Nevermoor, tome 1 : Les défis de Morrigane Crow

- Corvus et moi allons avoir un enfant.
Le silence se prolongea jusqu’à ce qu’un grand fracas du côté de la porte indique que la servante venait de laisser choir son plateau. Corvus essaya de sourire à sa femme, ce qui ressemblait plutôt à une grimace.
- Alors ? demanda Ivy. Vous ne me félicitez pas ?
- Ivy, ma chère, dit Grand-mère en adressant un sourire glacial à sa belle-fille. Cette nouvelle aurait peut-être été accueillie différemment dans des circonstances moins délicates. Par exemple, le LENDEMAIN du soir où mon unique petite-fille doit nous quitter tragiquement à l’âge de onze ans,

Comme à chaque fois que Morrigane ouvrait la bouche, ils se tournèrent tous vers elle, vaguement étonnés, à croire qu’elle était une lampe à laquelle il avait soudain poussé des jambes et qui s’était mise à faire des claquettes.

Une fois, elle avait entendu une servante murmurer que Grand-Mère était « un rapace féroce déguisé en vieille dame ». Morrigane était assez d’accord, mais savait apprécier sa cruauté lorsqu’elle n’en était pas la victime.

Serre bien ta ceinture, Morrigane Crow. Et quoi qu'il arrive, ne ferme pas les yeux.
- Qu'est ce qui se passe si je ferme les yeux ?
- Tu vas rater le spectacle.

Parfois, la seule solution, c'est une attaque de gélatine surprise.

Morrigane sentit bouillonner en elle une panique mêlée à une joie étrange. C’était sa seconde chance. Le commencement d’une nouvelle vie qu’elle n’avait jamais osé espérer. Allait-elle tout gâcher en se cassant les deux jambes, ses deux jambes maudites ? Ou, pire s’écrabouillerait-t-elle tout entière sur le trottoir ? Avait-elle trompé la mort lors du Merveillon pour mieux s’offrir au Matillon ?
Il n’y avait qu’une façon de le savoir.
Morrigane laissa le manteau de Jupiter tomber à ses pieds. Elle grimpa sur la balustrade et ouvrit son parapluie ciré de ses mains tremblantes. Surtout, ne regarde pas en bas. Elle manquait d'oxygène.
— À pieds joints ! chuchota Morrigane.
Puis elle ferma les yeux.
Et sauta.

J'ai remarqué que tu ne portes que ce tout petit ruban pathétique. C'est parce que tu as honte de soutenir un obèse qui aime entrer chez les gens par effraction et réduire les elfes en esclavage ?

-[...] quoi qu'il arrive, ne ferme pas les yeux.
-Qu'est-ce qu'il se passe si je ferme les yeux?
-Tu vas rater le spectacle.

Mais la peur lui agrippait déjà les entrailles, elle dansait la java dans ses organes. Une grande roue d’effroi tournait dans son estomac. Des éléphants de cirque valsaient et faisaient de sauts périlleux dans le reste de son tube digestif.

" Avant même l'arrivée du cercueil, les journalistes étaient là. Pendant la nuit, ils s'étaient peu à peu rassemblés devant le portail. A l'aube, une foule de gens les avait rejoints. A neuf heures, c'était noir de monde."