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Critique de JacobBenayoune


De la grande littérature en si peu de pages.

La Mort d'Ivan Ilitch frappe d'abord par le choix de ce titre direct qui invite le lecteur à réfléchir sur le contenu et le genre de ce court roman. Et l'on commence à se poser des questions sur ce personnage tellement important dont la mort est si intéressante.

Tolstoï a choisi une organisation assez curieuse pour son roman (ou nouvelle). Une organisation qu'on retrouvera plus tard chez Kundera par exemple. le livre s'ouvre sur la nouvelle de la mort d'un conseiller à la cour d'appel. Et l'on constate que cette nouvelle cause des réactions étranges chez son entourage ; un mélange d'indifférence et d'insouciance égoïstes. Ensuite, l'auteur revient sur la vie et l'ascension de ce personnage assez banal qui menait, selon lui (Ivan), correctement, facilement et agréablement sa vie. Son mariage qui s'avère un véritable naufrage ne l'empêche pas de continuer sa carrière malgré les désagréments fréquents. En surplus, son travail devient un refuge pour lui sans pour autant y trouver du plaisir.

L'intérêt de cette organisation est dans le fait qu'on arrive à découvrir au fur et à mesure la raison de cette indifférence presque flagrante de son entourage. D'ailleurs, Ivan lui-même commence à saisir la réalité et la vérité de son existence toute entière et ce jusqu'au dernier souffle.

Par ailleurs, ce livre est une descente aux enfers de la douleur, de la mort et de l'absurdité de la vie (un mot un peu osé mais vrai). le malaise que ressent Ivan, on le ressent, nous-mêmes lecteurs, au long de ce récit. Cette douleur omniprésente, permanente qui consomme l'âme et le corps d'Ivan au fil des pages et des jours, Tolstoï nous la fait vivre par sa magie d'écrivain. Ivan affronte sa mort, seul. Ni médecins (d'ailleurs on retrouve une satire envers eux et une description désavantageuse de leur attitude envers les malades), ni famille, ni amis ne le sauveront ni même ne le comprendront. Il doit saisir l'intérêt de cette douleur, chercher l'origine de son mal et vaincre sa peur de la mort. C'est ce combat atroce qu'on retrouve dans ce court roman.

Il s'agit bien d'une lecture exigeante qui vous donne à réfléchir sur toute l'existence, une lecture qui « nous réveille (…) d'un coup de poing sur le crâne » (Kafka).
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