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Critique de CaroleSwaba


Je devais déposer ici un CR de lecture suite à l'envoi par Babelio du dernier ouvrage de Nick Tosches. Or, je vois que j'arrive après tant d'autres lecteurs et CR de lecture que je ne vais pas donc alourdir de blabla supplémentaire la fiche de ce livre en ligne. Ce que j'aimerais toutefois souligner pour le lecteur curieux mais non coutumier de cet auteur est que cette oeuvre - car il s'agit d'un ouvrage que l'on peut et doit considérer comme une oeuvre par la manière même dont il vient éclairer les ouvrages antérieurs de l'écrivain et s'inscrire dans son évolution atypique au coeur de la littérature américaine contemporaine (Cf ses essais sur l'Amérique, la musique, les figures mythiques, etc.) - est à prendre comme une performance d'écriture avant toutes choses :
- performance dans la manière même où le sujet abordé est décrit de sorte qu'il "heurte",
- performance dans son genre (on est toujours au bord de l'autofiction déconstruite et reconstruite selon des besoins stricto sensu de justifications littéraires, voire extra-littéraires (sur l'art des couteaux japonais pas exemple) qui font la "marque" (son style) même de l'auteur de sa propre justification à écrire (encore malgré tout),
- performance dans sa volonté absolue d'être "littéraire" afin d'exprimer les évènements de la vie à partir d'une posture existentielle ou d'un postulat qui fait de la littérature un moyen et une fin (contre la modernité sociétale),
- performance dans la langue (le parlé et le phrasé sont une et même chose dans leur différence : il suffit de savoir ce qu'est le "verbe" dans le sens littéraire encore donc),
- performance du récit (418 pages bien denses et fortes, tant en émotions qu'en réflexions qui jouent avec le temps même du lecteur, largement malmené (cela est fait exprès),
- performance dans l'analyse sociétale contemporaine ramenée à une sorte de brutalité historico-religieuse quant aux scènes "érotiques" (ce qui permet une lecture transversale de l'économie et du capitalisme, cette "part manquante" dirait Georges Bataille, à travers des ébats sexuels d'un autre temps réactualisés aux besoins actuels des limites ou de l'illimité de cette société (à travers le corps : belles descriptions quasi sadiennes),
- performance enfin du livre lui-même comme roman mainstream lancé par une (des) maison(s) d'édition (américaine et puis française) comme s'il s'agissait d'une sinécure, d'un divertissement "culturel" alors même qu'il s'agit de se confronter sérieusement à "l'oeuvre" (rabelaisienne par nature : cul, bouffe, sang, stupres, fric), de s'y enfoncer, de la saisir, d'en comprendre la révélation secrète (le plus difficile : comprendre quoi ?)... car elle possède, comme toute grande oeuvre, un secret, un secret qui revient dans chacun des ouvrages de l'auteur et dont je conseillerai au lecteur novice de commencer par ces 2 titres éclairants ("Réserve ta dernière danse pour Satan" & "Confessions d'un chasseur d'opium" aux Editions Allia) avant d'en passer par la somptueuse et ambitieuse "Dans la main de Dante" (Editions Albin Michel et Livre de Poche). Ainsi, pour conclure, disons simplement que "Moi et le Diable" est une partie du tout que forment les ouvrages de Nick Tosches et que c'est ce qui en fait l'un des plus grands écrivains américains du XXIe siècle.
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