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Critique de PatriceG


C'est en lisant ce que je pourrais qualifier de fumier sous la plume d'un certain Emile Masson, répertorié comme anarchiste breton, socialiste internationaliste qui s'est fait heureusement oublier depuis, qui a osé écrire dans la Bretagne libertaire numéro 21, une stratégie pour endoctriner la Bretagne qui au moment de "peuples unissez-vous..", était effectivement un peuple, une langue, n'a pas trouvé mieux que de se revendiquer de Proudhon, Kropotkine, Tolstoï pour asseoir sa légitimité. Les deux premiers passent encore, mais alors mêler Tolstoï à sa sauce qui n'est autre qu'un graillon m'a laissé pantois et que je réprouve solennellement !

Deux choses : aller dire que Tolstoï était anarchiste, bon d'abord il faut savoir que d'aucuns n'ont jamais admis le Tolstoï paysan et le cultivant et avaient de sérieuses raisons de le penser. Tolstoï n'est jamais resté les deux pieds dans le même sabot, il a évolué au cours des décennies au point que combien d'observateurs se sont fracassés sur sa dite conversion qui n'a jamais été en fait qu'un long chemin expurgé de tout mauvais penchant terrestre. Il balise effectivement son parcours dans sa Confession qui date de 1881 et qui m'apparaît plus comme une oeuvre philosophico-religieuse face à la mort où il s'accorde non point une miséricorde mais l'imperfection d'une âme tourmentée . Certes il a toujours été un rebelle dans l'âme, mais était profondément réformiste jusqu'à faute de ne pas être entendu par les Tsars en personne, ni par les administrations, il s'est radicalisé à partir des années 80, plus encore en 90, et s'est mis à écrire des admonestations, des sermons .. On dirait aujourd'hui qu'il s'est remis en cause, a durci singulièrement le ton, mais sans être jamais révolutionnaire, il l'a même condamné (j'ai déjà fait un billet là-dessus !). Et son excommunication par l'Eglise après son Resurrection n'est pas le bon argument pour montrer, démontrer qu'il ne supportait rien de l'Etat et qu'il plaidait pour tout raser de tout ce qui étaient des strates de l'Administration impériale. Il restait attaché à la foi, il a même remanié les Evangiles pour avoir une parole divine originelle plus proche du peuple qui a même intéressé Nietzsche (Antéchrist). On a pu voir en lui une espèce d'anarchisme, toujours à partir des années 80, mais nullement un anarchisme nihiliste et violent évidemment comme on sait. En tout cas, il s'est prêté ni de près ni de loin aux séquences coupables des socialistes révolutionnaires et à tout embrigadement.

L'autre chose, bien plus littéraire, voire poétique est que en lisant ces conneries d'Emile Masson, je me suis dit que c'était la deuxième fois, livrée à ma propre perception, que Tolstoï s'invitait en Bretagne, contre toute attente, ici pour de mauvaises raisons bien sûr, mais quand il m'a fallu me remémorer qu'elle était la première, j'en étais bien incapable et avec regret. On s'imagine toujours qu'un jour on récapitulera tout ça de ses écrivasses : ma cache bezef, et même nos propres écrivasses s'empilent jusqu'à devenir inexploitables, elles se noient dans le désert et il est bien hypothétique qu'elles retrouvent une seconde vie, à moins d'être un greffier zelé de sa propre production !..

C'est parfois mal connaître toutes les vertus d'une bibliothèque. Ma bibliothèque beaux-arts m'a resservi un livre que j'avais oublié que j'avais, ce Belle-Ile en Art de Belbeoch et Clifford et qui m'a fait remonter à une intervention sur babelio en 2020 à ce propos. Il est bien écrit que Tolstoï s'est invité à Belle-Ile par le truchement de Monet qui avait deux trois livres de Tolstoï dont Anna Karénine et Katia à lire recommandés par Gustave Geffroy, son ami, et qu'il en tira une forte satisfaction.

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