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Critique de mh17


Apparitions est un récit d'une trentaine de pages vraiment étrange, inclassable, lyrique, une "fantaisie" comme le qualifiait l'auteur lui-même. Elle fut écrite à Baden-Baden et publiée dans l'Époque, la revue littéraire des frères Dostoïevski en 1864. Elle raconte la rencontre envoutante du narrateur, un jeune russe, vivant à la campagne avec Ellis ,"l'apparition"qui s'est éprise de lui. Elle lui rappelle vaguement quelqu'un et à chaque baiser reçu, il a la sensation d'être piqué par un insecte ou une sangsue...serait-elle un vampire ? Davantage une sirène pour moi car elle le charme irrésistiblement. Et puis Ellis a le pouvoir de l'amener instantanément par les airs en n'importe quel lieu. Trois nuits durant, ils vont parcourir ensemble l'Europe. Au récit fantastique se joint donc un récit de voyage dans l'espace, à travers la Russie et l'Europe, mais aussi dans le temps car surgissent du passé les troupes de Jules César puis celle du rebelle sanguinaire Stépan Razine. Les voyages sont tous mystérieux, enveloppés de brouillard, sous la lune. Vues du ciel, les ombres ressemblent à des animaux endormis plutôt paisibles quand il s'agit de la forêt proche de son village natal ou très inquiétants quand il s'agit des récifs de l'île de Wight. le hurlement de la mer effraie le narrateur, qui n'est pas très téméraire. Cependant chez lui dans son village natal, dans la campagne russe, tout semble trop endormi, trop immuable. En tout cas, une chose est sûre, il hait les villes impériales, belliqueuses, la Rome brutale et terrible de Jules César, le Paris débauché et tapageur du troisième Napoléon, la blême et triste Saint-Pétersbourg toujours au Garde à vous et ses écoeurantes odeurs de chou. le narrateur aime le Lac Majeur si sensuel, si voluptueux et la calme majesté de la Volga. Mais ce qu'il préfère c'est la vallée du Rhin et plus précisément la Forêt Noire paisible, vaporeuse et mélancolique. le narrateur s'y sent chez lui, triste et calme tout à la fois. Mais il lui faut partir.
J'ai beaucoup aimé ce récit singulier et riche, plein de colère et de mélancolie. Mélancolie romantique, mélancolie de l'exilé, mélancolie de l'écrivain incompris dans son pays et qui renvoie dos à dos France et Russie, haine de tous les tyrans, angoisse devant la menace de la guerre franco-prussienne. Angoisse devant la mort qui rôde.
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