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Critique de Nastie92


Jean-Philippe Toussaint aime le football.
Le soir du 9 juillet 2006, il était dans le stade de Berlin lors de la finale de la coupe du monde.
Stupéfait, il assiste, avec tous les autres spectateurs au coup de tête de Zidane sur Materazzi.
Ou plutôt, comme tout le monde, il n'a rien vu en direct. Seulement la confusion qui a suivi puis l'expulsion dont chacun se souvient.
Il revient sur ces faits dans un très court texte qui m'a laissée sur ma faim.
Ce n'est pas sa brièveté qui m'a dérangée, des livres très brefs peuvent être lumineux.
C'est l'interprétation que l'auteur fait de ce geste tristement célèbre. Je la trouve tirée par les cheveux, et peu crédible.
De plus, l'ensemble manque de vie, comme si Jean-Philippe Toussaint avait manqué d'inspiration.
C'est vraiment dommage, parce que le sujet était riche.
Pour qui aime le football, cette finale de 2006 présente un véritable intérêt théâtral : les personnages, l'action, l'intensité dramatique.
J'ai profité de cette lecture pour revoir le moment du match en vidéo, et j'ai trouvé que le commentateur, en direct, avait mis de la vie dans ses réactions.
Tout d'abord, avec le ton qui monte : "Oh, Zinedine ! Pas ça, Zinedine ! Oh, non ! Pas ça ! Pas aujourd'hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait !"
Puis, tandis que Zidane sort du terrain : "Et c'est la dernière fois ! Il nous a fait tant rêver, il nous a donné tant de bonheur !"
Si un journaliste sportif a pu, à chaud, exprimer ainsi toute sa tristesse de fan effondré devant l'image de l'idole déchue, je me disais qu'un écrivain ayant pris le temps de la réflexion saurait tirer de ce fait de jeu quelque chose de percutant.
J'ai été déçue.
J'attendais nettement mieux de la part de celui qui avait écrit un texte bien plus intéressant dans la publication collective Football de légendes dans laquelle trente écrivains racontaient trente footballeurs européens légendaires.
Devinez qui Jean-Philippe Toussaint avait choisi... Zidane !
Voici ce qu'il en disait :

"Le soir de la finale de 1998, Zidane va marquer deux fois de la tête, et vous n'allez pas me dire que vous ne savez pas où vous étiez à ce moment-là. Tout le monde s'en souvient. C'est le sommet de la carrière de Zidane, il est adulé par la France entière, on n'a pas connu un tel enthousiasme depuis Voltaire. C'est le couronnement de Zidane à Saint-Denis ! Les vers de triomphe adressés à Voltaire à la Comédie-Française en 1778 s'appliquent d'ailleurs parfaitement à Zidane au Stade de France en 1998. Je ne change pas un mot. Je remplace simplement, poste pour poste, Voltaire par Zidane :

Aux yeux de Paris enchanté,
Reçois en ce jour un hommage que confirmera d'âge en âge
La sévère postérité.
Non, tu n'as pas besoin d'atteindre au noir rivage
Pour jouir de l'honneur de l'immortalité.
Zidane, reçois la couronne
Que l'on vient te présenter ;
Il est beau de la mériter,
Quand c'est la France qui la donne."

Ça a de l'allure, non ?
D'où ma déception.
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