Grace aux éditions de Minuit j'aurais fait l'acquisition d'un livre nommé Berceau (signé Éric Laurrent - magnifique) et maintenant
Football, de
Jean-Philippe Toussaint. Pour faire pire il faudrait au moins que j'achète une biographie de
Phil Collins ou un livre de Jean D'Ormesson (je plaisante, j'aime trop la vie).
Football alors... Toussaint nous prévient : "Voici un livre qui ne plaira à personne, ni aux intellectuels, qui ne s'intéressent pas au
football, ni aux amateurs de
football, qui le trouveront trop intellectuel. Mais il me fallait l'écrire, je ne voulais pas rompre le fil ténu qui me relie encore au monde." Heureusement, l'auteur se trompe - volontairement peut-être... ce livre s'adresse aux uns comme aux autres (la preuve par moi : je déteste le
football, où plutôt ce qui enrobe ce sport, le déforme, le rend hideux). Car oui, cet essai qui n'en ait pas vraiment un s'adresse aux bons lecteurs comme aux
footballeurs (et il doit y avoir pas mal de personnes qui rentrent dans ces deux catégories à la fois), qui apprécieront dans ce texte la qualité d'écriture de l'expérience vécue, du souvenir, le fait de lier le
football à l'enfance, à la liesse, à l'espoir et, évidement, aux voyages ; après tout, Toussaint est allé suivre des coupes du monde au Japon et en Allemagne et ses récits prennent alors une tournure presque ethnologique (surtout au Japon). Et puis, comme il le dit lui-même, "Je fais mine d'écrire sur le
football, mais j'écris, comme toujours, sur le temps qui passe." le
football est lié aux saisons comme aux émotions et à la mélancolie qui les accompagnent. Ainsi ce qui débute comme une tentative d'épuisement d'un sport populaire teinté d'un humour sensible, se mue très lentement en récit personnel qui passe par la lecture du magnifique
Survivance des lucioles de
Didi-Huberman et par l'évocation de la mort du père de l'auteur, deux "actions" remettant en question son devenir en tant qu'écrivain, affirmant aussi, comme un couperet, son possible désamour (ou plutôt désaffection?) du
Football.
Magnifique, de bout en bout.