Bouffer le nez de quelqu’un, au sens le plus littéral du terme, était une manière acceptable de manifester sa jalousie. Au début, j’avais cru que le nombre important de personnes affligées d’un nez tronqué était dû à la lèpre, mais non, en réalité, c’était juste le signe d’un tempérament jaloux. Les hommes bouffaient le nez des femmes et vice-versa. Cela n’entraînait pas nécessairement la fin de leur histoire d’amour. Les couples dépourvus de nez n’étaient pas rares aux Kiribati.
A Tarawa, le contrôle canin prenait la forme d’une tournée irrégulière effectuée par un employé de la fourrière armé d’un long bâton et d’un nœud coulant. La tournée en question ne remédiait en rien au problème canin de Tarawa. Elle n’était pas faite pour ça, d’ailleurs. Les chiens capturés servaient à nourrir les prisonniers
Sans bière, la vie sur cet atoll ne valait pas la peine d'être vécue.
Les grands pays excellent dans l'art d'offrir des mots doux, des odes charmantes à la sensibilité environnementale, des hommages aux récoltes durables, des haïkus à la gloire de la nature - mais les appétits refusent de se laisser décourager.
Il est fort probable que nous ne saurons jamais avec certitude d'où sont venus les premiers I-Kiribati, ce qui a incité les partisans des croyances new age à penser qu'ils étaient arrivés d'une autre galaxie. La chose me paraît peu crédible. Il suffit de penser à Air Kiribati. Quiconque a passer plusieurs mois coincé sur une des îles extérieures, en attendant que le wanikiba ("pirogue volante") soit réparé, trouvera inconcevable que le peuple responsable d'Air Kiribati ait jadis su maîtriser les voyages intergalactiques.
Cette femme était la ville de Washington personnifiée : une bureaucrate dépourvue d'humour, faite pour mener les gens à la baguette, orientée exclusivement vers les résultats, forte de sa longue expérience à l'Agence américaine pour le Développement international, dont les fonctionnaires sont surtout connus pour leur aptitude à passer d'ambassade en ambassade, à bord de luxueuses limousines, afin d'assister à une succession de cocktails mondains, et à faire pleuvoir des chèques de plusieurs millions de dollars sur les dictateurs malléables.
Il est dans la nature des livres tels que celui-ci - du genre récit de voyage, mâtiné d'aventure, d'humour et de souvenirs - d'invoquer une quelconque raison en guise de force motrice, d'irréprochable motivation à l'origine de cet étrange périple... Et, cela ne rate pas, l'auteur ressort de son expérience un peu plus sage, un peu plus bienveillant, un peu plus tourné vers la vie spirituelle et mieux à même d'apprécier l'interconnexion des choses.