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Critique de ODP31


La musique n'adoucit pas toutes les moeurs.
Pas celles de TolstoÏ dont l'espérance se meurt. Il a succombé à la sonate à Kreutzer. Mais qui est ce kreutzer, avec ce nom de biscotte ? Il s'agit d'un violoniste virtuose à qui le compositeur avait dédicacé sa sonate pour violon et piano n°9. Pas reconnaissant, le soliste refusa toujours de la jouer. Beethov n'en crut pas ses oreilles, peut-être parce qu'il était sourd.
Je ne vais pas vous raconter des sornettes ou des sonates, il n'est pas du tout question de ce violoneux ingrat dans cette histoire mais je voulais étaler ma culture de récup wikipédiesque.
A bord d'un train, Pozdnychev raconte à un narrateur qui ne lui avait rien demandé comment il en est arrivé à tuer son épouse par jalousie, persuadé que cette dernière entretenait une liaison avec un violoniste. Peut-être l'origine de l'expression « Et si tu arrêtais de me jouer du violon ! » vient de là. Je dis n'importe quoi.
Le roman est très court, à l'échelle de Tolstoï, c'est à peine plus long qu'une préface, mais ce récit symbolise son puritanisme tardif. le comte a renié sa jeunesse de débauche et son train de vie de première classe et sa conversion mystique l'amène ici à condamner la passion et les rapports sexuels, même durant le mariage, institution qui emprisonne. Fini les dérogations à l'immaculée conception.
Tolstoï a vieilli, il est rongé d'amertume lorsqu'il écrit ce roman qui fera scandale, qui sera censuré mais il reste un incroyable écrivain. le poison de la jalousie est décrit crescendo avec virtuosité et une force narrative unique. Et puis, quelle résonnance avec la vie de l'auteur, qui annonce presque à demi-mot dans ce livre à sa femme Sophie, son intention de finir sa vie, seul, en ermite chrétien.
La mère de ses 13 enfants, comme quoi l'abstinence a ses limites, prendra sa plume pour répondre à l'ogre dans deux récits qui égratignent l'image du génie. le couple est déchirant, transite entre guerre et paix mais ce n'est pas elle qui le quittera. Reviens Leon, j'ai les mêmes à la maison !
Certains passages sont dérangeants. Pozdnychev plaide coupable, il ne recherche pas le pardon mais il se présente comme victime d'une malédiction, celle des démons du péché. Mon obsession avait pris le contrôle de mon âme, votre honneur. Argument un peu léger devant un tribunal.
J'ai écouté la fameuse sonate. Je me demande comment elle a pu inspirer une telle noirceur alors que le piano et le violon s'y répondent de façon si harmonieuse.
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