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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce titre magnifique qui bouscule Camus avec grâce est le premier échantillon du talent de Virginie Troussier. Ce récit est celui d'une passionnée mais aussi d'une écrivaine qui transforme la lecture en une expérience sensorielle et émotionnelle rarement vécue. Capable de décrire et de transmettre la moindre sensation. Par le regard qu'elle pose sur les hommes. Par sa fine appréhension de l'univers dans lequel ils sont plongés. Par son envie de donner à ressentir plutôt que de raconter. Faut-il être amateur d'alpinisme pour savourer ce livre ? Je ne le suis pas et pourtant j'ai vibré, frissonné. Il suffit d'apprécier l'idée de l'exploit sportif, de la passion vécue pleinement. Et quand même d'aimer un peu la montagne. Mais le propre de l'écrivain est de parvenir à vous transporter dans des univers qui ne vous sont pas familiers. Et quand on a goûté à l'écriture de Virginie, comme ce fut mon cas la première fois avec Pendant que les champs brûlent, on la suit dans tous ses périples, fut-ce pour atteindre le sommet du Mont-Blanc.

En ce mois de juillet 1961, deux groupes d'alpinistes ont la même idée : profiter d'une fenêtre météo favorable pour s'attaquer à la dernière voie d'accès au Mont-Blanc encore vierge : le pilier central du Frêney, "la plus haute escalade d'Europe, le dernier rempart du Mont-Blanc, le "dernier problème des Alpes", qui excite l'élite de l'alpinisme européen". le premier groupe est italien, mené par Walter Bonatti qui connait le massif par coeur pour y avoir ouvert des dizaines de voies et tracé maints itinéraires. Il est accompagné de Roberto Gallieni (son client) et Andrea Oggioni, compagnon de nombreuses cordées. le second groupe est français, mené par le chevronné Pierre Mazeaud entouré de Pierre Kohlmann, Antoine Vieille et Robert Guillaume. Tous sont expérimentés, organisés, prévoyants. Les deux groupes se rencontrent au refuge de la Fourche et décident de coopérer pour tenter d'accomplir cette première. La photo du bandeau de couverture montre les quatre français, la veille du départ, heureux, confiants. Trois d'entre eux ne reviendront pas. Au moment d'attaquer l'escalade de la dernière partie du pilier, les sept alpinistes vont être victimes d'un orage dantesque, pris au piège de ce pilier qui est "le plus bel arc-boutant du "Toit de l'Europe", la dernière verticale du ciel des Alpes. Il est coiffé par la Chandelle, un obélisque massif de granit rouge : un paratonnerre. Quand l'orage éclate sur le versant italien du Mont-Blanc, la foudre frappe ici, fatalement". Ce n'est pas pour rien que le pilier central est "l'obstacle ultime".

Jour après jour, nuit après nuit, Virginie Troussier nous fait vivre d'abord la préparation, la beauté de l'avancée dans des paysages grandioses, l'allégresse de la montée vers l'exploit, puis l'enfer de ces hommes, entraînés et aguerris mais confrontés à une violence des éléments totalement imprévue. Il est en principe exclu qu'à cette période de l'année un orage dure plus d'une journée. Et pourtant. le vent glacial qui fouette les corps pendant des heures interminables, les flocons qui recouvrent tout et noient les repères, la foudre qui fera griller l'appareil auditif de l'un des hommes, les organismes soumis à une épreuve que le commun des mortels ne supporterait pas plus de quelques minutes. Au milieu émerge la figure de Walter Bonatti, d'une constitution et d'une résistance hors normes, travaillée pendant des décennies. Un colosse qui jette toutes ses forces dans la bataille et tente jusqu'au bout de ramener tous ses compagnons vivants. Puis vivra le restant de ses jours avec le poids des quatre disparus.

Dans ces pages, la montagne est belle et cruelle, les hommes qui s'y aventurent le font avec une humilité qui ne suffit pas toujours à les faire revenir. Et ceux qui reviennent tels Mazeaud et Bonetti finissent par comprendre que "seuls les lieux restent à la fin, à la fin de tout, ils continuent, ils persévèrent avec les âmes de ceux qui les ont traversés, ceux qui y sont restés". La parole est aux vivants, encore emplis du souvenir de ceux qui ne sont pas rentrés. Et les pages qui s'inspirent de l'entretien entre l'auteure et Pierre Mazeaud, toujours en vie, sont sublimes dans ce qu'elles disent des joies et des chagrins mêlés, emprisonnés dans un même souvenir, celui de l'amitié et de ces "heures passées à tutoyer la vérité d'un être, d'un paysage".

Ce que nous raconte Virginie Troussier, c'est la fulgurante beauté d'une aventure humaine. Et c'est à pleurer d'émotion.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Participer à une Masse Critique Babelio, c'est prendre le pari exaltant de tomber soit sur un os, soit sur une pépite que les ornières de certaines habitudes de lecture auraient pu vous faire manquer. Avec son titre sublime, qui n'usurpe en rien ses origines camusiennes, et la radieuse photo en noir et blanc de son bandeau de couverture, il ne pouvait que retenir mon attention, précédé qu'il était des chaudes recommandations de l'un de mes phares de la blogosphère, Nicole Grundlinger. Et quelle pépite, en effet, arrachée à la plus haute de nos montagnes, à la lueur vacillante de l'existence de ses derniers conquérants par Virginie Troussier, journaliste et écrivain dont la plume, aussi assurée et gracieuse que le pas d'un marcheur aguerri sur un sentier alpestre, mène son lecteur sans faillir sur les traces de cette cordée mortelle.
L'histoire commençait bien, pourtant, et aurait pu être si belle. Deux groupes d'amis, alpinistes de toujours, passionnés, lucides, raisonnables, au meilleur de leur forme et de leurs aptitudes, tous reconnus par leurs pairs pour leurs indéniables talents de grimpeurs, tous prêts à en découdre respectueusement avec le Mont-Blanc pour lui arracher son dernier secret, résoudre son « dernier problème » : atteindre son sommet par le pilier central du Frêney. Ils partent chacun de leur côté de montagne, les Italiens Andrea Oggioni et Roberto Gallieni, guidés par Walter Bonatti, une pointure. Les Français, Pierre Kohlmann, Antoine Vieille et Robert Guillaume derrière Pierre Mazeaud. Réunis par les hasards de la grimpe et de leur projet dans le dernier refuge avant l'ascension, dans un magnifique esprit sportif, ils décident de partager et leurs pas, et leur expérience, et l'exploit à venir. de ces dernières heures euphoriques et fraternelles sous le magnifique soleil de ce mois de juillet 1961, il reste l'éclat de leurs sourires posés en noir et blanc sur des photos que certains ne verront jamais. Il reste également, désormais, grâce au magnifique récit qu'en fait ici Virginie Troussier à mots comptés, à mots posés avec une justesse infinie, le plus vibrant des hommages à leur souvenir et à leur courage.
Merci à Babelio, aux éditions Guérin…et à Nicole !! pour cette formidable découverte !
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Juillet 1961, quatre français et trois italiens se retrouvent à la cabane refuge de la Fourche située sur les parois du toit de l'Europe : Pierre Mazeaud, Pierre Kohlmann, Antoine Vieille, Robert Guillaume, Walter Bonatti, Andrea Oggioni et Roberto Gallieni. Ensemble, le soir du 9 juillet, ils décident d'unir leurs rêves et leurs forces pour conquérir ce qui n'a jamais encore été fait : le pilier central du Fréney, 700 m de roche s'élevant comme une cathédrale vers les cieux savoyards. Ils partirent à sept, ne revinrent que trois.

Même pour les plus jeunes, tous étaient des alpinistes confirmés et prudents, l'union faisant la force, deux figures allaient agir comme un catalyseur de motivation, Pierre Mazeaud et Walter Bonatti . Mais cet été là, une terrible dépression météorologique s'abattit en Europe : immense tempête en Atlantique faisant une soixantaine de morts parmi des marins espagnols et en Bretagne une lutte de tous les instants pour retrouver les disparus. Dans les Alpes, le temps semble au beau fixe, les bulletins météo sont rassurants. Pourtant de terribles orages vont sévir pendant plus de 48 heures sur le massif du Mont-Blanc transformant le rêve en cauchemar.

Malgré ce drame, qui hélas n'est pas unique, ce récit est un hymne à la vie et comme le soulignait Jean d'Ormesson « Il y a quelque chose de plus fort dans la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Virginie Troussier, dans une écriture grimpant sur les cimes de la beauté, met toute son âme pour rendre hommage à ces combattants de l'impossible, à ceux qui ont envoyé leur dernier souffle dans la neige et la glace et à ceux qui ont pu sortir des griffes des intempéries pour ensuite raconter l'inénarrable.

Ce livre est un roc, si intense qu'on en viendrait à en trembler en espérant que chacun arrive sain et sauf à Chamonix bien que l'on sache que la Grande Faucheuse a emporté Antoine Vieille, Robert Guillaume, Pierre Kohlmann et Andrea Oggioni.

L'homme ne peut rien contre les éléments qui se déchainent mais dans cette violence, la journaliste littéraire arrive à glisser des pages oniriques, à accrocher des pitons de poésie et à poser son regard sur chacun des protagonistes comme si elle avait vécu avec eux ce radeau de la Méduse version montagnarde. Virginie ne raconte pas, elle hume, elle ressent, du rayon de soleil qui convertit la glace en joyaux adamantins au foudroyant tonnerre aveuglant toute remontée ou descente.

De longues voies sont consacrées à Walter Bonatti et à Pierre Mazeaud avec une saine explication sur leur comportement irréprochable bien que certains ont tenté au moment des faits de leur trouver une responsabilité, la vox populi ayant parfois une tendance bien amère à honorer les rescapés… Pourtant, cette équipée était soudée, ils regardaient tous dans la même direction dans l'espoir de vaincre l'inaccessibilité. Par ces pages, l'écrivaine donne une victoire aux sept alpinistes : celle d'avoir remporté la cordée de l'amitié.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Ils sont sept. Quatre Français, trois Italiens, qui s'allient pour entamer la montée du Mont-Blanc via le pilier central du Fréney, un beau jour de juillet 1969. Nulle compétition entre eux, ils vont oeuvrer ensemble pour parcourir cette voie encore intacte. Ils partent donc confiants, la météo est bonne, ils seront au sommet en trois jours. Mais c'est sans compter avec un orage imprévu, une véritable tempête qui va durer plusieurs jours et mettre à mal l'expédition dont ne reviendront que Pierre Mazeaud, Walter Bonatti et Roberto Gallieni.

Ces sept hommes ne sont pas des débutants. Certains sont même des alpinistes reconnus internationalement, et tous sont chevronnés, avec une grande expérience de la haute montagne. Aux premières salves de l'orage, ils vont ce qu'ils savent faire, éloignent toutes les pièces métalliques et attendent l'accalmie. Mais elle ne vient pas : l'orage frappe, encore et encore, interminablement, fait chuter les températures d'un gel habituel à cette altitude de 4500 mètres à un froid descendant sous les -20°. Et c'est un véritable enfer qui va durer sept jours, conduisant la cordée à prendre la douloureuse décision de redescendre, dans des conditions dantesques, avec, au fur et à mesure de leur progression aveugle et trébuchante, ceux qui tombent, d'épuisement, de faim et de froid. le récit, relaté avec une précision glaçante par l'écrivain et journaliste Virginie Troussier, nous mène au coeur même du drame, reconstituant pas à pas, rappel après rappel – il en faudra 50 au total pour revenir au refuge du départ – les circonstances de cet événement tragique pour lequel les survivants ont dû rendre des comptes. Les rescapés sont ceux que leurs compagnes attendaient, c'est sur cette note, et l'idée que les morts restent encore un peu là, au côté des vivants, pour alléger le poids de la culpabilité de s'en être sorti, qui clôt un récit magnifique malgré la tragédie. Un récit qu'on lit comme une sorte de thriller avec le décompte des jours et des nuits dans la tempête, servi par une langue magnifique qui sait restituer la poésie effrayante et grandiose de la haute montagne.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Juillet 1961, une tempête d'une violence extrême traverse la France tuant plusieurs fois sur son passage et n'épargne pas le massif du Mont Blanc, contredisant totalement les prévisions météo.

C'est pourtant sur la base de ces prévisions erronées que deux cordées d'alpinistes se sont lancées à l'assaut du pilier central du Freney, sur la face sud du Mont Blanc, pour ce qui doit être une première.
Une cordée de 3 italiens et une autre de 4 français qui se retrouvent par hasard dans un refuge et décident finalement d'unir leurs forces.
Ils ne reviendront pas tous vivants.

Et même si on connaît l'histoire qui avait fait la une des journaux, Virginie Troussier nous fait vivre cette histoire d'amitié et de montagne de l'intérieur, avec talent, et on retient son souffle du début à la fin.

J'aime vraiment ces récits de montagne, même si je me questionne toujours un peu sur les motivations de ces hommes et femmes prêts à mettre en jeu leur vie pour une première, un nouveau défi personnel. On a froid et peur avec eux. On observe avec curiosité comment et pourquoi les plus solides d'entre eux soutiennent ceux qui flanchent après plusieurs nuits en altitude, dans cette tempête dantesque.
La montagne est ici hostile, effrayante, tueuse et pourtant les survivants repartiront très vite vers de nouveaux défis. Allez comprendre !
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Ayant vécu la disparition d'un ami lors d'une ascension en 2014, ayant vécu ( à mon modeste niveau) cette forme de peur, de froid, d'altération du jugement, puis de début de folie d'une disparition en direct et sous mes yeux, je trouve que l'auteur pose ces sujets avec une sensibilité hors du commun.

C'est une écriture remarquable dotée d'un véritable souffle épique et la découverte d'une plume peu commune qui oscille entre la beauté et le grandiose mais surtout une bienveillance infinie vis à vis des protagonistes du drame du Freney.

Sous nos yeux, la tragédie se noue mais n'est pas totale grâce à l'héroïsme tranquille de Bonatti, véritable récif dans cette tempête qui manque de peu de les emporter tous.

Quelle écriture... quelle finesse et quelle retenue..
A lire. A tous égards !
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Avec une plume délicieuse Virginie Troussier va nous conter le récit dramatique de sept alpinistes aguerris. Deux groupes d'amis, un groupe de Français mené par Pierre Mazeaud et un groupe d'italien mené par le célèbre Walter Bonatti. Ils vont profiter d'une fenêtre de beau temps au coeur de l'été pour vaincre le pilier central du Frêney sur le Mont-blanc italien à Courmayeur.

Les deux groupes se rencontrent par hasard au refuge de la Fourche et d'un commun accord ils décident de faire l'ascension ensemble. Une ascension pendant laquelle la météo va tourner au cauchemar, et où ils vont se retrouver pris au piège dans un orage dantesque et complètement imprévisible en cette saison. On va les suivre pendant les jours d'approche et la préparation de cette ascension ainsi que la semaine que va durer leur redescente qui va coûter la vie à quatre d'entre eux.

Cela fera 60 ans cet été que cette catastrophe a eu lieu, et avec ce récit Virginie Troussier leur rend un très bel hommage, car je vous garantis qu'une fois la première page tournée il vous sera impossible de reposer cet ouvrage !
La plume de l'auteure est magnifique et très immersive, elle raconte avec passion, jour après jour ce qu'ont pu subir ces hommes. On souffre avec eux, on a froid et peur pour eux. La description des paysages du massif du Mont-Blanc est juste époustouflante.

En seulement 110 pages, Virginie Troussier a réussi à m'immerger dans un monde qui m'ait complètement inconnue ( l'alpiniste), et elle m'a fait vibrer. le récit de cette tragédie est juste incroyable de réalité. J'ai suivi avec passion, mètre après mètre, la progression de cette cordée vers le sommet, puis pas après pas sa redescente dans la tourmente.
C'est beau, dur, émouvant, dramatique et magnifique à la fois. On est parcouru par une pléthore d'émotion durant cette lecture. La relation entre les 7 amis est très émouvante.

J'ai été étonnée de découvrir qu'il y a 60 ans, les médias étaient déjà à l'affut de scoop, de sensationnel, car cet événement a été ultra médiatisé.

Ce texte est accompagné de quelques photos de l'époque, c'est touchant de voir le groupe avant son ascension en sachant ce qu'y va leur arriver

Au milieu de l'été, un invincible hiver de Virginie Troussier est un livre que je vous recommande très fortement.
Lien : https://www.lespassionsdechi..
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