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Critique de Andromeda06


Me voilà à la fin de L'odyssée d'Hakim, ce dernier étant enfin arrivé en France avec son fils. Mais avant cela, il lui aura fallu quitter la Grèce, traverser la Serbie, la Hongrie, l'Autriche et la Suisse. Camp De réfugiés déplorable, xénophobie et irrespect, faim, froid, précarité, peur au ventre n'en seront finalement pas venus à bout de son courage et de sa ténacité.

Ce troisième tome est aussi émouvant et éprouvant que les deux premiers, avec des passages durs et bouleversants, à fendre le coeur. Tout au long de ma lecture, je n'ai pas cessé de me poser toujours la même question : à sa place, aurais-je pu supporter ne serait-ce que la moitié de ce qu'il a vécu ? Je ressors de cette odyssée touchée au plus profond de mon être. Je savais que ces personnes avaient vécu un calvaire, et continuent de le vivre au quotidien pour la plupart, mais je n'avais pas imaginé qu'ils avaient en fait vécu bien pire. Au sortir de cette lecture, je me suis sentie idiote et ignorante, davantage pleine de compassion pour ces personnes qui ont tout perdu, vécu le pire, et qui sont souvent traités comme des intrus, ce qui ne les aide en rien à s'intégrer dans un pays où ils ont déjà tout à apprendre.

La façon dont les migrants sont traités dans les camps de réfugiés (en Hongrie notamment) m'a révoltée, sans parler de ce qu'Hakim appelle le "business de la détresse", totalement abject, ou encore des regards et des réflexions des autres. Tout ça m'a tantôt mise dans une colère noire, tantôt émue aux larmes. Heureusement qu'il y a des gens bienveillants qui croisent leur chemin, prêts à les aider en fonction de leur moyen, comme ce vieux monsieur qui offre spontanément un bonbon au petit Hadi tout en tendant un paquet de couches à Hakim. Heureusement qu'il y a une forme de solidarité entre les migrants, se serrant les coudes alors qu'ils ne se connaissent même pas, parce qu'ils partagent le même calvaire, la même détresse, le même désespoir. Je me suis retrouvée dans un récit qui raconte l'impensable, tout en étant plein d'humanité et de coeur.

Il est impossible de sortir indemne de cette lecture à la fois captivante et bouleversante, pleine de désespoir et de bienveillance, qui joue au yoyo avec nos émotions. Fabien Toulmé a fait un travail formidable. Son projet de « retranscrire en BD le témoignage d'un réfugié pour comprendre les mécanismes qui amènent quelqu'un à quitter son pays, malgré les risques et difficultés que cela représente » est une totale réussite. Et c'est même plus que cela puisqu'il nous touche en plein coeur.

J'ai ressenti tout ce qu'Hakim a ressenti et suis passée par toutes sortes d'émotions, de la colère à la peur, du découragement à la lumière au bout du tunnel, des larmes de désespoir aux larmes de soulagement. L'odyssée d'Hakim, dans son ensemble, est éprouvante. La vie au camp de réfugiés est particulièrement révoltante (j'ai encore du mal à croire qu'on puisse traiter des êtres humains ainsi de nos jours, clairement on ne vaut pas mieux que les nazis...). Les retrouvailles familiales, quant à elles, sont particulièrement touchantes et carrément bienvenues.

L'histoire d'Hakim se termine plutôt bien, sa famille et lui sont désormais réunis et en sécurité. L'intégration en France n'est pas facile, notamment à cause de la barrière de la langue. Il trouve les Français accueillants, et si on nous compare aux Hongrois, je veux bien le croire... Son odyssée a duré trois ans, il a vécu mille dangers et a vu la mort de près plus d'une fois. Je ne peux que lui souhaiter une vie heureuse et plus paisible, ainsi qu'à tous les siens, et de trouver l'argent nécessaire pour monter sa pépinière et exercer le métier qui le passionne tant.
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