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Critique de Apoapo


Le jeu est connu en atelier d'écriture : rédiger un texte court, préférablement en un temps bref imparti, à partir d'une photographie suggestive. Dans cet ouvrage, environ soixante magnifiques images en noir et blanc – oeuvres de photographes parfois très célèbres, tels Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Leni Riefenstahl, etc. - constituent le pré-texte de méditations qui, hormis la deuxième – « Les deux soeurs », une fiction d'inspiration clairement biblique – sont tantôt plus descriptives de la photo elle-même, tantôt moins, s'en éloignant par abstraction – notamment sur la sémiotique de l'art photographique –, quelquefois sont informatives sur leur auteur, leur objet ou les circonstances de leur réalisation, mais jamais ne s'éloignent du propre vécu de l'écrivain. À noter la particularité que le recueil se clôt par une « Nécrologie de l'écrivain » (la date de décès étant représentée par un point d'interrogation), illustrée par la photo sur page double d'une couronne de fleurs « À Michel Tournier », fanée et jetée au rebut sur une pile de détritus à l'orée d'un cimetière. Ainsi l'auteur y résume-t-il son oeuvre :
« Après de longues études de philosophie, il est venu assez tard au roman qu'il a toujours conçu comme une affabulation d'apparence aussi conventionnelle que possible, recouvrant une infrastructure métaphysique invisible, mais douée d'un rayonnement actif. » (p. 193).
Ce jugement représente une mise en abyme très précise – l'invisibilité en moins... le rayonnement, métaphore visuelle, assurément – du présent ouvrage, dont le titre lui-même est ainsi expliqué, dans le texte d'ouverture qui est éponyme du livre :
« Or ceci est hautement symbolique, car le monde entier n'est qu'un amas de clefs et une collection de serrures. Serrures le visage humain, le livre, la femme, chaque pays étranger, chaque oeuvre d'art, les constellations du ciel. Clefs les armes, l'argent, l'homme, les moyens de transport, chaque instrument de musique, chaque outil en général. La clef, il n'est que de savoir s'en servir. La serrure, il n'est que de savoir la servir... afin de pouvoir l'asservir. » (p. 8).

Photo-serrure, texte-clef, me paraît-il. Les deux composantes, par leur qualité, sont comparablement mémorables.
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