Je ne peux plus me passer de voiture puisque je ne peux plus marcher .
Alors je flâne en voiture comme je flânais jadis à pied.
Mais , vu de l'intérieur de cette coquille , le monde n'est plus le même ; il est à moitié vide .
P63
Avez vous remarqué que la vie ne se coupe pas en tranches ? Que ce n'est pas du gâteau ?
Déc 1961 P 153
Ils n'ont pas encore pris racine ici, ces locataires volants, ce n'est encore que du pollen.
Dans ma 2 CV, sur la route sans carrefours, je me remets de mes émotions. Je ris. Comme une folle, ont dû penser les gens qui me dépassaient et ne voyaient personne à côté de moi avec qui j'aurais pu rire normalement. Moi, je ne ris bien que toute seule, je n'ai pas les mêmes raisons de rire que les gens que je connais. Je n'ai pas de famille : la famille, ce sont les gens avec lesquels on rit des mêmes choses.
Parfois il me donne le cafard, surtout le lendemain de ses cuites, quand il m'arrive avec un teint de cendres, bourré d'aspirine et les vêtements plus fripés encore que d'habitude. Alors il se fait agressif et ses yeux sont de grosses araignées noires au milieu d'une toile de rides poussiéreuses. Je lui donne un petit verre d'alcool, tout de suite, dès l'arrivé : après, cela va mieux.
Je les avais mises dans un seau, tous les vases étaient trop petits. Tulipes, iris, narcisses, prunus... Il y en avait tant et tant, si belles, si fraîches, si tendres... Je suis allée chercher une housse en plastique pour veston dans l'armoire de Marc, mais le bouquet était de taille, il nous a fallu quand même couper les queues des prunus.
L'homme n'est peut-être pas aussi mauvais qu'on le présente. S'il cherche la gloire, le succès, ce n'est peut-être pas seulement pour dominer, avoir le dessus, mais par un besoin d'amour.