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Critique de hannah851


Partager un coucher de soleil en compagnie d'un jeune homme est inconvenant pour toute jeune fille anglaise du XIXème siècle, même pour Rachel Ray dont la bonne conduite, l'innocence et les valeurs sont irréprochables. Toutes ses qualités sont alors battues en brèche et remises en question par ses proches, parents et amis.

Antony Trollope narre ici une histoire d'amour entre deux êtres que tout opposent, la timide et réservée Rachel Ray, fille d'un clergyman et Luke Rowan, riche héritier d'une partie de la brasserie Bungall & Tappit au sein de la petite communauté de Baslehurst. Les personnages qui entourent ce couple d'amoureux forment un catalogue de caricatures du monde provincial britannique parfaitement croquignolesque. On lit avec délice les passages où interviennent la sévère et inflexible Mrs Prime, "grenouille de bénitier" et soeur de Rachel, le révérend évangéliste Mr Prong et ses tics faciaux, Miss Pucker, la vieille fille bigote ou encore Mrs Tappit la femme du brasseur, mère poule et entremetteuse à ses heures... Si Trollope s'amuse à caricaturer la dévotion, la cupidité et les valeurs conservatrices de ce petit monde, il réussit également à dresser un tableau de la vie provinciale où la politique, les affaires et les plaisirs du monde sont étroitement entremêlés.

La lutte entre Rowan et Tappit pour la direction de la brasserie témoigne de la révolution industrielle qui a eu lieu dans le tournant des années 1850 où la production doit s'adapter en prenant en compte de nouvelles données comme la chimie. Cependant Trollope montre aussi la part active que l'homme joue dans la société contrairement à la femme. Alors que Rachel est assignée à résidence, Luke Rowan s'occupe de ses affaires en voyageant aux quatre coins de l'Angleterre. Cependant certaines femmes apparaissent dans le roman plus libres mais elles le doivent à leur relative indépendance financière. Contrairement à sa soeur, Rachel apparaît au lecteur comme soumise aux règles de la société qui l'empêche d'exprimer ses sentiments et lui dictent une conduite qu'elle réprouve mais ne peut braver. L'épisode de la lettre qu'elle écrit à Luke Rowan est édifiant sur ce sujet. Ses émois sentimentaux et ses différentes attitudes sont décrits avec force de description qui sont étonnantes pour un écrivain masculin de cette époque.

Un roman à découvrir pour sa plongée au coeur du quotidien des femmes du XIXème siècle en Angleterre où la lenteur et la banalité des tâches confèrent au roman tout sa saveur et son charme...
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