Il n'y a pas longtemps, je disais dans une de mes chroniques que j'aimais les romans chorals mais que sans doute la "shortitude" du roman ne permettait probablement pas de beaucoup développer la profondeur des personnages. J'avais alors en tête les deux gros pavés d'
Adrien Tomas :
La geste du sixième royaume et
La maison des mages. Et bien je retire ce que j'ai dit car il vient de me prouver le contraire.
Ce Royaume rêvé, c'est tout juste 300 pages qui portent la même marque de fabrique que les précédents. Une foultitude de personnages que l'on suit, dans une alternance absolument pas régulière mais entraînante, assurément ! Suivre ces ados formés pour être les Épines de la future reine Ithaen, fut un vrai plaisir. Ithaen, elle même adolescente est formée au combat en même temps qu'eux en plus de l'art de gouverner. Ces futurs défenseurs sont terriblement attachants. Ithaen, Merisia et Vermine pour la gente féminine, Ysemir et et Elodar surtout pour le côté mâle, Solheim étant beaucoup plus en retrait. Et ces ados sont tous les héritiers des différents clans des Territoires du Nord.
L'auteur nous plonge à nouveau dans son univers comprenant les cinq royaumes entourant le sixième fait d'une immense forêt, mais beaucoup, beaucoup plus tôt. Seï l'ambitieuse, la combattante, menace déjà avec ses velléités de conquête alors que le Nord, qui deviendra Evondia, n'est qu'un morcellement de clans rivaux. Cela fait à peine deux générations que ces humains se sont soulevés et débarrassés du joug des elfes dont ils étaient les esclaves, s'emparant du pouvoir et des territoires chèrement conquis.
Les parents d'Ithaen, visionnaires, voulaient unifier tous ces clans afin de pouvoir faire front à la menace bien réelle de Seï. Les regrouper dans un seul royaume : le Royaume rêvé. Mais ils sont morts et c'est sur leur fille que repose tout espoir. Ce n'est pas une mince affaire qui lui incombe, essayez donc de garder pacifiée une basse-cour pleine de coqs tous perchés sur leur ergots ! Heureusement, de l'intelligence elle n'en manque pas, pas plus que d'alliés loyaux, ados et adultes, dont le talentueux et insaisissable la Locuste...
L'écriture est toujours aussi fluide et agréable, avec cet humour sous-jacent, marque de fabrique d'
Adrien Tomas que j'aime tant. On assiste à la naissance du robot ailé, appelé ici Projet 68, qui aura un grand rôle à jouer dans
la Geste du sixième royaume. On découvre d'autres types de magie que celles des sorcières grises. Celle qui inonde Vermine. Celle léguée par les nains avant qu'ils ne se retirent dans leurs montagnes. Celle résiduelle et malsaine des elfes. Et on retrouve également l'idée déjà exploitée des Chroniqueurs que vraiment j'adore. Ces Runiques à la peau dorée, gardiens de l'Histoire qui surgissent partout où se passent des événements importants, afin d'être témoins et écrire
L Histoire sur leur orbe. Des êtres neutres, sans émotion... soit disant ! J'adore cette façon d'imposer des règles, des principes, pour mieux les contourner juste après !
Bref, j'ai beaucoup apprécié cette lecture pleine de peps et d'humour, plein de créatures abjectes et repoussantes si bien retranscrites sur la couverture, pleine de tout ce qu'il faut pour faire un coup de coeur. En approchant de la fin de mon livre j'avais en tête d'y mettre un bémol : trop court ! Mais même lui s'est envolé avec la dernière phrase :
«- Et maintenant ?
- Maintenant... les choses sérieuses commencent.»
Je veux la suite, viiiite ! Je veux lire la création de ce royaume, l'avènement du règne d'Ithaen, je veux cerner plus avant la Locuste et comprendre le rôle de Belunith. Il me manque encore des morceaux du puzzle pour que le tout s'emboîte avec
la Geste du sixième royaume.
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