniers, reprit le prince André, ce serait transformer toute la guerre et la rendre moins cruelle. Au lieu de cela, nous jouons à la guerre, hélas ! nous faisons les généreux. Cette générosité, cette sensiblerie me rappellent celle d’une petite-maîtresse qui se trouve mal à la vue d’un veau qu’on égorge : son excellent cœur ne lui permet pas de voir le sang couler, mais elle se régalera volontiers de ce même veau accommodé à une bonne sauce. On met en avant les lois de la guerre, l’humanité, la chevalerie, le respect des parlementaires, etc. Niaiseries que tout cela ! […] On livre nos maisons au pillage, on met en circulation de faux assignats, et, ce qui est pire, on tue mon père ou mes enfants et l’on vient après cela me parler des lois de la guerre et de générosité envers l’ennemi ! Non, il ne faut pas faire de prisonniers, mais les tuer tous et marcher soi-même à la mort ! […]
Que vient faire la galanterie dans la guerre ? N’est-elle pas ce qu’il y a de plus infâme au monde ? [...] Ecartons tout mensonge : la guerre, eh bien, c’est la guerre et non une amusette. Il n’en faut pas faire un divertissement à l’usage des oisifs et des esprits légers. Le métier militaire n’est-il pas tenu pour le plus noble de tous ? Et pourtant, qu’est-ce que ce métier, comment y obtient-on des succès, quels mœurs entraîne-t-il chez ceux qui l’exercent ? Son but, c’est le meurtre ; ses moyens, l’espionnage, la trahison et l’encouragement à trahir, la ruine des habitants, le pillage et le vol organisés pour la subsistance de l’armée, la duperie et le mensonge décorés du nom de ruses de guerre ; ses mœurs, l’esclavage baptisé discipline, l’oisiveté, la grossièreté, la cruauté, la débauche, l’ivrognerie. Et malgré cela, la caste militaire prime les autres, tout le monde l’honore. Tous les souverains, excepté l’empereur de Chine, portent l’uniforme militaire et l’on donne la plus haute récompense à celui qui a tué le plus de gens.

(Livre troisième, Deuxième partie, Chapitre XXV)
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Il regardait les Français s’approcher de lui qui, quelques instants auparavant, brulait de les atteindre et de les sabrer, trouvait maintenant leur approche si effrayante qu’il n’en croyait pas ses yeux. […] "Voudraient ils me tuer ? ... Me tuer, moi, que tout le monde aime tant ? ... " En songeant à l’affection que lui témoignait sa mère, sa famille, ses amis, il lui parut impossible que les ennemis voulussent le tuer. "Et pourtant, si telle était leur intention ?" Il resta plus de dix secondes immobile, sans se rendre compte de la situation. Le Français de tête, au nez crochu, était déjà si près que Rostov pouvait distinguer ses traits. La physionomie exaspérée de cet homme qui, baïonnette croisée, se précipitait sur lui, épouvanta Rostov. Il saisit son pistolet, mais au lieu de tirer, le lança vers le Français et s’enfuit à toutes jambes vers les broussailles, comme un lièvre poursuivi par les chiens. Il n’était plus animé, comme au pont de l’Enns, par un désir de lutte, mêlée à une vague inquiétude ; la terreur de perdre la vie, cette vie si jeune, si joyeuse, dominait maintenant tout son être. Il courait à travers champs, bondissait par-dessus les fossés, avec la même fougue que s’il jouait aux barres ; il se retournait de temps à autre, son bon visage juvénile couvert d’une pâleur mortelle et un frisson d’effroi lui parcourait le dos.

Livre premier, Deuxième partie, Chapitre XIX.
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L’ordre portait de chercher un gué et de traverser la rivière. Le colonel des uhlans, un vieil homme portant beau, cramoisi et balbutiant d’émotion, demanda à l’aide de camp s’il lui était permis de passer la rivière à la nage sans se soucier du gué. Avec un effroi visible qu’on ne la lui refusât, comme un gamin qui demande la permission de monter à cheval, il sollicita l’autorisation d’effectuer cette prouesse sous les yeux de l’empereur. L’aide de camp répondit que celui-ci ne serait sans doute pas mécontent de cet excès de zèle.
Aussitôt le vieil officier à longues moustaches, l’air radieux et les yeux brillants, brandit son sabre en criant : Vivat ! Puis, donnant l’ordre à ses soldats de le suivre, il éperonna son cheval et s’élança vers la rivière. Comme la bête regimbait, il la serra rageusement et s’enfonça dans l’eau, gagnant un endroit où le courant était fort. Des centaines de uhlans le suivirent. Mais vers le milieu, le froid et la peur les saisirent : ils s’accrochaient les uns aux autres et se trouvaient désarçonnés. Quelques chevaux se noyèrent ; des hommes se noyèrent également, d’autres tentèrent de nager en se cramponnant qui à leur selle, qui à la crinière de leurs montures. Ils s’efforçaient de gagner l’autre rive et, bien qu’à cinq cents mètres de là il y eût un gué, ils étaient fiers de nager et de se noyer sous les yeux de cet homme assis sur un tronc d’arbre et qui ne regardait même pas ce qu’ils faisaient.

(Livre troisième, Première partie, Chapitre II)
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Les médecins laissaient entendre qu’elle courait un vrai danger. […] Peu importait qu’ils fissent absorber à la malade des drogues pour la plupart nuisibles, dont l’effet néfaste était d’ailleurs atténué par la petitesse des doses ; ils étaient utiles, voire indispensables, pour la raison qu’ils satisfaisaient les besoins moraux de Natacha et de ceux qui l’entouraient. C’est pourquoi, soit dit entre parenthèses, il y aura toujours de faux guérisseurs, des charlatans, tant allopathes qu’homéopathes. Ils donnent satisfaction à ce désir éternel chez l’homme d’espérer un soulagement, de voir les gens s’empresser autour de lui, sympathiser à ses maux. [...]
Que serait-il advenu de Sonia, du comte et de la comtesse, s’ils avaient dû se croiser les bras au lieu de faire prendre à heure fixe ces pilules, ces boissons chaudes, ces croquettes de poulet, et de veiller à mille autres prescriptions des médecins qui leur procuraient une occupation consolante ?

(Livre troisième, Première partie, Chapitre XVI)
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